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Pourquoi l’OCDE dramatise le ralentissement de l’économie mondiale
©DANIEL ROLAND / AFP

Edito

Habituellement feutrée dans ses prévisions, l’OCDE vient de sortir de sa prudence légendaire pour donner par de nouvelles prévisions pessimistes un coup de semonce aux gouvernements.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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A croire les professionnels du château de la Muette, l’économie mondiale est entrée dans une mauvaise passe, alors qu’on évoque la fin du cycle de prospérité le plus long que les Etats-Unis aient connu, ce qui pourrait annoncer des jours difficiles à l’ensemble de la planète étant donné son rôle moteur dans les pays développés.

Le tournant serait apparu à l’été 2018 : alors que le premier semestre avait encore été satisfaisant, une sorte de cassure s’est produite, qui a impacté déjà fortement les statistiques du deuxième semestre. Les causes en sont bien connues : bras de fer entre les Etats-Unis et la Chine, approche du brexit, abondance de liquidités qui ne s’investissent pas alors que le loyer de l’argent tombe pratiquement à zéro. Dès lors, la croissance mondiale reviendrait à 3,3% cette année, contre 3,6% l’an dernier, avec un recul des échanges internationaux qui affecterait particulièrement les nations exportatrices comme l’Allemagne, qui perdrait 0,7% de rythme de croissance à un pour cent seulement, sans que l’on puisse s’attendre à un redressement en 2020. L’Italie est déjà entrée en récession avec une chute de 0,2% de son produit intérieur brut. Paradoxalement, la France serait moins touchée, car elle est moins dépendante de ses exportations, mais son taux d’expansion tomberait néanmoins à 1,3%, bien loin des objectifs du gouvernement, avec le risque d’une remontée du chômage, alors que les crédits n’ont jamais été aussi bon marché : dans l’immobilier, ils viennent de battre le record de baisse d’octobre 2016 puisqu’on peut emprunter sur vingt ans à 1,55% seulement contredisant ainsi tous ceux qui récemment encore annonçaient une remontée du loyer de l’argent.

La banque centrale européenne a immédiatement donné son appui au nouveau discours de l’OCDE, en révisant à son tour ses prévisions à la baisse avec une croissance prévue de 1,1% pour la moyenne européenne cette année au lieu de 1,7 annoncés en décembre dernier. Elle entend tout mettre en oeuvre pour freiner les mouvements dépressifs, mais ses moyens sont devenus très médiocres compte tenu de la faiblesse des taux d’intérêt. Son président Mario Draghi a néanmoins annoncé le lancement de crédits géants à long terme pour permettre aux banques (qui sont ainsi mises sous perfusion) de proposer aux entreprises des prêts à des taux imbattables.

En fait, l’OCDE, tout comme la BCE, jouent une sorte de va-tout pour mettre les gouvernements au pied du mur. Elles ont pris le parti de dramatiser la situation pour déclencher un sursaut dans le monde des affaires. En laissant les taux au plus bas, elles veulent prouver que l’on peut empêcher la poursuite, voire l’accélération du ralentissement. Elles soulignent que la période est cruciale pour enrayer la tendance au repli sur soi, derrière ses propres frontières. Jamais l’argent n’aura été aussi disponible pour envisager de grands projets collectifs. Toute la question est de dégeler les initiatives, de retrouver la volonté et l’énergie pour remonter le courant et surtout de restaurer une confiance qui continue de faire défaut alors que les besoins d’investir n’ont jamais été aussi grands face à une population mondiale qui continue de grandir.

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