Sécurité, ce bilan si lourd à porter pour Emmanuel Macron<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse avec Gérald Darmanin à l'hôtel de ville de Tourcoing, le 2 février 2022
Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse avec Gérald Darmanin à l'hôtel de ville de Tourcoing, le 2 février 2022
©LUDOVIC MARIN / AFP

Bilan négatif

Lutte contre la criminalité, violence sociale, trafic de stupéfiants ... Selon un sondage du Figaro du 7 février, une grande majorité de français sont mécontents du bilan sécuritaire d'Emmanuel Macron

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Lutte contre la criminalité, en général - Les Français sont mécontents du quinquennat Macron (Le Figaro, 7/02/2022) :

- Maintien de l’ordre (mauvais, très mauvais) : 65% des Français

- Agressions des personnes (mauvais, très mauvais) : 71% des Français

- Vols et cambriolages (mauvais, très mauvais) : 68% des Français

Un symptôme de l’impunité du crime organisé : « forte hausse des règlements de comptes en France en 2021 », + 46% sur 2020. En 2021, ± 80 assassinats (entre malfaiteurs) en France, dont 40% dans les Bouches-du-Rhône et à Marseille. 

En France, la violence sociale s’aggrave - Dans les nombreux quartiers hors-contrôle et alentours, parfois jusqu’au centre des villes, y compris moyennes, des bandes ou meutes ravagent leur environnement, véhicules brûlés, pneus crevés, trafics dans les rues, incendies de conteneurs à ordures et de mobilier urbain, rodéos nocturnes, agressions et menaces de passants, etc. Côté rodéos, « ils sont, sur le terrain, toujours aussi nombreux », notamment dans les « quartiers sensibles » du Nord, de la Seine-et-Marne, du Rhône, de la Gironde et de l’Isère.

Aussi, multiplications des squats et des bidonvilles, souvent criminogènes,

Enfin, dans la « zone gendarmerie » (villes moyennes et campagnes), le nombre des « coups et blessures volontaires » et des cambriolages, s’aggrave chaque année.

Lutte contre le trafic de stupéfiants - Sondage de la Commission européenne (été 2021) : 76% les Français considèrent le trafic des stupéfiants comme un problème grave et qui empire. Dans l’UE, les Français sont les 2e plus inquiets à ce sujet. Le 7 février 2022 (dans Le Figaro), les sondés estiment « mauvais/très mauvais » le bilan du quinquennat Macron en matière de drogues, à 73%.

Vanté par M. Darmanin et la préfète de police de Marseille, le « pilonnage » des lieux de trafics (ou « fours ») est futile. Exemples récents : pour les policiers de terrain, Saint-Ouen (93), est un « four » à ciel ouvert. La police y passe, les dealers restent. On en arrête un ? « 30 minutes plus tard, dit un flic de base, un autre prend sa place ». [Autre policier] « Les lieux de deal se reconstituent dès le lendemain. Ils n’hésitent pas à nous cracher au visage ». Fin 2021, « coup-de-poing » contre un gros « four » de Seine-Saint-Denis. Le lendemain, dit un voisin : « Y’a déjà des gars qui sont revenus ; c’est comme les cafards ». Les Narcos se moquent tant de l’Intérieur qu’ils font à présent la publicité de leurs « fours » sur les réseaux sociaux, avec adresse et heures d’ouverture.

Même agitation factice pour la répression de la prostitution des mineures. Le patron d’un hôtel du Neuf-Trois : « Quand la police vient, ça se calme pendant une ou deux heures. Mais les proxénètes reviennent toujours et sont très menaçants ».

Marseille « laboratoire de la sécurité du gouvernement » - Échec sévère. Malgré les visites constantes de MM. Macron, Castex et Darmanin, les règlements de comptes s’y poursuivent imperturbablement dans les quartiers nord hors-contrôle, où le prix des doses de drogue n’augmente pas, cet indice prouvant seul que le « pilonnage » fait mal aux dealers. En outre : cambriolage (logements) à Marseille, de 2017 à 2021 : + 13% ; violences dans l’espace public, + 10%.

