"Sauvage est celui qui se sauve" de Véronika Mabardi : quand la famille reste unie malgré ses problèmes<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
"Sauvage est celui qui se sauve" de Véronika Mabardi : quand la famille reste unie malgré ses problèmes
©

Atlanti-culture

L' histoire vraie d’une famille aimante et blessée. Un récit sensible mais parfois déconcertant

Elisabeth Autet pour Culture-Tops

Elisabeth Autet pour Culture-Tops

Elisabeth Autet est chroniqueuse pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

Voir la bio »

THÈME

Par ce témoignage, l’auteure remonte le fil de la vie de sa famille et surtout de son frère Shin-Do disparu brutalement dans un accident de voiture à l’âge de 25 ans.

Une famille doublement « métisse » : une mère flamande, un père à moitié égyptien, deux enfants biologiques, deux enfants coréens, une famille pour laquelle l’adoption est un choix de partage, un choix d’humanisme. C’est ainsi qu’arrive en 1971 Shin-Do, petit Coréen âgé de 5 ans. L’année suivante, une nouvelle sœur arrive aussi de Corée, elle a 9 ans. Voici donc cette fratrie : deux grandes filles, deux jeunes garçons, deux raisonnables et deux turbulents - l’auteure et Shin-Do.

Si la grande sœur venue de Corée « se fond » totalement dans sa famille, Shin-Do accueilli à bras ouverts, ne s’adapte pas malgré tout l’amour de ses parents, de ses frère et sœurs. Shin-Do reste l’inadapté, l’inadaptable, aimant ses parents adoptifs, mais obsédé par son passé, déchiré par la séparation d’avec sa mère coréenne.

L’auteure raconte ce frère difficile à vivre dès son enfance, difficile à contrôler. La famille fait toujours face devant les regards parfois empreints de pitié, devant ces sous-entendus sur « le chinois »…  Elle le raconte dans sa vie de marginal adolescent sans cesse révolté, jeune adulte éprouvant des difficultés à s’insérer. Jeune homme doux mais absent, elle  raconte aussi son travail de céramiste, ses dessins, sa vie d’artiste… Souvent il disparaît, revient, une ombre, un fantôme comme le décrit  sa sœur de cœur.

POINTS FORTS

Ces beaux souvenirs d’enfance dans les années 1970, les jeux , la solidarité de cette famille profondément unie  malgré les problèmes.

La mise en page étonnante avec tous ces dessins entre les pages, dessins par lesquels Shin-Do cherche sans doute à manifester son désir de vivre.   

Un livre très personnel qui raconte des choses intimes ressenties par l’auteure. Avec la disparition de Shin-Do, le temps du deuil pour la sœur.

QUELQUES RÉSERVES

Je ne dirai pas que ce livre n’est pas bon, mais… je ne l’ai pas beaucoup aimé. Il m’a déconcertée  par son ambiance, sa construction, ses alignements de paragraphes courts, de phrases, de mots…

ENCORE UN MOT...

Ce livre n’est pas une biographie, ce n’est pas un livre sur l’adoption, sur le deuil… et c’est tout cela en même temps à travers les mots de l’auteure pour parler de ce frère tant aimé.  C’est raconter ce frère disparu, avant et après l’adoption, avant et après l’accident. C’est dire la vie sans en faire une histoire.

S’il existe une certaine forme de poésie dans le style, si chaque mot semble bien recherché ,  la construction au présent, les paragraphes courts, les phrases isolées m’ont rendu cette lecture parfois ardue.

UNE PHRASE

-  « Il est venu de loin. Il n’avait dans ses poches ni miettes ni cailloux, Rien qui lui permette de retrouver son chemin.  Il a pris son visage entre ses mains, Il l’a déposé sur une toile, Et il est reparti » (p.7)

- « Les explications ne comblent pas le silence. Alors parfois il s’installe dans ce silence comme un enfant ours. Il y a un trou dans son histoire, et tout l’amour du monde n’y peut rien » (p. 67)

- « Mais lui ? De lui, il me reste quelques histoires, mille fois racontées les soirs de Noël et de cafard. Quoi que je fasse, des choses seront poussées dans l’ombre. Il n’y a rien de plus aléatoire, de plus illusoire, de plus construit, que le passé » (p. 96)

L'AUTEUR

Véronika Mabardi est née à Leuven (Belgique) en 1962. Elle vit aujourd’hui à Bruxelles. Comédienne, elle se dirige vers l’écriture (elle n’écrit plus en flamand), la mise en scène et la création radiophonique.

Toujours aux éditions Esperluète, Véronika Mabardi a publié 2 romans : en 2014, Les Cerfs (co-écrit avec Alexandra Duprez), et en 2019, Peau de louve.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !