Primaires, l’effet Trump : pourquoi les Républicains lui doivent une fière chandelle malgré sa défaite dans l’Iowa<!-- --> | Atlantico.fr
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Donald Trump est dans la course. C’est l’ironie de l’histoire. Le grand perdant du vote de l’Iowa est l’artisan du succès des Républicains
Donald Trump est dans la course. C’est l’ironie de l’histoire. Le grand perdant du vote de l’Iowa est l’artisan du succès des Républicains
©Reuters

Trans Amérique Express

Hillary Clinton et Ted Cruz ont donc remporté le « caucus » de l’Iowa, premier vote de la campagne des primaires présidentielles aux Etats-Unis, avec une participation en progrès de 50% chez les Républicains, comparée aux élections de 2012. Et pour cause, la présence de Donald Trump poussent les Républicains vers les urnes.

Gérald Olivier

Gérald Olivier

Gérald Olivier est journaliste et  partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour occuper le poste de rédacteur en chef au mensuel Le Spectacle du Monde. Il est aujourd'hui consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique »

Il est aussi chercheur associé à  l'IPSE, Institut Prospective et Sécurité en Europe.

Il est l'auteur de "Mitt Romney ou le renouveau du mythe américain", paru chez Picollec on Octobre 2012 et "Cover Up, l'Amérique, le Clan Biden et l'Etat profond" aux éditions Konfident.

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Côté démocrate, l’ex-Première Dame Hillary Clinton est parvenue à préserver un avantage infime sur son adversaire, Bernie Sanders,  49,9% contre 49,6%. Cette marge de 0,3%  lui évite l’humiliation d’une seconde défaite dans cet Etat, après celle de 2008 face à Barack Obama. 

Côté républicain, Ted Cruz, chrétien évangélique, a profité de la prédominance de cette communauté (47% de l’électorat républicain dans l’Iowa) pour se hisser à la première place. Comme l’avaient déjà fait Rick Santorum en 2012, Mike Huckabee en 2008, et même George W. Bush en 2000, tous trois des candidats dont les positions politiques reflétaient les convictions religieuses. Cruz est parvenu à devancer Donald Trump, 28% des voix contre 24%, alors que Marco Rubio, le jeune sénateur de Floride, démontrait une popularité insoupçonnée en talonnant Trump avec 23% des voix. 

Au-delà de ces chiffres, et largement oublié dans les commentaires des médias qui se sont focalisés sur la défaite surprise du milliardaire newyorkais, un autre chiffre a fait saliver les pontes du parti républicain, celui de la participation ! Celle-ci a été quasiment deux fois plus forte qu’en 2012. Elle a même atteint un record historique. Record qui rend le parti républicain très optimiste pour l’élection générale de novembre. 

Ce 1er février 2016, Ted Cruz a reçu plus de cinquante et un mille votes, Trump quarante-cinq mille et Rubio quarante-trois mille. Soit près de cent quarante mille votes à eux trois. En 2012, par comparaison, Rick Santorum et Mitt Romney avaient reçu moins de trente mille votes chacun. L’ensemble des candidats avaient mobilisé cent trente mille électeurs à peine quand cette année le total cumulé des votes attribués aux candidats républicains approche les deux cent mille. Une progression de 50%. Pourquoi une telle différence ? Principalement parce que Donald Trump est dans la course. C’est l’ironie de l’histoire. Le grand perdant du vote de l’Iowa est l’artisan du succès des Républicains

Depuis l’annonce de sa candidature le 15 juin 2015 Donald Trump suscite un intérêt sans précédent. Quelques soient ses défauts, ses excès, ses provocations, ses insolences ou ses insultes, les Républicains lui doivent une fière chandelle car sa popularité apporte à ses adversaires et aux idées du parti une visibilité qu’ils n’auraient pas sans lui. 

L’effet Trump est quantifiable. Au mois d’août, pour le premier débat télévisé des primaires républicaines, la chaine Fox News avait enregistré une audience de 25 millions d’Américains. Cinq fois plus que l’audience moyenne générée par ce type d’événement. Quelques semaines plus tard un autre de ces débats, diffusé cette fois par la chaine CNN, offrait, à cette dernière, sa plus forte audience historique, 24 millions de personnes aux Etats-Unis. Le dernier de ces débats, qui a eu lieu le 27 janvier, a été boycotté par Donald Trump, en conflit avec une journaliste de la chaine. Conséquence de sa non-participation, l’audience est tombée à 12 millions. Elle a été divisée de moitié. Ce qui n’en constitue pas moins un chiffre supérieur à celui de l’audience du dernier débat démocrate entre Hillary Clinton et Bernie Sanders, pourtant diffusé un dimanche soir, créneau de grande écoute, dix millions de téléspectateurs. 

Certes un téléspectateur n’est pas forcément un électeur, et encore moins un électeur acquis à la cause. Toutefois,  malgré le climat de défiance sans précédent qui caractérise les relations entre l’électorat américain et le petit monde de Washington, l’entrée de Trump dans l’arène s’est traduite  par une vague d’intérêt sans précédent  pour la campagne et les enjeux électoraux. Une vague qui fait rêver les stratèges républicains. 

Pour beaucoup d’entre eux les victoires de Barack Obama en 2008, et surtout en  2012, ont été acquises grâce à sa capacité à faire venir chez les Démocrates des électeurs qui, jusque-là, ne s’exprimaient pas. Qu’ils s’agisse de minorités, de jeunes, de femmes, ou de personnes âgées, les deux candidatures Obama sont parvenues à intégrer de nouveaux électeurs dans le processus. En  2012 le taux de participation au sein de la communauté noire américaine a été de 87% ! Un record et un chiffre largement supérieur à celui de la participation au sein de la communauté blanche. 

Les Républicains estiment que s’ils parviennent à dupliquer cette réussite, avec leur électorat, ils emporteront la Maison Blanche en novembre. En 2012 Mitt Romney a perdu par cinq millions de voix d’écart. Un trou  mais pas un gouffre. Les stratèges de la campagne de Ted Cruz estiment que les électeurs blancs qui n’ont pas fait l’effort d’aller voter en 2012 mais demeurent mobilisables en 2016, sont deux à trois fois plus nombreux. Toute la stratégie de Ted Cruz consiste d’ailleurs à cultiver les plus conservateurs  de ces « électeurs manquants »  convaincu que leur seule présence pourrait faire pencher la balance en sa faveur. 

Donald Trump, loin de nuire au parti républicain, ou de le discréditer, comme certains l’écrivent, lui rend depuis neuf mois, un service inestimable. Sa place de second dans l’Iowa est apparue  comme une bénédiction supplémentaire. C’était le meilleur résultat que les caciques du parti pouvaient espérer. En effet ces derniers craignent comme la peste de le voir emporter la nomination. Selon eux, elle serait synonyme d’une défaite assurée face à Hillary en novembre. La deuxième place de Donald Trump dans l’Iowa démontre qu’il est encore loin d’avoir la nomination en poche. Il va devoir batailler s’il veut l’emporter. Dès la semaine prochaine dans le New Hampshire. Donc rester engagé et actif dans la campagne. Meilleur moyen de maintenir au plus haut l’intérêt des électeurs américains pour la cause républicaine. 

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