Toujours plus de ces infractions qui exaspèrent les Français

- Les vols par ruse ou « à la fausse qualité », surtout aux domiciles de gens âgés, explosent. Ils sont d’abord le fait de nomades, mobiles, agissant dans plusieurs pays d’Europe et peu réprimés.

- Siphonage de carburant par des gangs allogènes : poids-lourds, pipe-lines, cuves, réservoirs d’engins de chantier, de tracteurs, d’autobus ; dans des stations-services - voire braquages de camion-citerne : forte hausse. Dans l’Ain, plus de cent plaintes en janvier-février 2022.

- Vols des pots catalytiques des véhicules (contenant un peu de palladium & rhodium, métaux précieux). Des gangs des pays de l’Est déplacent ou retournent les véhicules et scient les pots. Des dizaines de plaintes dans chaque département, notamment dans l’est de la France.

- Cambriolages en série (Géorgiens, Albanais, faux « Mineurs isolés »). Nouvelle technique : ils cisaillent les câbles électriques des portails et garages pour pénétrer les domiciles ; ce, partout en France désormais.

- Pillage des chantiers du bâtiment-travaux-publics et vol de métaux, d’outils onéreux, etc. Cas les plus fréquents : les quartiers nord de Marseille et alentours dans les Bouches-du-Rhône.

- Vol en série dans les fermes et élevages : agneaux, chevreaux, poules, etc., par des nomades. En un an, pour la seule Loire-Atlantique : 340 vols d’ovins, chez des éleveurs modestes, incapables de financer de lourds systèmes protecteurs, à l’échelle d’une ferme.

Tricheries et falsifications du ministère de l’Intérieur

Promesses de renforts de policiers sur le terrain : Seine-Saint-Denis (« Rapport sur les moyens de l’État dans le 93 »). Malgré les promesses de M. Darmanin, le département passant de 1,5 million à 1,63 million d’habitants, il y avait en 2007 un policier pour 358 habitants ; en 2021, un pour 457. Côté cadres de la police, (dans le 93, toujours) en 2007, 273 commissaires et officiers ; en 2021, 138. Toutes fonctions confondues, - 15% de policiers dans le département, de 2007 à 2021.

Résultats dont M. Darmanin se vante tant : en fait, des « Infractions révélées par l’action des services » (IRAS). L’Intérieur ne mesure plus la criminalité en France, mais son propre boulot ! Comme si le médecin prend sa propre température et non pas celle de ses patients - et se réjouit ensuite de leur bonne santé...

Les statistiques de l’Intérieur reposent sur « L’État 4001 », formulaire que tout commissariat ou gendarmerie remplit à chaque infraction constatée, « zone police » comme « zone gendarmerie ». S’agissant des cambriolages, cet état 4001 comporte quatre lignes :

- Ligne 30 : lieux d’habitations, (appartement, etc.),

- Ligne 31 : locaux industriels, commerciaux ou financiers,

- Ligne 32 : autres lieux (maisons de campagne, hangars agricoles, locaux administratifs, etc.).

- Ligne 35, entrée par ruse (sans effraction).

Avant les années COVID, la ligne 30 (logements) représente 58% du total ; le reste (lignes 31, 32 & 35), 42%. Or en temps de pandémie (confinements, couvre-feux, peur des contagions, etc.) les gens restent chez eux. D’autres travaillent plus à domicile. Ainsi : Paris + Petite couronne, 2020 sur 2019, cambriolages de logements, - 23% ; lignes 31, 32, 35, + 40%. Idem dans le Nord : ligne 30, - 19% ; lignes 31, 32, 35, + 28%. 

Fin 2021, l’Intérieur ne publie que la ligne 30 (logements) et ose claironner que les cambriolages ont diminué ! En fait, là ou l’Intérieur annonce 100 cambriolages, il y en a au minimum 142. 

En outre, des Bordelais indignés alertent que « la police décourage les plaintes pour effractions, et recommandent les mains courantes » ... absentes des statistiques. Vérification faite, cette pratique malhonnête est fréquente en province.

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