Quand la mer se retirera…<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Une vue de l'océan. Les enjeux liés au changement climatique sont considérables. Ils nécessitent l’implication de chacun
Une vue de l'océan. Les enjeux liés au changement climatique sont considérables. Ils nécessitent l’implication de chacun
©MARTIN BUREAU / AFP

Investissements vertueux

Face à la pandémie de Covid-19, le gouvernement a déployé un certain nombre de mesures pour protéger l’économie française et pour éviter une cascade de faillites d’entreprises. Face aux défis climatiques, le rôle du secteur financier dans le financement de la transition vers une économie bas carbone est déterminant.

Michel Ruimy

Michel Ruimy

Michel Ruimy est professeur affilié à l’ESCP, où il enseigne les principes de l’économie monétaire et les caractéristiques fondamentales des marchés de capitaux.

Voir la bio »

Le financement de l’activité d’une entreprise est une étape nécessaire à son lancement, à son développement mais, également, indispensable qu’elle est dans une « mauvaise passe ». S’il est déjà parfois difficile d’obtenir un engagement en période faste, que dire alors de la recherche de capitaux lorsque la firme rencontre des difficultés financières. Qu’il s’agisse d’une baisse d’activité passagère, d’une crise sanitaire « temporaire » qui risque de devenir durable ou de défaillances structurelles nécessitant un plan d’investissement pour relancer l’activité, des pistes existent : réduire les coûts et/ou vendre des actifs, optimiser le besoin en fonds de roulement, se rapprocher d’investisseurs en vue d’une augmentation de capital…

Ces derniers mois, afin de faire face à une situation exceptionnelle, le gouvernement a entrepris un certain nombre de mesures visant notamment à maintenir à flot l’économie française et d’éviter une cascade de faillites d’entreprises. En réponse à la pression des organisations patronales et des représentants des artisans et petits commerçants, Bercy a, en outre, annoncé le report et l’étalement du remboursement des prêts garantis par l’Etat : les entreprises en difficulté auront ainsi la possibilité de repousser leurs premières échéances de prêt à fin 2022 et d’étaler les remboursements sur dix ans, contre six ans initialement. Les organisations patronales ont fait part de leur satisfaction. Ce soutien explique notamment la chute du nombre de banqueroutes depuis le début de la pandémie (Les chiffres de 2021 restent inférieurs à ceux observés en 2019 et 2020). Toutefois, en complément du soutien de l’Etat - qui ne peut pas tout - , les chefs d’entreprises peuvent compter sur des banques spécialisées dans l’accompagnement des sociétés en difficulté comme la banque Delubac & Cie ou encore la Thémis banque dont l’activité s’est, de manière ironique, fragilisée par la diminution du nombre de défaillances d’entreprises.

À Lire Aussi

Canicules, inondations et tempêtes : la vulnérabilité humaine et économique diminue avec les années

Mais, n’oublions pas qu’après la crise des subprimes, la mer s’était retirée plus loin que quiconque l’avait anticipé et avait révélé l’insuffisance des fonds propres des banques et des compagnies d’assurance. Quelle(s) surprise(s) pourrai(en)t nous réserver le retrait de l’Etat à la sortie de la crise sanitaire ? « Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir ». Cette boutade de Pierre Dac éclaire, de manière cruelle, la difficulté de cet exercice appliqué à l’économie. Elle est d’autant plus exacte que les fluctuations économiques dépendent, encore aujourd’hui, de l’évolution de la pandémie et du taux de vaccination.

Nous nous dirigeons peut-être vers un monde de dettes insolvables et, plus sûrement, vers une transition écologique. Si la responsabilité première en matière de politique climatique revient aux gouvernements (engagement vers la neutralité carbone, politiques sectorielles, taxes, incitations fiscales…), les groupes bancaires nationaux ont un rôle crucial à jouer afin de répondre aux attentes de plus en plus pointues des firmes en matière de projets de « finance durable » ou d’investissement responsable, qui nécessitent un temps long. Déjà, l’Eurosystème s’est engagé à soutenir et compléter l’action collective en matière de lutte contre le réchauffement climatique.

Ces institutions financières pourraient accompagner et orienter les firmes vers les solutions les plus adaptées, en proposant une gamme de services bancaires et financiers à la pointe de l’innovation. Plus qu’un taux d’intérêt, la rémunération des fonds prêtés, motivée par une préférence intemporelle, s’appuierait sur le taux de rendement interne des projets. Ce principe éliminerait, dans une certaine mesure, les distorsions économiques à l’origine de bulles financières. Grâce à leur savoir-faire en matière d’ingénierie financière, les banques pourraient créer un instrument financier s’inspirant d’un principe financier de la finance islamique : le partage des pertes éventuelles et des profits espérés (4P). Ce véhicule faciliterait, dans le « monde de demain », la convergence des intérêts et un meilleur dialogue entre les parties prenantes à la création de valeur dans l’entreprise.

Les enjeux liés au changement climatique sont considérables. Ils nécessitent l’implication de chacun et, à ce titre, le rôle du secteur financier dans le financement de la transition vers une économie bas carbone est déterminant. Alternative à la dette classique, socialement responsable, ce nouvel instrument serait un chemin vers une autre économie fondée sur la confiance et le maintien du lien social tout en promouvant une économie « en quête de sens ».

À Lire Aussi

Ce que les dômes de chaleur nous apprennent sur (ce que nous ne savons pas sur) le coût du dérèglement climatique

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !