Réunion au sommet à Pékin : la Chine fixe ses priorités pour l’année à venir<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président chinois Xi Jinping assiste à la cérémonie d'ouverture de la Conférence consultative politique du peuple chinois à Pékin le 4 mars 2021.
Le président chinois Xi Jinping assiste à la cérémonie d'ouverture de la Conférence consultative politique du peuple chinois à Pékin le 4 mars 2021.
©LEO RAMIREZ / AFP

Avenir de la Chine

Les réunions plénières de l’Assemblée populaire nationale et du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois débutent en Chine. Les discussions porteront notamment sur les objectifs à long terme et sur les projets portés par Xi Jinping.

Emmanuel Lincot

Emmanuel Lincot

Professeur à l'Institut Catholique de Paris, sinologue, Emmanuel Lincot est Chercheur-associé à l'Iris. Son dernier ouvrage « Le Très Grand Jeu : l’Asie centrale face à Pékin » est publié aux éditions du Cerf.

 

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Atlantico : La Chine donne ce jeudi le coup d’envoi à ses "deux sessions" annuelles, à savoir les réunions plénières de l’Assemblée populaire nationale et du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois. Cette cérémonie renforcera-t-elle encore un peu plus le pouvoir de Xi Jinping ?

Emmanuel Lincot : C'est un rituel parfaitement orchestré. Plusieurs centaines de députés participent à des débats dont on connaît déjà par avance les sujets. Ils porteront sur la question démographique (comment inciter les couples à procréer) et son corollaire, la question des retraites. Car, et selon la formule consacrée, la "Chine a toutes les chances de devenir vieille avant de devenir riche". La Covid-19 a montré par ailleurs la vulnérabilité du maillage social. Les personnes âgées se retrouvent de plus en plus seules et le risque de délitement social entre les générations existe bel et bien. Autre sujet abordé: le retour de la croissance et comment faire face à la rivalité qu'opposent les Etats-Unis et l'Union Européenne à la Chine dans le domaine de la high tech. Les sessions commenceront demain dans l'indifférence générale car ce ne sont en fait que des chambres d'enregistrement et elles rappeleront tout le bien fondé de la politique mise en oeuvre par le dirigeant Xi Jinping dont le pouvoir sortira a priori et de nouveau, en effet, renforcé.

L’an dernier, ces "deux sessions" avaient donné lieu au vote de la très controversée loi sur la sécurité nationale. Hong Kong pourrait-il être à nouveau à l’ordre du jour ?

Le sort de Hong Kong est déjà règlé. C'est désormais Taïwan qui est dans le colimateur. Nous verrons si des déclarations sont prononcées à ce sujet. Car fondamentalement ce n'est pas que Hong Kong qui était alors concerné mais l'ensemble des ressortissants chinois et ce, pour intimider l'ensemble de la population - celle du continent tout particulièrement -et la dissuader ainsi de manifester sa colère vis à vis des autorités. Car la Covid-19 a là aussi fait des dégâts. Chômage et précarité sont au rendez-vous pour une partie non négligeable de la population qui a pu juger, et quoi qu'en dise la propagande, de la gestion calamiteuse de la pandémie par le régime. La population est en colère et des dérapages sociaux donc politiques ne sont pas à exclure. C'est pourquoi le Parti a sorti le gros bâton et menace.  

La question de la natalité reste un enjeu important dans le pays, quelles décisions pourraient être prises à ce sujet ?

Là encore, le Parti a perdu de sa crédibilité. Alors qu'il y a quelques années encore, ses sbires arrêtaient des femmes parfois enceinte de 8 mois pour les forcer à avorter au nom du planning familial, il inciterait désormais les couples à faire deux voire trois enfants. Sauf que les Chinois ne sont pas dupes et que les temps ont changé. Nombre de jeunes couples, comme en Occident, refusent tout bonnement d'avoir des enfants parce qu'ils aspirent à une vie moins contraignante et surtout parce que beaucoup n'en ont pas les moyens. La vie est chère en Chine. Tout se monnaie. D'autant, faut-il le rappeler qu'il n'y a ni système de protection sociale ni système de retraite. Le Parti concédera aux jeunes couples quelques largesses matérielles pour les inciter à procréer mais les temps ont changé. Les jeunes sur ce plan là ne sauront pas aussi aveugles et manipulables que leurs aînés. A la trilogie "travail, famille, patrie", nombre de ces jeunes préfèrent adhérer aux valeurs offertes par "le plaisir, l'individualisme, les loisirs". Bref, pour beaucoup de jeunes, la Chine de Papa, c'est fini ! 

L’autonomie technologique de la Chine, nécessaire au vu du contexte de guerre commerciale avec les Etats-Unis, sera-t-elle un sujet discuté?

Oui. Avec le couteau sous la gorge pour Xi Jinping. D'où son appel auprès d'Emmanuel Macron pour obtenir du parlement européen la ratification des accords sur les investissements. Cette high tech occidentale est indispensable à la Chine. Entre menace et séduction, les discours à ce sujet sont d'avance connus. A l'est donc rien de nouveau si ce n'est que la guerre commerciale va se poursuivre avec intensité et les représailles contre Huawei vont se multiplier.
Professeur à l'Institut Catholiqque de Paris, sinologue, Emmanuel Lincot est Chercheur-associé à l'IRIS. Son prochain livre 'Géopolitique du patrimoine. L'Asie. D'Abou Dhabi au Japon' sera édité en avril aux éditions MkF

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