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Si l’Amérique veut devenir une Europe comme les autres, son prochain président devra lui permettre de se rapprocher de la Chine
©Reuters

Bonnes feuilles

Où en est l'Amérique en 2016 ? Pourquoi semble-t-elle être prête à basculer dans tous les excès ? L'élection présidentielle annonce-t-elle une nouvelle page de son histoire politique ? L'enjeu de cette campagne sera de déterminer quelle sera la nature de ces changements et quelles seront les conséquences de la victoire d'un camp ou d'un autre. Extrait de "La nouvelle révolution américaine" d'Olivier Piton, aux éditions Plon 2/2

Olivier Piton

Olivier Piton

Olivier Piton est avocat spécialisé en droit public français, européen et américain. Il a collaboré auprès de trois ambassadeurs de France aux Etats-Unis sur les questions liées aux affaires publiques et aux relations gouvernementales. Il a créé et dirigé la cellule de stratégie d’influence de l’ambassade de France à Washington DC de 2005 à 2010. Il est le président de la Commission des Lois à l’Assemblée des Français de l’Etranger. Il est l'auteur de La nouvelle révolution américaine : la présidentielle américaine à la lumière de l'histoire (Plon, mai 2016).

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L’Amérique devient une Europe comme les autres

La présidence de Barack Obama aura consa‑ cré le réajustement des intérêts stratégiques des États-­Unis de l’Europe vers l’Asie. Entre autres défis, les successeurs de Barack Obama devront relever celui de la relation avec la superpuissance chinoise. Ce regard tourné vers l’Asie, sa vitalité et sa croissance explique aussi pourquoi l’Europe n’est plus que la seconde moitié de l’Occident. Paradoxalement, si l’Amérique se rapproche de l’Europe, c’est également parce que cette der‑ nière n’est plus une terre d’enjeu, de conflit ni de conquête. Après la chute du mur de Berlin, le rapprochement Amérique-­Europe était une évidence –  y compris métapolitique  – à plus ou moins long terme ; après la fin de la guerre froide, le nouveau théâtre de tensions se déplace en Asie.

La « banalisation » de l’Amérique, sa pro‑ pension à ne devenir qu’un pays comme les autres, va de pair avec une Europe qui a, de son côté, également perdu ses illusions fondatrices. Lorsque furent jetées les bases de la construc‑ tion européenne, le rêve des pères fondateurs était de « bannir la guerre », de bâtir un sys‑ tème de relations internationales reposant sur la loi, l’équité et le dialogue entre les peuples ; une « diplomatie des grandes conférences », du consensus, de la concorde et du respect des spé‑ cificités de chaque pays. Cette Europe adepte de la norme, pacifiste, mais protégée par le para‑ pluie nucléaire américain, entre brutalement de nouveau dans l’Histoire lors de la chute du mur de Berlin en 1989, qui l’oblige à penser sa rela‑ tion avec les marches de l’Est européen, et même au-­delà, et à s’interroger sur son identité réelle. Elle se trouve littéralement propulsée au cœur de l’Histoire tragique une seconde fois, sous les attaques des djihadistes, d’abord à Madrid en 2004, à Londres en 2005, puis à Paris en 2015. L’incapacité des chancelleries européennes à s’accorder sur le terrorisme, la crise migratoire, y compris européenne, la menace des irréden‑ tismes nationaux, qu’ils soient internes aux pays européens comme en Flandres, en Écosse ou en Catalogne, ou bien externes comme le « Brexit » de la Grande-­Bretagne, explique en grande par‑ tie la frustration des opinions publiques. Celles-­ci sanctionnent l’absence de réponse de leurs diri‑ geants et versent de plus en plus ouvertement, au gré des élections, vers un populisme de gauche ou de droite. Toute la question est, aujourd’hui, de savoir si l’Europe va se résoudre à accepter la violence des tensions internationales et le tra‑ gique de l’Histoire, qu’elle avait si bien su igno‑ rer pendant plus d’un demi-­siècle, et à en tirer les conclusions, par exemple par une législation fixant toujours davantage de limites à la liberté, ou par un réarmement substantiel du continent.

Le mouvement de convergence entamé entre l’Amérique et l’Europe signe la fin de la période universaliste. Le fait nouveau du xxie   siècle est que ni les États-­Unis ni l’Union européenne ne sont désormais en mesure d’adresser un mes‑ sage hérité des Lumières, célébrant la raison, la tempérance, les droits de l’individu. Que cette incapacité soit voulue ou subie, elle clôt une période où l’Europe comme les États-­Unis « par‑ laient » au monde et délivraient un message qui se voulait universel et non pas confiné à l’Occi‑ dent seul. Ce basculement historique ne signifie pas que l’Occident n’a plus de valeurs propres à transmettre ; mais il signifie que transmettre ces valeurs ne va plus de soi, que la supériorité morale et idéologique occidentale a cessé d’être une évidence.

Extrait de "La nouvelle révolution américaine", d'Olivier Piton, aux éditions Plon. Pour acheter cet ouvrage, cliquez ici

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