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"Réforme" : pourquoi les Français ont une perception de moins en moins positive de l’un des mots les plus employés par nos politiques
©Reuters

Le changement, qu’ils disaient...

Réformer, du latin reformare (reconstituer, former à nouveau), consiste à “opérer des changements importants allant dans le sens d’une amélioration”, qu’il s’agisse d’un retour à une forme ancienne ou du développement d’une forme nouvelle.

Samuel Feller

Samuel Feller

Samuel Feller, directeur d’études chez Elabe, cabinet d’études et de conseil.

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Institut de sondage ELABE

Institut de sondage ELABE

ELABE est un cabinet d’études et de conseil.

Compte Twitter : @elabe_fr

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Mot-clef du débat politique, la réforme est perçue de moins en moins positivement par nos concitoyens (1) ; jusqu’à produire, aujourd’hui, un ressenti négatif auprès des catégories socioprofessionnelles modestes et des sympathisants des partis “contestataires” (voir tableau ci-contre).

En cause, un écart fondamental de perception et d’attentes entre les Français et leurs dirigeants tant s’agissant des objectifs de la réforme, que de la méthode pour y parvenir et des acteurs à impliquer.

Les objectifs de la réforme : améliorer le service à l’usager, assurer le progrès social et préparer le futur

La réforme étant entendue comme une évolution “qualitative” – elle doit “améliorer” –, elle ne peut uniquement avoir pour ambition un gain “quantitatif” (économies budgétaires, productivité, ...). Nos concitoyens lui assignent en effet, de façon consensuelle, trois séries d’objectifs :

  • Améliorer le service à l’usager et au citoyen, d’abord, ce qui consiste avant tout à une simplification des démarches administratives ;
  • Assurer le “progrès social”, ensuite. Cette notion de “progrès social” étant ici entendue à travers le fait de réduire les inégalités, mais aussi de protéger les citoyens, de mettre fin aux privilèges par la redistribution, et d’assurer la cohésion sociale ;
  • Penser et préparer le futur, enfin, qui constitue la principale finalité de la réforme autant que la mission centrale du politique : voir loin, penser et préparer l’avenir de la Cité.

Les acteurs de la réforme : une impulsion attendue du côté de la société civile

Les organes du pouvoir politique, qu’ils soient locaux, nationaux ou européens, sont modérément perçus capables de réformer : associés aux élites et au jeu des partis, leur ambition est avant tout, aux yeux des Français, de “préserver” la structure politique et sociale et non de la faire évoluer.

Les Français imaginent que c’est de la société civile que viendra la “vraie” réforme, et en particulier des citoyens, des jeunes et des entreprises. Les syndicats sont perçus ici de façon ambivalente : si on les imagine à même d’agir favorablement sur la réforme lorsque considérés dans leur ensemble comme une force de pression, ils sont en revanche perçus comme tournés vers le passé et peu porteurs de l’idée de réforme lorsque pris au détail (CFDT, CGT, FO, MEDEF, ...).

Les ingrédients de la réforme : écoute, courage et temps long

La méthode pour réformer que les Français ne souhaitent pas voir appliquée est la “méthode forte”tant pour les gouvernants que pour les citoyens : passage en force, grèves, ... Les Français n’apprécient pas non plus que la réforme soit présentée comme inévitable, c’est-à-dire “à prendre ou à laisser”. A contrario, nos concitoyens décrivent un processus de réforme idéal fondé sur trois ingrédients :

  • Du courage, de la détermination et une capacité à hiérarchiser les priorités et à dire éventuellement “non” ;
  • Une capacité à écouter et à associer chacun au débat ;
  • Enfin, la réforme est entendue comme un processus devant s’établir par étapes, et qui prend du temps, à l’opposé d’évolutions réalisées en bloc, au pas de charge, pour pallier des problématiques de court-terme.


METHODOLOGIE - Cette analyse a été réalisée sur la base des résultats obtenus dans nos enquêtes “Les Mots de”. Appliquée à des thèmes du débat public, des territoires, des entreprises, des institutions, des personnes, des produits ou des marques, la méthode “Les mots de” permet de faire émerger les représentations collectives attachées à un sujet donné en questionnant les mots qui s’y réfèrent. Depuis huit ans, plus de 100 enquêtes employant cette méthodologie ont été réalisées, alimentant un Thesaurus de plus de 15 000 mots.

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(1) La réforme était notée 6,1/10 sur la même échelle de ressenti positif/négatif en mai 2011 et n’a cessé de baisser depuis

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