"Rouge Karma" de Jean-Christophe Grangé : un polar haletant<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
"Rouge Karma" est à retrouver aux éditions Albin Michel.
"Rouge Karma" est à retrouver aux éditions Albin Michel.
©

Atlanti-culture

Une plongée psychédélique et meurtrière dans le monde des spiritualités indiennes sur fond d'événements de Mai 68. Un polar haletant.

Cécile Rault

Cécile Rault

Cécile Rault est chroniqueuse pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

Voir la bio »

THÈME

Paris, Mai 68 : ce sont les événements. Hervé, étudiant, suit et contemple les affrontements entre forces de l'ordre et les différents courants contestataires de la jeunesse. C'est aussi le temps des premières amours. Il croise la route de trois jeunes-filles : Suzanne, Cécile et Nicole. Il tombe amoureux des trois amies sans rien dévoiler de ses sentiments ni aux unes ni aux autres. C'est l'insouciance sur fond de barricades et d'assemblées générales. Au milieu de cette mêlée, Jean-Louis est un flic infiltré, ancien de la guerre d'Algérie. Il contient avec peine une violence de meurtrier à coup d'amphétamines et dissimule des exécutions sommaires dans une société en pleine mutation.

Mais la grande Histoire va prendre des airs de conte de fée quand Hervé découvre le corps mutilé de Suzanne dans une mise en scène cauchemardesque. Le jeune-homme se tourne alors vers la seule personne qui pourra l'aider à faire face à l'horreur, son demi-frère : Jean-Louis. Débute alors une course impitoyable contre un meurtrier insaisissable qui semble suivre un plan bien précis de meurtres rituels liés au tantrisme. Une plongée dans les différents courants de la spiritualité indienne et des drogues hallucinogènes mènera les deux hommes et Nicole jusqu'au bord du Gange, loin des pavés parisiens.

POINTS FORTS

  • Que ce soit Paris ou Calcutta, l'auteur nous plonge à chaque fois dans un univers dense. La description détaillée de chaque ville permet de souligner le contraste entre la capitale occidentale et la ville indienne : les rues grises, les immeubles noirs s'opposent et répondent aux couleurs criardes de l'Inde.
  • La description des atmosphères de l'époque est également très bien rendue. On découvre ou redécouvre toutes les influences politiques de la fin de cette décennie. Les hommes politiques du moment sont remis dans leurs contextes : de Gaulle, incarnant l'après-guerre, ne comprenant pas les aspirations d'une jeunesse turbulente ; Pompidou, à la recherche du compromis social avec les ouvriers ; Mendès-France, figure de la gauche socialiste. Tout cela sur fond d'extrémismes : d'un côté, le maoïsme pour les étudiants, de l'autre côté, le SAC et ses barbouzes.
  • Les nouvelles philosophies indiennes hippies ne sont pas en reste. Venues d'Orient mais transformées par les communautés de San Francisco, leur esprit est  dévoyé par l'usage des drogues qui sont censées ouvrir les portes de l'illumination. On comprend dans la deuxième partie du livre que la spiritualité indienne est au-delà de la compréhension cartésienne occidentale. Les personnages vont donc devoir lâcher toutes leurs connaissances et laisser la mousson emporter leurs certitudes pour accepter de se laisser guider vers la véritable raison de tous ces meurtres démoniaques.

QUELQUES RÉSERVES

La succession de noms de rues et places parisiennes est parfois un peu longue : inutile pour ceux qui connaissent Paris, fastidieuse pour ceux qui ne connaissent pas parfaitement la géographie de la capitale.

ENCORE UN MOT...

Le scénario est haletant mais un peu trop abracadabrantesque à mon goût. Malgré tout, il est conforme aux univers noirs dans lesquels Jean-Christophe Grangé aime plonger son lecteur. Il ravira tous les adeptes du genre.

UNE PHRASE

« … de temps en temps, Jean-Louis voyait le « petit » Hervé – qui le dépassait d'une tête. Ils n'avaient rien à se dire, ne partageaient pas le moindre souvenir ni la moindre affinité mais, ainsi va le sang, ils s'aimaient bien.
On aurait pu penser que, ces dernières années, leurs convictions les avaient plus éloignés encore – Mersch était du mauvais côté de la matraque, Hervé lisait dans le texte Le Capital de Karl Marx. Cette vision était fausse, et pour ainsi dire inversée. Mersch, avec sa foi socialiste enfoncée dans sa tête comme un clou dans une chaussure, était beaucoup plus politisé que son frère qui, au contraire, militait avec dilettantisme. » P.73

LE CLIN D'ŒIL D'UN LIBRAIRE

Jean-Christophe Grangé, journaliste, écrivain, scénariste, est né le 15 juillet 1961. Reconnu pour ses reportages tirés de voyages, il y trouve le matériau pour ses romans. Son premier livre Le vol des cigognes est bien accueilli mais la consécration arrive avec le deuxième Les rivières pourpres qui sera porté à l'écran en 2000 par Mathieu Kassovitz. S'en suivra une quinzaine de titres parmi lesquels Le concile de Pierre, MiserereLes promises ou Congo requiem qui l'installent définitivement comme une référence du genre.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !