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Libye, Syrie, Yémen… Le « monde arabe », quel numéro de téléphone ?
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Zone franche

Les insurgés arabes ont besoin de la solidarité active de leurs voisins, pas d'un débat stérile sur la légitimité de l'intervention occidentale.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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En Libye, Kadhafi réprime brutalement une rébellion qui, sans l’aide bienvenue mais insuffisante de l’OTAN, aurait été déjà été annihilée. En Syrie, un Bachar al-Assad aux mains libres continue de tirer sur la foule. Au Yémen, les cadavres des manifestants anti-Saleh s’entassent dans les rues… Dans ces trois pays au moins, le printemps arabe a clairement viré à la tempête hivernale.

La question que l’on se pose à ce stade ― et avant de se demander si les Américains reviendront ou non dans l'opération libyenne ou si la France mettra enfin le leader de Damas dans le même sac que celui de Tripoli ―, c’est « que fait le monde arabe » ?

Et singulièrement les révolutionnaires de la première heure, puissante Égypte en tête (la petite Tunisie joue au moins le jeu humanitaire à la hauteur de ses moyens en accueillant davantage de réfugiés que l’Europe entière). Un pays dirigé par des militaires depuis plus d'un demi-siècle, on le croirait pourtant capable de se mêler d’un conflit avec une certaine compétence !

Même la Ligue Arabe est aux abonnés absents et vient de renvoyer aux calendes grecques (c’est juste une expression, les Grecs ont déjà suffisamment à faire avec leur déficit à double-fond) le « sommet de crise » prévu le 11 mai prochain à Bagdad en raison, précisément, des troubles que connaissent certains de ses membres…

Mais sans doute les régimes encore à peu près stables des environs sont-ils plus soucieux de préserver la paix civile à l’intérieur de leurs propres frontières que de ramener le calme chez les voisins. La fameuse théorie des dominos reste valide et, pour un Mohammed VI en quête d’une transition douce vers plus de démocratie, combien de monarques à la légitimité chancelante craignant d’être expédiés dans un palace pieds dans l’eau de Charm-el-Sheik ?

Tiens, la Turquie elle-même ― qui n’est pas un pays arabe mais prétend recouvrer son double-rôle de « puissance régionale » et de « modèle démocratique » pour le monde musulman ― s’intéresse plus à la préparation d’une « nouvelle flottille » marketing pour Gaza qu’à l’acheminement de munitions vers le port de Misrata…

Le monde arabe s’est installé depuis des semaines dans le fauteuil d’un spectateur fébrile, sa classe politique et ses médias dissertant plus volontiers de la légitimité de l’intervention occidentale que du nombre des victimes. Et si « aide-toi le ciel t’aidera » est désormais la devise d'insurgés libyens acclamant les frappes franco-britanniques, ailleurs dans la région, on en serait plutôt resté à « mektoub ».

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