Quand les Européens se rebellent contre l’explosion du tourisme<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Europe
Quand les Européens se rebellent contre l’explosion du tourisme
©MIGUEL MEDINA / AFP

Tourists go home

Plusieurs villes européennes ont connu des manifestations anti-touristes ces dernières années. Les habitants dénoncent les comportements des visiteurs et leur impact, notamment sur le prix des loyers.

Jean-Michel Hoerner

Jean-Michel Hoerner

Jean-Michel Hoerner, professeur de géopolitique émérite et président honoraire de l'Université de Perpignan, enseignant-chercheur à l'IDRAC-IEFT, auteur avec Catherine Sicart de Tourisme, une affaire de classe (Balzac Editeur, 2015)

Voir la bio »

Atlantico : De nombreuses villes très touristiques comme Venise, Barcelone ou Amsterdam semblent critiquer l'importance trop importante qu'a prise le tourisme chez eux et des mouvements anti-touristes apparaissent. Comment l'expliquer ?

Jean-Michel Hoerner : On explique cela surtout par le phénomène de surpopulation qu'entraîne le tourisme dans les grandes métropoles européennes. Il y a de plus en plus de gens qui viennent, les chiffes du tourisme à Paris sont en pleine croissance et on explique cela par le fait que se déplacer en avion soit devenu beaucoup plus abordable ainsi que par des nouveaux usages comme l'hébergement collaboratif (AirBnb) qui est en plein boom.

A Paris on ne peut plus louer plus de 120 jours parfois moins dans certaines villes. La surpopulation qu'engendre le tourisme rend évidemment mécontents les résidents de certaines capitales européennes. On a pu voir des manifestations de mécontentement contre les touristes au printemps dernier en Espagne et au Portugal par exemple. Il y a ce mécontentement car les gens ont aussi l'impression qu'ils ne tirent pas les fruits du profit réalisé par l'industrie du tourisme. On observe ce phénomène un peu partout en Europe, on peut citer donc Barcelone, Dubrovnik, Venise, Berlin... Les gens n'imaginent pas tout ce que le tourisme peut apporter aux villes et pays alors que c'est 10% du PIB mondial.

Les phénomènes de "muséification" de nombreux centre-villes ou de "disneylandisation" de certains espaces (selon la formule de la géographe Sylvie Brunel) sont-elles des pistes d'explication complémentaires à ce rejet des touristes?

Certainement cela peut être des pistes explicatives complémentaires au problème de surpopulation engendré par l'industrie du tourisme dans certaines grandes capitales européennes. La disneylandisation et la muséification des centre-villes peuvent être aussi la conséquence du développement de l'industrie du tourisme. Peut-être faudrait-il ajouter que souvent les touristes ont une mauvaise image auprès des populations locales car il faut dire que tous n'ont pas un comportement exemplaire lors de leurs voyages.

Paris semble échapper à ce phénomène de rejet des touristes. Comment l'expliquer-vous ?

Effectivement la capitale française est moins concernée par le phénomène et pourtant c'est la deuxième ville qui enregistre le plus de AirBnB dans le monde. Tous les ans la France enregistre 80 millions de visiteurs dont une grande partie vont à Paris. Peut-être que le phénomène est moins visible car les lieux prisés par les touristes sont moins concentrés. Il est difficile d'apporter une réponse exhaustive à cette question car aucune étude n'a été faite sur ce phénomène.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !