Pourquoi le 21 avril 2002 est en réalité une défaite cuisante pour le Front national<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Pourquoi le 21 avril 2002 est en réalité une défaite cuisante pour le Front national
©Reuters

Bonnes feuilles

Bloqué par un "plafond de verre" ou... aux portes du pouvoir ? Parti politique "comme les autres" ou force politique à part ? Acteur incontournable du paysage électoral comme du jeu partisan, le FN est à la croisée des chemins. Joël Gombin revient sur quatre décennies d'histoire du Front, et propose un état des lieux sans concession du parti : tensions internes, positionnement hésitant dans le paysage politique, ressorts électoraux, stratégies et scénarios pour 2017. Extrait de "Le Front National" de Joël Gombin, aux Editions Eyrolles (2/2).

Joël Gombin

Joël Gombin

Joël Gombin est doctorant en science politique au CURAPP (Université de Picardie-Jules Verne – CNRS).

Ses travaux portent  notamment sur le vote en faveur du Front national et sur les comportements politiques des mondes agricoles.

Voir la bio »

La genèse du dernier épisode en date de respectabilisation du parti peut aisément remonter jusqu’au 21 avril 2002. Alors que les opposants au FN, aussi bien que les observateurs, ont analysé l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle comme un succès inédit pour le parti frontiste, en faisant même une date capitale de l’histoire politique contemporaine, le sentiment des dirigeants du FN, et en premier lieu de son président et candidat à la présidence de la République, est tout autre. Comme le soulignent Philippe Cohen et Pierre Péan, "Le Pen […] n’a nullement perçu son accession au second tour comme une victoire".

Au contraire, pour lui, les éléments déterminants sont l’absence de réserve de voix permettant de progresser d’un tour à l’autre – il est de ce point de vue plus lucide que les militants antifascistes, qui agitent la menace d’une victoire de Le Pen – ainsi que la force et l’étendue des mobilisations à l’encontre du Front national. Ils soulignent l’impasse politique dans laquelle se situe le Front national, trente ans après sa création. Et ce d’autant plus que le niveau électoral atteint par Jean-Marie Le Pen en 2002 n’a rien d’exceptionnel : il rassemble au premier tour 11,8 % des électeurs inscrits, soit marginalement mieux qu’en 1988 (11,7 %) ou en 1995 (11,6 %). C’est le niveau de l’abstention, et surtout la fragmentation de l’offre électorale, qui donnent le coup de pouce décisif permettant au leader frontiste de franchir un cap symbolique important, mais en aucun cas un palier électoral.

L’émergence de Marine Le Pen

Un autre élément permet d’étayer le 21 avril 2002 comme date symbolique annonçant la période mariniste du Front national. En effet, c’est lors de la soirée électorale du second tour, le 5 mai 2002, que Marine Le Pen réalise l’une de ses premières apparitions médiatiques nationales : elle représente le parti de son père sur le plateau de France 3. En réalisant une prestation jugée efficace, elle s’impose comme une "bonne cliente", à laquelle les médias, audiovisuels en particulier, vont de plus en plus recourir. Elle permet en effet de répondre à la fois à la demande de renouvellement des personnalités politiques apparaissant dans les médias, et à l’exigence de reconnaissance par le public, grâce à son nom, encore mieux identifié que la marque politique Front national.

Le succès médiatique de Marine Le Pen est attesté et en même temps renforcé par la campagne électorale qu’elle mène aux élections législatives qui suivent à Lens, dans la 13e circonscription du Pas-de-Calais. Elle bénéficie d’une très grande attention médiatique, qui se concrétise par le score qu’elle obtient (24,2 % des suffrages exprimés) dans une circonscription historiquement socialiste et populaire. Elle est certes battue au second tour, mais elle entre ainsi dans le cercle fermé des dirigeants dont l’audience électorale personnelle dépasse celle de la marque frontiste. Son capital politique est en voie de constitution.

Extrait de "Le Front National" de Joël Gombin, aux Editions Eyrolles. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !