Quand la guerre en Ukraine provoque des conséquences inattendues dans les anciennes républiques soviétiques<!-- --> | Atlantico.fr
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Volodymyr Zelensky et son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliyev posent pour des photos devant leurs drapeaux nationaux après leurs entretiens à Kiev, le 14 janvier 2022.
Volodymyr Zelensky et son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliyev posent pour des photos devant leurs drapeaux nationaux après leurs entretiens à Kiev, le 14 janvier 2022.
©SERGEI SUPINSKY / AFP

Opportunités pour l'UE

Cette guerre particulièrement violente et destructrice provoque des réactions inattendues dans plusieurs anciennes Républiques Soviétiques, l’Azerbaïdjan, et le Kazakhstan. Leurs décisions ou prises de positions créent des opportunités de rapports nouveaux avec elles, au lendemain de la cessation des hostilités. Ces changements créent donc des ouvertures pour évoquer l’évolution de la situation des droits de l’Homme dans ces mêmes pays

Gérard Vespierre

Gérard Vespierre

Gérard Vespierre est chercheur associé à la FEMO Fondation d’Études pour le Moyen-Orient, Fondateur du « Monde Décrypté ». Chroniqueur géopolitique IDFM 98.0.

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L’Azerbaïdjan a été l’un des premiers pays caucasiens, donc de la zone d’influence russe, à se ranger clairement derrière Kiev. Il a rejoint de ce fait son partenaire turc, qui joua récemment, un rôle si déterminant dans... la guerre et la victoire de l’Azerbaïdjan contre l’Arménie ! 

Un choix azerbaïdjanais résolu

Producteur de pétrole et de gaz, Bakou a immédiatement proposé à l’Ukraine de lui fournir des ressources énergétiques. Mesure symbolique, le réseau en Ukraine, des stations d’essence azerbaïdjanais SOCAR, a décidé de fournir gratuitement de l’essence aux ambulances, dès le début des hostilités.

Mais l’offre de coopération s'inscrit dans des accords plus larges, signés au début de cette année entre Kiev et Bakou. A cette occasion le président Zelensky a décidé de renforcer le partenariat stratégique entre les 2 pays, l’accord prévoyant aide et assistance mutuelle en cas d’agression extérieure contre l’un des 2 signataires.

En conséquence, dès le début du conflit les avions militaires azerbaïdjanais ont livré à Kiev, médicaments et matériel chirurgical.

La tolérance religieuse de l’Azerbaïdjan, musulmane chiite, vis-à-vis de l’Ukraine, chrétienne orthodoxe, est également à noter, et renforce la distance prise avec Moscou, déclencheur d’une guerre, entre chrétiens orthodoxes ! L’Union Européenne ne devra-t-elle pas tenir compte de l’ensemble de ces éléments, dans ses futurs échanges avec Bakou ?

Même signal, quoique différent de la part du Kazakhstan.

La distance Kazakh

Dans le cadre d l’Organisation du Traité de Sécurité Collective, le Kremlin a apporté son soutien militaire au président Kazakh, afin de rétablir l’ordre après les actions violentes qui ont endeuillé la capitale économique du Kazakhstan, Almaty, début janvier 2022.

On pouvait donc s’attendre à une réciprocité de soutien, et voir le Kazakhstan soutenir immédiatement Moscou.

Grande fut donc la surprise de voir le pouvoir Kazakh autoriser une manifestation de 2.000 personnes le 6 Mars à Almaty contre la guerre en Ukraine. Même si récemment une autre manifestation vient d’être « non autorisée », l’autorisation de la première participe de la volonté politique Kazakh de maintenir un équilibre entre son grand voisin russe, etses principaux clients et investisseurs énergétiques, l’Union Européenne, et les Etats-Unis.

Il y a là une nouvelle occasion pour l’Union Européenne d’avancer ses relations, ses intérêts, et ses valeurs. Démocratie, lutte contre la corruption, et droits de l’homme, constituent naturellement des points essentiels à débattre avec ces deux pays.

L’occasion s’offre donc pour Bruxelles de parler aux dirigeants Kazakhs, et de rappeler les valeurs que nous proposons, et aussi des situations que les Européens souhaiteraient voir positivement évoluer. Le cas de Karim Massimov, premier ministre pendant 7 ans, et actuellement détenu, est un exemple.

Ce n’est naturellement pas sa détention que nous avons à remettre en cause, mais les conditions qui lui sont appliquées.

Arrêté le 5 janvier, il a été « mis au secret » au motif de haute trahison. Il encourt donc la peine de mort. Son arrestation est intervenue juste après sa révocation, d’ailleurs réalisée en dehors de toute règle constitutionnelle. La Constitution Kazakh prévoit en effet que le Sénat participe à la désignation ou révocation, du responsable du Comité de Sécurité Nationale, ce qui ne fut pas le cas.

Par cette mise à l’isolement, Karim Massimov est tenu éloigné de sa famille, mais aussi de ses avocats. Pendant ce temps, les Autorités enquêtent sur une prétendue tentative de coup d’État. Ses accusateurs tirent argument du fait qu’il n’a pas donné l’ordre de tirer sur les manifestants !

Le gouvernement Kazakh a même récemment admis que 6 personnes, détenues dans le cadre des manifestations de janvier, sont mortes des suites de tortures. Les Autorités Kazakhs devraient immédiatement mettre fin à de tels abus. Elles devraient s’assurer que les droits des détenus sont intégralement respectés.

Le président Tokaîev devrait être encouragé à assurer à Karim Massimov un accès immédiat à ses avocats, et à sa famille., vis-à-vis du standing international de son pays.  A l’évidence, il devrait en être de même pour les centaines d’autres détenus.

La distance, même relative, du président Tokaïev par rapport au Kremlin, offre une occasion réelle de pouvoir en parler.

Et la situation en Biélorussie est à regarder de près...

Derrière le rideau Biélorusse

Certes la Russie utilise le territoire Biélorusse et ses infrastructures, pour envahir l’Ukraine par le nord, et raccourcir sa route vers Kiev.

Mais derrière cette situation officielle, où le pouvoir à Minsk doit sa survie à Moscou, il y a aussi le bataillon Kalinovski. Plusieurs centaines de biélorusses, et ce nombre approcherait 1.000, se sont engagés à défendre l’Ukraine, et combattre l’armée russe. Leurs actions se sont matérialisées par des opérations de sabotage sur la signalisation etsur les réseaux ferrés menant vers l’Ukraine. 

Sur le plan politique, et internationale, Joe Biden a pris soin, lors de sa venue en Pologne de s’entretenir téléphoniquement avec la principale opposante au président Loukachenko, Svetlana Tikhanovskaïa. Elle est venue à Varsovie pour écouter son discours... 

Les États-Unis, et d’autres pays occidentaux, n’ont nullement renoncé à leur action pour faire évoluer ce pays. Cela redeviendra possible quand Moscou sortira affaibli de se guerre Ukrainienne...

Les anciennes Républiques Soviétiques n’ont pas fini leur évolution...

Les conséquences globales de l’invasion de l’Ukraine par la Russie sont, à court terme, ou à long terme, difficilement cernables. Elles vont apparaître dans tous les domaines, politiques, diplomatiques, économiques et militaires.

Le déclenchement par la Russie de cette épouvantable guerre, crée de nouvelles fissures entre elle et son « étranger proche », les anciens territoires soviétiques.

L’Union Européenne doit impérativement tirer avantage de cette situation.

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