Pourquoi les relations franco allemandes vont vers un durcissement malgré la nouvelle coalition au pouvoir <!-- --> | Atlantico.fr
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Les relations entre François Hollande et Angela Merkel vont se durcir.
Les relations entre François Hollande et Angela Merkel vont se durcir.
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Contrairement à ce que les dirigeants français pensaient, les relations avec l’Allemagne vont se durcir pendant le troisième mandat d’Angela Merkel : son gouvernement n’est pas encore au travail, la coalition CDU-CSU/SPD n’est pas encore approuvée… Les signes d’un durcissement de la position allemande en Europe se multiplient tous les jours à Berlin mais aussi à Bruxelles et même à Francfort au conseil de la BCE.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La presse allemande ne se prive pas de manifester la grogne des Allemands et des dirigeants contre le laxisme des pays qui ne réussissent pas à suivre une ligne responsable. Cette perspective commence à inquiéter les dirigeants français qui ont évidemment besoin de la garantie allemande dans la négociation avec les marchés. La France aura encore besoin l’année prochaine de lever près de 170 milliards d’euros sur les marchés financiers pour assurer le financement de sa dette. La France aurait aussi besoin d’un assouplissement des conditions de redressement budgétaire imposée par l’Allemagne, sans parler de la possibilité d’émettre des euro-obligations pour financer des grands projets.

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La France a cru, très sincèrement, que la nouvelle situation politique permettrait à Angela Merkel  d’infléchir sa position vers plus de fédéralisme au niveau de la gouvernance. Laquelle gouvernance permettrait plus de solidarité entre les États membres. Par ailleurs, l’obligation de négocier un compromis sur le salaire minimum était un premier indicateur de la volonté de l’Allemagne de céder quelques points de compétitivité. Plus de salaires, plus de frais généraux, c’est à terme plus de consommation intérieure et par conséquent moins de pression sur les exportations. Donc plus de marges pour les autres économies dont l’économie française. En réalité, les choses ne vont pas suivre ce scénario pour trois raisons.

La première, c’est qu’Angela Merkel a compris pendant sa campagne électorale que le peuple allemand était, en majorité, opposé à payer les factures des autre pays européens. Il lui faudra donc n’assurer que le service minimum. L’inflexion donnée par Mario Draghi à la banque centrale européenne vers plus de souplesse est l’objet de toutes les critiques des dirigeants allemands, relayés très bruyamment par la presse allemande. La dernière décision prise par la BCE de baisser les taux d’intérêt aurait été prise contre l’avis des représentants allemands au conseil de Francfort.

La deuxième raison appartient aux milieux d’affaires. L’industrie allemande a besoin des marchés européens en équilibre mais pas à n’importe quel prix. Pour tous les observateurs le modèle allemand pourra conserver son avance de compétitivité encore très longtemps. D’autant que cet avantage ne porte pas sur les prix mais sur la qualité des produits. Le monde entier achète des Audi ou des BMW mais certainement pas parce qu’elles seraient moins chères que les autres.

Pas question de continuer à subventionner la Grèce ou l’Italie et demain la France. Le ministre des Finances allemand s’est permis la semaine dernière de critiquer très ouvertement François Hollande en lui reprochant de n’avoir ni cap, ni politique économique cohérente. Ces propos au conseil de l’Écofin. Pierre Moscovici a été obligé, pour convaincre ses collègues de sa crédibilité, de soutenir publiquement son directeur du trésor, Ramon Fernandez, que l’on disait condamné à Paris par Jean-Marc Ayrault. Tout cela fait désordre et n’annonce pas une détermination farouche à reformer en profondeur le système français.

La troisième raison tient à un évènement peu connu. Au départ, il était évident que l’Allemagne militait pour un renforcement de la gouvernance européenne, allant même jusqu’à prôner des institutions fédérales. Elle a aujourd’hui changé d’avis au point de militer pour un repliement très nationaliste.

D'après des sources proches de la chancellerie, c’est François Hollande qui l’aurait convaincu que l’Europe n’était pas prête, et que la crise rendait impossible toute ouverture. Or, Angela Merkel comptait sur la France avec des dirigeants nourris au lait de Jacques Delors pour impulser ces idées fédérales. Pendant sa campagne électorale, François Hollande à complètement abandonné cette ambition qui était pourtant dans l’ADN du PS.

Lors des premiers entretiens qui ont suivi la présidentielle, Angela Merkel a compris que jamais la France serait à ses côtes. Dans ces conditions, aucun chef d’État ne prendrait le risque d’un référendum sur la création des États-Unis d’Europe.

Elle a donc conçu un projet ou les avancées européennes seraient à minima. Conséquence, si Berlin ne s’investissait pas en Europe de l’Ouest elle pourrait très bien se tourner vers l’est, la Pologne et toutes les anciennes républiques soviétiques. A commencer par l’Ukraine à qui l’Allemagne a fait les yeux doux.

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