Quel impact de la mort du président iranien ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Un hélicoptère transportant le président iranien Ebrahim Raïssi a été impliqué dimanche 19 mai dans un accident.
Un hélicoptère transportant le président iranien Ebrahim Raïssi a été impliqué dimanche 19 mai dans un accident.
©Iranian Presidency / AFP

Régime iranien

Un hélicoptère transportant le président iranien Ebrahim Raïssi a été impliqué ce dimanche 19 mai dans un accident dans le nord-ouest du pays. Ebrahim Raïssi était l'un des passagers à bord.

Emmanuel Razavi

D’origine iranienne, Emmanuel Razavi est grand reporter, spécialiste du Moyen-Orient. Il collabore avec Paris Match, Franc-Tireur, Politique Internationale, Valeurs Actuelles. Il a réalisé plusieurs documentaires sur le Moyen-Orient diffusés sur Arte, la chaine Planète et M6, qui ont eu un large retentissement. Auteur de plusieurs ouvrages, son dernier livre, « La face cachée des Mollahs » (Cerf, 2024), révèle le visage mafieux et terroriste de la République islamique d’Iran. Il est diplômé en sciences politiques.

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Atlantico : En quelques mots, quel est le parcours d’Ebrahim Raïssi, le président de la République islamique d’Iran, victime d’un accident d’hélicoptère en Iran dimanche ?

Emmanuel Razavi : Ebrahim Raïssi est surnommé le Boucher de Téhéran, ce qui en dit long sur sa personnalité. Il avait les mains pleines de sang, ayant prononcé dans les années 80, alors qu’il était procureur adjoint, la condamnation à mort de milliers d’opposants. En 2014, nommé procureur général, il s’était montré tout aussi dur. Il a également été en charge d’une fondation religieuse et du mausolée de l’Imam Reza. Président de la République islamique depuis août 2021, il est considéré comme un ultraconservateur, farouchement antisémite et anti-israélien. Il a d’ailleurs affiché un soutien clair au Hamas après le pogrom du 7 octobre perpétré par l’organisation terroriste palestinienne. Durant les récentes manifestations, il a fait arrêter plus de 20 000 personnes, et en a fait exécuter plusieurs centaines.

Un soulèvement est-il encore possible, est-ce que sa mort peut faire bouger les lignes ?

En Iran, tout est possible. À l’heure où nous nous parlons, des miliciens Bassijis sont déployés dans plusieurs villes d’Iran, car le régime craint des manifestations de joie. Il faut comprendre que Raïssi cristallise la haine des opposants iraniens, en raison de la répression sévère qu’il a imposée depuis le début de la révolution « Femme, vie, liberté ». Il y a actuellement 5 exécutions par jour en Iran.

De plus, le régime iranien est fragilisé par des dissensions internes, y compris dans l’entourage proche du Guide suprême Ali Khamenei et au sein même du Corps des gardiens de la révolution, son bras armé. Ce qui est sûr, c’est que sa mort supposée, à l’heure où nous parlons, ouvre à de nombreux scénarii chez ses opposants, en même temps qu’à diverses hypothèses sur les raisons de l’accident. Plusieurs sources indiquent qu’il y avait des tensions entre Raïssi et le guide suprême, en raison de la succession politique de ce dernier. 

Justement, quelles sont les raisons de l’accident d’hélicoptère ?

Officiellement, la météo qui était mauvaise. Mais déjà circulent toutes sortes de rumeurs sur Internet ou au sein des mouvements d’opposition auxquels j’ai parlé. 

Cet accident et ses conséquences risquent-ils d’enflammer la région au regard du contexte géopolitique sous tension avec le conflit à Gaza et les récentes frappes iraniennes ayant ciblé Israël ? 

L’Iran est très fragile politiquement, et sa fragilité a pour conséquence l’hyper-agressivité du régime qui pourrait accuser Israël de la mort de Raïssi. Cela circule déjà sur des boucles twitter du Hamas, qui est soutenu par la République islamique d’Iran. Mais encore une fois, gardons-nous de toute prédiction.

Vous avez interviewé cette semaine le Prince Reza Pahlavi, principal opposant au régime des Mollahs. Pourrait-il profiter de la situation ?

Reza Pahlavi explique dans l’entretien qu’il m’a donné pour Paris Match, qu’il a un agenda précis, et qu’il est prêt. Il est déjà dans la peau de celui qui sera le leader de la transition démocratique et laïque en Iran. C’est ce qu’il dit et il a détaillé de façon précise les axes de son programme. Il est cependant bien trop tôt pour savoir ce qui va se passer dans un avenir proche en Iran.

Retrouvez l'entretien du Prince Reza Pahlavi par Emmanuel Razavi : cliquez ICI

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