Pourquoi la Chine fait le siège de Dunkerque<!-- --> | Atlantico.fr
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Le port de Dunkerque.
Le port de Dunkerque.
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Décod'Eco

Changement politique et ralentissement économique avaient un peu endormi la consommation chinoise de matières premières, au moins médiatiquement. Mais le géant asiatique est réveillé et il a faim, au point qu'il vient se ravitailler sur les côtes françaises après neuf ans d'absence.

Florent Detroy

Florent Detroy

"Florent Detroy est journaliste économique, spécialisé notamment sur les questions énergétiques, environnementales et industrielles. Voir son site."
 
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Les habitants de Dunkerque ont probablement été surpris de voir le Moon Globe mouiller dans leur port fin août dernier. Affrété par la compagnie singapourienne Noble, le vraquier a pris le chargement d’une cargaison de 63 000 tonnes de blé français. Ce n’est que la première d’une série de livraisons qui devrait atteindre au total, d’ici octobre, 220 000 tonnes.

Cela faisait neuf ans exactement qu’aucun navire asiatique ne s’était approché des côtes de la région. Habituellement, la Chine s’approvisionne en Australie ou aux Etats-Unis pour les céréales. La ligne maritime Dunkerque-Guangzhou va-t-elle devenir un axe maritime majeur ?

Il est bien évidemment trop tôt pour le dire. Par contre, le fait que la Chine s’aventure jusque dans le Pas-de-Calais pour s’approvisionner en blé est un indice que la demande chinoise progresse… et que Pékin est à nouveau prêt à tout pour assurer ses approvisionnements.

Un moteur qui redémarre…

Depuis quelques semaines, on observe un retour de la Chine sur les marchés des matières premières. Le pays avait réussi à faire oublier sa faim inextinguible de matières depuis un an, alors que l’actualité se concentrait avant tout sur le changement politique.

Le moindre geste des deux nouveaux personnages à la tête de l’Etat - le Premier ministre Li Keqiang et le président Xi Jinping - était scruté et analysé alors que l’économie chinoise s’enfonçait dans la crise. 10 mois après leur arrivée, nous ne sommes pas vraiment plus avancés. Comme l’explique Pierre-Olivier Rouaud dans l’Usine Nouvelle, la nouvelle équipe du président affiche “un curieux mélange de reprise en main (censure, anticorruption…) et de réformisme revendiquée”.

Quelle que soit la recette de l’exécutif, leur arrivée a permis de modifier la trajectoire du pays. L’économie montre des signes de bonne santé depuis plusieurs semaines. Les derniers chiffres d’HSBC ont été particulièrement remarqués. Selon la banque britannique, l’indice PMI Manufacturier flash s’est établi à 51,2 en septembre. Si l’indice dépasse le chiffre d’août, il inscrit surtout un plus haut depuis six mois, confirmant un mouvement de reprise dans l’Empire du Milieu.

Sans retrouver le faste des années 2000, la demande connaît à nouveau un essor.

…des matières à la hausse

Les importations et les exportations en août ont surpris les analystes par leur vigueur. Deux secteurs notamment tirent actuellement la demande en métaux : les chemins de fer et la construction. Ces derniers sont soutenus financièrement par le gouvernement ces derniers mois. Ainsi les importations de fer ont bondi de 10,5% en août dernier (comparé à août 2012), pour atteindre 69,01 millions de tonnes. Elles ont été tirées vers le haut par les sidérurgistes chinois, dont la production a augmenté de 5% entre juillet et août.

La demande de pétrole a suivi. Les importations ont augmenté de 16,5% comparé à août 2012, même si elles se sont révélées en retrait comparé à juillet. Elles sont en hausse de 2,9% sur les huit premiers mois de l’année comparé à 2012 sur la même période. La même tendance est observée sur le cuivre.

Comme le résume Julian Zhu, à la tête de la recherche sur les matières premières de Goldman Sachs en Chine, “d’ici la fin de l’année, nous anticipons que la demande chinoise en matières premières continuera de se redresser”. Pékin doit partager cette analyse, car depuis quelques mois, les groupes chinois ont réactivé leur politique d’acquisitions tous azimuts à l’étranger. Tout ça à la barbe encore une fois des Occidentaux.

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