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Pourquoi l’éclaircie immobilière risque d’être de courte durée
©Reuters

Edito

Plombé durant des années par la loi Duflot, le marché immobilier français aura connu en l’espace d’un an un véritable chamboulement, avec 840000 nouveaux propriétaires. Mais cette embellie devrait rapidement se tarir par manque d'une vision à long terme.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Alors que la croissance reste toujours caractérisée par une maladie de langueur, un secteur sort du lot cette année en France : l’immobilier, en proie à une euphorie qui a surpris tout le monde par sa rapidité et son ampleur. La construction revient pourtant de loin avec la fameuse loi Duflot qui avait plongé  tout le secteur dans l’anémie  pendant  trois ans, avant que le gouvernement  ne se décide à revenir sur un dispositif qui pénalisait les propriétaires sans permettre aux locataires de se loger convenablement.

Aujourd’hui, les choses ont bougé pour plusieurs raisons. D’abord la population du pays continue de croître, augmentant d’autant les besoins. Par ailleurs, les Français poursuivent un effort d’épargne, préférant se constituer une cagnotte liquide en vue de leurs vieux jours. Dans ce contexte l’immobilier est le placement qui les séduit le plus, alors qu’ils demeurent toujours réservés vis-à-vis de la bourse et des placements financiers, trop aléatoires à leurs yeux. D’autant plus que le niveau excessivement  bas des taux d’intérêt leur donnait l’impression de pouvoir emprunter presque gratuitement.

Au total, le marché immobilier aura connu en l’espace d’un an un véritable chamboulement. 840 000 nouveaux propriétaires ont vu le jour cette année, provoquant certaines tensions sur les prix qui avaient eu tendance à s’assagir et qui viennent de retrouver les niveaux de 2008. Le paysage se trouve profondément modifié, entre les régions recherchées en raison du dynamisme  dont elles font preuve et celle qui sont de plus en plus délaissées en raison de la désertification, de la disparition de leurs industries. Le contraste s’accuse ainsi entre la région parisienne, avec des prix qui ont franchi la barre des 8500 euros le mètre carré dans la capitale, pour quinze arrondissements sur vingt, représentant deux fois la facture à acquitter à Nice, la ville qui vient au second rang au tableau et où les prix ne dépassent  pas quatre mille euros le mètre. Alors qu’on trouve tout au bas de l’échelle Saint-Etienne où l’on peut acquérir un bien à moins de mille euros le mètre carré.

De pareils écarts bouleversent l’ensemble de la vie régionale. A côté des locomotives que sont devenues Nantes, Bordeaux ou Strasbourg, on constate qu’un véritable déclin commence à affecter des métropoles qui avaient eu longtemps le vent en poupe, comme Grenoble, Toulon ou Marseille.

Cela dit, la vague d’achats à laquelle on vient d’assister pourrait se tarir assez rapidement, car elle correspond à des réflexes à courte vue, sans manifestation d’une stratégie à long terme. Deux facteurs principaux ont joué : le bas niveau des taux d’intérêt, qui appartient déjà au passé, avec la lente remontée du loyer de l’argent qui a commencé, les achats amorcés dans les cités les plus dynamiques par des français rapatriés de Grande-Bretagne en particulier en raison du Brexit. Par ailleurs, dans les périodes préélectorales, il  est logique de marquer une pause, en attendant de connaître la future équipe qui détiendra le pouvoir et qui se trouvera confrontée à une situation qui est toujours la même depuis quarante ans, et qui s’est  aggravée depuis. Car aucune réforme de fond n’a véritablement  été tentée. La France croule sous le poids de normes de plus en plus contraignantes, estimées à quatre mille en matière de construction et d’aménagement. La fiscalité est également écrasante. Face à ces menaces étouffantes, on ne  peut que constater la légèreté des programmes des candidats à l’élection présidentielle, comme si l’immobilier était le cadet de leurs soucis, alors qu’il y va du confort des générations futures.

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