Vers une récession ?
Récession en vue : ces nuages qui s’amoncellent au-dessus de la zone euro
La Banque Centrale Européenne mais aussi l'OCDE ont publié des prévisions économiques sombres pour les pays européens en 2023. En cas d'aggravation de la crise énergétique actuelle, plusieurs pays de la zone euro pourraient entrer en récession
Ricardo Trezzi
Riccardo Trezzi est docteur en économie.
Après avoir obtenu son doctorat en économie à l'Université de Cambridge au Royaume-Uni, Riccardo Trezzi a travaillé pendant plusieurs années au bureau de l'inflation du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale à Washington D.C., où il a régulièrement informé les membres du Conseil et contribué aux prévisions du personnel de la Fed. Par la suite, Riccardo Trezzi a rejoint le bureau de l'inflation de la Banque centrale européenne, à Francfort, où il a contribué à l'examen de la stratégie de la BCE pour 2020-2021.
Atlantico : Selon la Banque centrale européenne, la zone euro pourrait entrer en récession en 2023. Si nous examinons la courbe Eurocoin, une estimation mensuelle du taux de croissance sous-jacent du PIB de la zone euro, que nous disent ces données ? Cet indicateur est-il fiable ?
Ricardo Trezzi : Les dernières projections de la BCE (lien : https://www.ecb.europa.eu/pub/
Y-a-t-il d’autres indicateurs cohérents avec ?
Si par "cohérent" on entend cohérent avec un risque de récession, alors certaines enquêtes sur l'industrie manufacturière et certains indicateurs de confiance des consommateurs indiquent un ralentissement significatif. De même, la hausse des rendements des emprunts d'État est cohérente avec une croissance inférieure à la tendance à l'avenir.
Y a-t-il encore un espoir d'éviter la récession ?
Oui, il y en a. L'avenir est encore à écrire. Dans cette dimension, il y a deux facteurs à prendre en compte. Premièrement, les décideurs politiques ont encore le temps d'élaborer une stratégie pour faire face aux prix élevés de l'énergie. Par exemple, l'intervention massive du gouvernement allemand annoncée la semaine dernière va dans ce sens. Deuxièmement, les ménages ont accumulé beaucoup d'économies pendant la pandémie et ils disposent encore d'une quantité appréciable de liquidités. Bien que cette épargne supplémentaire ne soit pas uniformément répartie entre les ménages, elle peut atténuer l'impact négatif de la hausse des factures d'énergie et réduire les risques de récession.
Quelle devrait être la réponse de la BCE à ce phénomène ? Quelles sont les différentes options à la disposition de l'institution ?
La BCE a les mains liées car l'inflation est beaucoup trop élevée. La BCE ne peut pas faire grand-chose pour l'instant car elle doit préserver la stabilité des prix en s'assurant que les anticipations d'inflation restent bien ancrées. Par conséquent, je m'attends à ce que la BCE continue à augmenter les taux d'intérêt au cours des prochains mois. En même temps, comme je l'ai mentionné, la solution à un scénario macroéconomique aussi complexe ne devrait pas être uniquement monétaire, mais une combinaison de politiques monétaires, fiscales et autres. La véritable erreur serait de laisser la banque centrale seule dans ce combat car il y a des limites à ce que la politique monétaire peut faire. Si la BCE est le seul acteur, le coût de la désinflation de l'économie européenne sera probablement plus élevé. Nous avons besoin que les autorités fiscales interviennent également.
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