Réforme des retraites : ces inégalités du système actuel que tout le monde oublie allègrement <!-- --> | Atlantico.fr
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Parmi les arguments évoquant l’injustice de la réforme en cours d’examen, il est souvent fait comparaison des durées de cotisations inégales à 64 ans en fonction de l’âge de début d’activité.
Parmi les arguments évoquant l’injustice de la réforme en cours d’examen, il est souvent fait comparaison des durées de cotisations inégales à 64 ans en fonction de l’âge de début d’activité.
©Thomas SAMSON / AFP

Cotisations

Alors que 79% des Français privilégieraient une taxation des riches pour assurer l’équilibre du système des retraites (Elabe), il est important de rappeler qu’environ le 1/3 du financement du régime général repose déjà sur d’autres prélèvements que les cotisations CNAV. Et que plus les salaires sont élevés, plus ils contribuent à ces financements, qui pourtant ne procurent aucun droit à la retraite aux assujettis.

Pierre Danon

Pierre Danon

Pierre Danon est un chef d’entreprise français qui a connu une activité internationale soutenue. En France, il a notamment exercé les fonctions suivantes : Directeur Général adjoint de Cap Gemini (2005), Président Directeur Général de Numericable-Completel (2008) et Président du Conseil d’administration de Solocal (2017). Aujourd’hui, il est l’un des principaux actionnaires et Président du Conseil d’administration de ProContact, Centre d’appel pour les PME françaises. Il a toujours été impliqué dans des entreprises à vocation sociale. A l’heure actuelle, il est actionnaire actif dans ProActive Academy, ESS qui a pour mission de rapprocher les jeunes sans emploi des entreprises. De 2014 à 2017, il a été Directeur adjoint de la campagne présidentielle de François Fillon.

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Parmi les arguments évoquant l’injustice de la réforme en cours d’examen, il est souvent fait comparaison des durées de cotisations inégales à 64 ans en fonction de l’âge de début d’activité. L’exemple souvent donné est celui d’une personne ayant commencé à travailler à 20 ans, donc inéligible aux dispositifs de carrières longues, et qui devrait cotiser 44 ans avant de pouvoir partir à la retraite, tandis qu’une personne ayant commencé à 21 ans pourrait partir également en retraite à 64 ans au taux plein si elle a cotisé 43 années. Plus encore, le taux plein étant acquis à 67 ans pour tous, les personnes entrées tardivement sur le marché du travail (par exemple après 25 ans) ont une durée effective au travail bien inférieure à 44 ans.

Cette approche est tout d’abord incomplète : elle ne prend en compte que la retraite Cnav, en oubliant la part AgircArrco, qui, elle, n’est pas liée à un nombre de trimestres cotisés. Ainsi, à rémunération égale, une durée plus longue d’activité conduira mécaniquement à un nombre de points AgircArrco plus élevé, et donc à une retraite plus importante.

 Par ailleurs, l’entrée plus tardive dans la vie active ne signifie pas l’oisiveté dans la période préalable : elle a le plus souvent pour contrepartie un temps de formation plus long, avec l’effort que cela implique, l’absence de revenus d’activité et le coût de la formation à assumer. Or l’effort de formation conduit généralement à une rémunération d’activité plus élevée, ce qui joue un rôle essentiel dans le financement du système social en général, des retraites en particulier, et du budget de la nation. C’est aussi indispensable pour nombre de qualifications nécessaires à l’économie.

Il faut rappeler que le financement du régime général repose pour environ un tiers sur d’autres prélèvements que les cotisations Cnav, en particulier la CSG et la cotisation vieillesse déplafonnée. Plus le salaire est élevé, plus il contribue à ces financements, qui pourtant ne procurent aucun droit à la retraite aux assujettis. Dans une moindre mesure, c’est également le cas des cotisations additionnelles au régime AgircArrco.

En dehors de la CSG, de la CRDS et de la contribution sociale qui pèsent aussi sur les revenus du patrimoine, et donc contribuent là aussi sans contrepartie au financement des retraites, les recettes de l’impôt sur le revenu sont massivement concentrées sur les plus hauts revenus. Dans un autre registre, les cadres ont une contribution nette très importante au régime d’assurance chômage, qui finance lui-même les régimes de retraite pour les périodes indemnisées. 

A contrario, les salariés ayant eu les niveaux de rémunération les plus faibles (autour du Smic) voient leurs droits à la retraite largement pris en charge par la collectivité : c’est le cas des cotisations patronales, totalement prises en charge par l’Etat dans le cadre des allégements bas salaires, et des contributions nécessaires au financement des retraites plancher, dont le niveau va être relevé dans la réforme proposée pour les carrières complètes. C’est le cas aussi, par construction, de l’Aspa (ex-minimum vieillesse), financé par la solidarité nationale et non par les cotisations passées des ayants droit.

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