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Russie : Alexeï Navalny, l'opposant à Poutine rêvé par les occidentaux.. moins par les Russes
©Vasily MAXIMOV / AFP

Dans le viseur du Kremlin

L'opposant à Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, a de nouveau été arrêté dès sa sortie de prison. Comme pour son dernier séjour en détention, il lui est reproché d'avoir violé une loi sur l'organisation des manifestations.

Jean-Robert Raviot

Jean-Robert Raviot

Jean-Robert Raviot est professeur de civilisation russe contemporaine à l'Université Paris-Ouest Nanterre La Défense, docteur et HDR en science politique.
 
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Atlantico :  Concrètement pouvez-vous nous expliquer ce jeu du chat et de la souris auquel se livrent les autorités et l'opposant Alexeï Navalny?

Jean-Robert Raviot : Navalny n’est pas un opposant politique au sens où il serait un homme politique pouvant prétendre à être élu et à incarner une alternance au pouvoir. Ce leader incontesté de la dénonciation de la corruption des hautes sphères en Russie est pour l’instant tenu à l‘écart du jeu politique, interdit de ses présenter en raison de condamnations judiciaires liées à des actions de manifestation qui se tiennent le plus souvent dans des lieux publics où des interdictions ont été prononcées… Navalny, candidat à la mairie de Moscou en 2013, avait remporté un succès relatif, avec près de 27% des voix dans la capitale. Aujourd’hui passé du côté de l’opposition radicale qui n’a pas accès au jeu électoral, il cherche à renforcer sa légitimité de chef auprès des plus jeunes générations et, surtout, hors des grandes métropoles urbaines, et à gagner un public moins « bobo ». Avec un certains succès. 

Est-ce que cela traduirait une perte de vitesse, de popularité pour Alexeï Navalny ?

Comme je viens de le dire, Navalny est entré dans une logique d’opposition non pas à la politique du gouvernement ou du président, mais d’opposition au régime en tant que tel. Cette radicalité renforce son crédit auprès des radicaux, mais l’éloigne des élections et, de ce fait, des débats qui portent sur la politique du gouvernement et de l’Etat, à l’heure où précisément, ces débats sont vifs. Opposant au régime, Navalny dénonce la corruption des hautes sphères, il ne développe pas une critique de la politique économique et sociale, par exemple. Or, c’est sur ces questions que les Russes attendent une opposition. Une opposition politique, justement, et non pas une opposition « au régime », un régime qu’ils ne contestent guère dans leur ensemble. 

L'homme est souvent présenté dans les médias comme "l'opposant numéro  un à Vladimir Poutine" mais est-ce vraiment le cas ? Dans les faits n'est-ce pas plutôt le KPRF (Parti communiste de la fédération de Russie) ou le parti ultranationaliste LDPR (Parti libéral-démocrate de Russie)?

Alexeï Navalny n’est pas « l’opposant numéro 1 à V. Poutine ». Cette formule est une sorte de formule prononcée en boucle dans les médias occidentaux, mais qui n’a rigoureusement aucun sens. D’ailleurs, aucun des partisans de Navalny ne le qualifierait ainsi aujourd’hui ! Il s’agit d’une erreur provenant d’une méconnaissance profonde du système politique russe. IL n’y a pas d’ »opposant principal » qui se dégage, tant la figure de Poutine continue – et coninuera sans doute – à surplomber la vie politique russe. Il y a des oppositions et des mobilisations, surtout, d’abord et avant tout, sociales et économiques. Les régionales partielles du 9 septembre dernier l’ont montré : le parti Russie Unie a perdu des élections et même lors d’élections de gouverneurs, ce qui est une première, du moins à cette échelle. Dans cette opposition politique, pas de contestation « du régime », et même pas vraiment de Poutine lui-même, mais une contestation de plus en plus vive de la politique économique et sociale. A commencer par la réforme récente, très impopulaire, de l’âge de la retraite. Qui était censé passer à 65 ans pour les hommes, dans un pays où l’espérance de vie masculine est de 64 ans… 

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