Pourquoi les Français sont plus enclins à la réforme qu'ils en ont l’air<!-- --> | Atlantico.fr
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33% des Français estiment que l'on devrait d'abord réduire les dépenses publiques au sein de l'armée.
33% des Français estiment que l'on devrait d'abord réduire les dépenses publiques au sein de l'armée.
©Reuters

Le changement c'est maintenant

Contrairement à une idée communément admise, les Français n'auraient pas d'aversion particulière pour le changement et seraient prêts à accepter les réformes nécessaires. Le hic ? Ces mesures ne coïncident en fait pas avec l'intérêt de la classe politique.

Robin Rivaton

Robin Rivaton

Robin Rivaton est chargé de mission d'un groupe dans le domaine des infrastructures. Il a connu plusieurs expériences en conseil financier, juridique et stratégique à Paris et à Londres.

Impliqué dans vie des idées, il écrit régulièrement dans plusieurs journaux et collabore avec des organismes de recherche sur les questions économiques et politiques. Il siège au Conseil scientifique du think-tank Fondapol où il a publié différents travaux sur la compétitivité, l'industrie ou les nouvelles technologies. Il est diplômé de l’ESCP Europe et de Sciences Po.

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Alors qu’un nouveau sondage mené par l’Ifop vient de paraître, faisant ressortir les pistes d’économie privilégiées par les Français pour réduire les déficits publics, les politiques de tous bords se sont bien gardés de le commenter. Il faut dire que ce sondage s’inscrit à la suite d’une série d’enquête montrant le vrai visage des Français.

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(Cliquez sur l'image pour agrandir)
Source : sondage réalisé par l'Ifop pour le Journal du dimanche et publié le 10 novembre 2013

Le discours habituel veut que la responsabilité du déclin de la France repose sur la société dans son ensemble, comme si nous avions tous été frappés d'une sorte de déterminisme culturel, maladie incurable et collective, qui nous rendrait, imperméables à la mondialisation, résistants de pacotille à des forces qui nous dépassent, incapables de nous projeter et résignés à chuter inéluctablement. Bien évidemment, notre trouble se traduirait par un refus total d’engager des réformes qui nous aideraient à nous intégrer enfin dans la mondialisation.

Cette maladie du corps social, qui nous toucherait tous, fournit une protection évidente, la meilleure des excuses, à ceux qui ne veulent rien changer, les tenants du conservatisme, rentiers de toutes espèces, et permet de repousser habilement tout effort de réforme. C'est la peur irrationnelle du "déchirement du tissu social", de la "fracture sociale" qui est opportunément opposée à tout réformisme.

Or enquête après enquête, il apparaît qu’après avoir compris la réalité du monde qui les entoure, les Français sont prêts à accepter les réformes pour conformer leur modèle économique et social aux exigences d’un monde dont ils ont pleine conscience.

Catalogués inaptes en économie, irréductibles réfractaires au marché, drogués à la redistribution, les Français montrent une parfaite connaissance des domaines où doivent être opérés les arbitrages budgétaires pour ne pas casser la croissance économique. En tête, s’impose la refonte de la structure politico-administrative, héritage d’un empilement continu sur deux siècles qui représente un surcoût de dépenses de l’ordre de plusieurs dizaines de milliards d’euros et génère l’essentiel de la complexité obérant la croissance. La réduction du nombre de députés, largement plébiscitée, s’inscrit dans ce même mouvement de simplification du découpage politique.

Evidemment ces mesures-là ne coïncident pas avec l’intérêt bien senti de la classe politique dont l’instinct naturel est la préservation. Si la proposition de fusionner les départements et les régions obtient l’assentiment de deux Français sur trois et figure dans l’intégralité des rapports commandés par chaque mandature, de la commission Balladur en 2009 à la mission Jospin en 2012, la réforme ne se fera jamais tant elle s’apparente à un plan de licenciement au sein du lobby le plus puissant de la République, à savoir la dizaine de milliers de personnes vivant directement de la politique.

Dans ces conditions, si les Français sont aussi intelligents, pourquoi se prononcent-ils en faveur de candidats et de plateformes électorales dans lesquelles ces élans réformistes sont absents voire condamnés ? Le constat gauche-droite est inopérant pour analyser cette contradiction. De manière transpartisane, de l’extrême droite à l’extrême gauche se répartissent sur l’échiquier politique les détenteurs de rente et leurs champions. En face, ceux qui supportent les coûts d’entretien de ces rentes sont résignés, désintéressés de la politique, incapables d’y faire passer leurs idées. Le corps électoral ne reflète pas donc pas la réalité du corps social et, dans le souci de la réélection, il est légitime que les hommes et femmes politiques flattent les votants.

Pourtant, tout n’est pas perdu. L’homme ou la femme politique qui, rompant avec les habituels réflexes conservateurs, entendrait cette aspiration réformiste alignerait son intérêt individuel avec l’intérêt collectif. Nul doute que son succès électoral serait garanti à court-terme mais qu’au surplus les résultats économiques lui assureraient un avenir de longue période.

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