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Quand la théorie des marchés engendre avant tout des déséquilibres culturels, sociaux, financiers
©Reuters

Bonnes feuilles

Selon Henri Guaino, contre la politique du sacrifice qui fait des marchés, de l’Europe et de la mondialisation l’alibi de tous les renoncements et de toutes les souffrances, il y a urgence à vouloir plutôt qu’à subir, à encourager et à motiver plutôt qu’à sacrifier, à faire espérer plutôt qu’à faire expier des fautes qui sont celles des dirigeants et non celles des peuples. Extrait de "En finir avec l'économie du sacrifice", de Henri Guaino, aux éditions Odile Jacob 2/2

Henri Guaino

Henri Guaino

Henri Guaino est un haut fonctionnaire et homme politique français

Conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, président de la République française, du 16 mai 2007 au 15 mai 2012, il est l'auteur de ses principaux discours pendant tout le quinquennat. Il devient ensuite député de la 3e circonscription des Yvelines.

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Migrations

Les prophètes de la globalisation veulent sortir du « nationalisme méthodologique » qui inscrit les appareils de mesure statistiques et la théorie du commerce international dans le cadre national. Ils pointent la mobilité du capital, mais aussi celle du travail et plus largement celle des populations. En levant toutes les barrières aux flux migratoires, comme on lève les barrières à l’investissement, à l’épargne, au commerce, l’idéal de la globalisation se rapprocherait encore davantage du marché idéal de la théorie économique : les mouvements de population vers les pays développés font monter les salaires dans les pays pauvres où la main-d’œuvre devient plus rare, corrélativement, ils exercent une pression à la baisse sur la rémunération du travail dans les pays riches. La version idéalisée de ce monde fluide, sans barrière, une fois de plus, est bien éloignée du monde réel, où il y a des sentiments, des passions, des emballements psychologiques, des identités culturelles, des histoires… Les études empiriques montrent qu’en moyenne les situations individuelles dépendent en premier lieu non des capacités de chacun mais du pays dans lequel il vit du fait notamment des barrières contre l’immigration qui font obstacle aux déplacements massifs.

La solution de la théorie des marchés consiste alors à tout ouvrir pour combler le fossé entre ceux qui sont nés dans des pays riches et ceux qui sont nés dans des pays pauvres. Les uns en attendant une diminution des inégalités dans le monde, les autres une main-d’œuvre bon marché. Une fois de plus, à l’équilibre tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes. Le problème, c’est qu’une telle option commence forcément par engendrer des déséquilibres culturels, sociaux, financiers tels qu’elle est inenvisageable sur une grande échelle de dizaines, voire de centaines de millions, de migrants potentiels sauf à prendre le risque d’une catastrophe politique qui mettrait en péril la démocratie et conduirait à la xénophobie, au racisme et à la fermeture. Une fois encore, la politique économique ne peut ignorer la politique tout court, comme elle ne peut ignorer ce qui se passe entre les deux équilibres par lesquels l’économiste prétend décrire l’état du monde aujourd’hui et demain. En vérité, pour une multitude de raisons, les Nations sont appelées à demeurer des réalités avec lesquelles les processus de la mondialisation du commerce, de la production et de la finance doivent compter.

Extrait de En finir avec l'économie du sacrifice, de Henri Guaino, aux éditions Odile JacobPour acheter ce livre, cliquez ici

©Odile Jacob, 2016

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