Pourquoi les dangers de l'ibuprofène sont largement sous-estimés en France<!-- --> | Atlantico.fr
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Un comprimé d'ibuprofène.
Un comprimé d'ibuprofène.
©Reuters

Plus de mal que de bien ?

L'ibuprofène, anti-inflammatoire très prisé, pourrait être responsable de troubles intestinaux.

Sauveur Boukris

Sauveur Boukris

Sauveur Boukris est médecin généraliste.

Enseignant à Paris, il participe à de nombreuses émissions de radio et de télévision sur les questions de santé. Il est l'auteur de plusieurs livres médicaux dont "Santé : la démolition programmée", aux Editions du Cherche Midi.

Il a écrit  "Médicaments génériques, la grande arnaque" aux Editions du Moment.

Son dernier livre s'intitule "La fabrique des malades" aux Editions du cherche midi.

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Atlantico : Certains scientifiques s'accordent sur le fait que l'ibuprofène puisse entraîner une hyper-perméabilité de la flore intestinale, et des troubles intestinaux. Qu'en est-il ? Quels sont les dangers et les effets secondaires connus de l'ibuprofène ?

Sauveur Boukris : Tout médicament, quel qu'il soit, présente des risques et toute la médecine réside dans l'équilibre entre bénéfices et risques pour les malades. L'ibuprofène appartient à la catégorie des anti-inflammatoires que l'on appelle non-stéroïdiens. En clair, qui ne contiennent pas de cortisone. Les anti-inflammatoires non-stéroïdiens agissent sur les angines, les bronchites. En somme, toutes les inflammations ORL. D'autres anti-inflammatoires agissent sur les articulations dans les cas d'arthroses, d’arthrites.

L'ibuprofène agit dans les cas d'inflammations ORL. Ce type d'anti-inflammatoires pris en respectant les doses de prescription, n'entraînent en général presque aucun effet secondaire en raison de la courte durée du traitement. En revanche, un anti-inflammatoire non-stéroïdiens pris sur une longue durée, expose le patient à trois types de complications. Tout d'abord, comme le médicament s'élimine par le rein, on peut trouver des signes d’insuffisances rénales en particulier chez les personnes âgées et les sujets fragiles. Ensuite, les atteintes peuvent être hépatiques. Certaines hépatites peuvent en effet être dues à l'ibuprofène. Vous avez aussi, des coliques pseudo-membraneuses, c'est-à-dire des petites inflammations du gros intestin qui peuvent entraînées des douleurs et des diarrhées. Ce sont des incidents qui existent mais ils demeurent rares. Il faut rester vigilant. Les allergies sont en revanche plus rares car ces médicaments sont prescrits sur de très courtes périodes.

Des chercheurs néerlandais ont fait le lien entre la prise d’ibuprofène et l'augmentation du rythme cardiaque. Qu'en est-il ?

Je prescris de l'ibuprofène tous les jours et je n'ai jamais connu de tels effets secondaires. L'ibuprofène peut effectivement entraîner une petite accélération cardiaque. En pratique, des millions d'anti-inflammatoires sont prescrits. A ma connaissance, il n'y a pas eu de réels incidents. On ne peut donc pas dire qu'il y a danger. Il faut être vigilant mais il ne faut pas non plus tomber dans la suspicion. Il n'y pas de scandale.

Mais quand une personne est fragile d'un point de vue intestinal ou rénale, mieux vaut proscrire la prise à une courte durée.

L'anti-douleur est-il une nouvelle drogue en libre service ?

Non, car les dépendances s'observent principalement dans les psychotropes, dans les morphiniques de classe 2. Car les patients qui en prennent souffrent de douleurs considérables et étant donnée l'efficacité de ces médicaments sur la douleur, le risque existe bel et bien. De peur d'avoir mal, les gens peuvent prendre le médicament en prévention. La dépendance psychologique est tout aussi importante que la dépendance physique. Cette dépendance psychologique n'existe pas sur les anti-inflammatoires de type ibuprofène.

Devrait-on arrêter de prendre ces médicaments constamment ?

D'une manière générale, nous prenons trop médicaments. Ce comportement est très français. Au moindre mal de tête, nous prenons un anti-inflammatoire. Nous avons le réflexe du "tout médicamenteux". Il faut freiner la consommation. Parfois un mal de crane disparaît alors que le médicament ingéré n'aura même pas encore fait son effet. Le vrai risque réside dans l'association de médicaments. Nombreux sont les patients qui prennent des médicaments tous les jours, notamment parce qu'ils sont atteints de maladies chroniques, et à côté de cela vous prenez des médicaments au coup par coup. C'est l'association des deux qui peut parfois présenter un danger. D'une manière générale, moins on prend de médicaments, mieux c'est et quand on prend des médicaments de longue durée toute sa vie, mieux vaut éviter les à coup et prévenir son médecin.

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