Sexy plombiers ou maçons : la Génération Z s’intéresse de plus en plus aux métiers manuels<!-- --> | Atlantico.fr
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Poussée par le scepticisme quant au coût et à la valeur des diplômes, la génération Z se tourne de plus en plus vers des carrières professionnelles.
Poussée par le scepticisme quant au coût et à la valeur des diplômes, la génération Z se tourne de plus en plus vers des carrières professionnelles.
©Sabian Mahmud / Pexels

Rapport au travail

Poussée par le scepticisme quant au coût et à la valeur des diplômes, la génération Z se tourne de plus en plus vers des carrières professionnelles. À tel point que sur TikTok, les publications avec le hashtag « electrician » ont augmenté de 77 % au cours des quatre premiers mois de l’année.

Véronique Reille Soult

Véronique Reille Soult est présidente de Backbone Consulting, spécialiste de la gestion de crise et de l'analyse de l'opinion. Elle a notamment publié "L'ultime pouvoir - La vérité sur l'impact des réseaux sociaux" (2023) aux éditions du Cerf.

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Atlantico : De plus en plus d'influenceurs s'emparent de métiers dits manuels, comme ceux de la plomberie ou de la maçonnerie. Comment expliquer l'attrait que ces métiers, autrefois un peu ringardisés, semblent aujourd'hui générer ? Qu'est-ce que ce phénomène dit, peut-être, de notre rapport au travail ?

Véronique Reille-Soult : Les aspirations professionnelles évoluent régulièrement et ce depuis toujours. Cependant le Covid a marqué un tournant très important, particulièrement chez les jeunes. Métiers essentiels ou non essentiels, rapport au temps et aux autres modifiés, envie d’indépendance et de maitrise de ses décisions professionnelles, mais surtout recherche de sens. Les métiers de l’artisanat répondent parfaitement à ces attentes et besoins. Entre observation du réel et témoignage du vécu le regard sur ces métiers à non seulement évolué mais ils deviennent de plus en plus « hype ».

Quel est l'impact des réseaux sociaux sur la perception que nos jeunes nourrissent concernant le monde du travail ? Faut-il penser que le "fantasme" qui est aujourd'hui en train de se créer autour de la figure du plombier "sexy" ou du maçon dont le travail a du sens est réaliste ou faut-il craindre, pour certains de ces jeunes, une certaine forme de désillusion ?

Le succès des comptes témoignages au quotidien de la vie d’artisans ou de professionnels sur le terrain sont la démonstration de l’intérêt montant des jeunes pour ces métiers. Principalement sur tiktok, les vidéos sont partagées en boucle et en masse. Cet « engagement » au sens où on l’entend sur les réseaux sociaux (commentaires, partages, likes) est signe d’un premier pas vers l’adhésion puis la conversion. La nature des commentaires en témoigne. Certes pour une petite partie des jeunes c’est une désillusion par rapport au système et aux repères professionnels actuels. Mais pour la grande majorité ce sont surtout des solutions à leur quête de sens. Des métiers qui apportent indépendance, rémunération et liberté. Bien évidemment l’image projetée d’une profession est toujours en décalage avec la réalité, mais ce décalage n’est pas à craindre car nombre d’apprentis ou d’alternant partagent leur satisfaction dans le réel.

Certaines entreprises anglo-saxonnes ou américaines ont, explique le Wall Street Journal, décidé de procéder à des partenariats avec les influenceurs qui contribuent à modeler l'idée que d'aucuns peuvent se faire des métiers manuels. Dès lors, faut-il parler d'une opération de communication réussie plutôt que d'un phénomène "naturel" ou "organique" ?

On pourrait plus parler d’un mouvement naturel qui est aujourd’hui structuré et organisé. On pourrait parler de récupération mais je pense que le terme appropriation est plus juste. Ces entreprises ont perçues le potentiel de ces influenceurs et ont tenté de le structurer.

Quelles sont les professions qui, à l'inverse, souffrent de la représentation qui est aujourd'hui faite de leurs missions ?

C’est assez variable selon les pays mais globalement pour les jeunes ce n’est pas tant un métier qu’un statut qui est rejeté voir refusé. La représentation du job idéal est un job qui : demande une formation souple et peu onéreuses, qui permet de bouger et d’être indépendant, qui est souple et permet de s’adapter aux moments de vie, qui a du sens pour soi et pour les autres, qui est bien rémunéré. Ces projections sont partagées en ligne et deviennent des critères de plus en plus importants. Nous sommes loin de la fierté d’appartenir à une entreprise pour y faire toute sa carrière !

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