Pourquoi il y a plus de morts massives d’animaux que jamais auparavant ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Science
Les animaux sont réellement en voie de disparition
Les animaux sont réellement en voie de disparition
©wikipédia

Bactérie

Une étude de l'Université de San Diego révèle que la mortalité brutale de certains animaux a augmenté durant ces dernières années. Une diminution de la population animale qui pourrait conduire à leur extinction. La cause : une destruction des écosystèmes côtiers, la surexploitation des stocks de poissons, la dissémination d'espèce au quatre coins de l'océan et le dérèglement climatique.

Gilles Boeuf

Gilles Boeuf

Gilles Boeuf est professeur à l’université Pierre et Marie Curie, Président du Muséum national d’histoire naturelle, et océanographe.

Voir la bio »

Atlantico : Selon une étude de l'Université de San Diego, la mortalité massive (brusque) de certains animaux a augmenté chaque année, durant les sept dernières décennies. Cette mortalité massive, qui peut tuer plus de 90% d'une même espèce, est en augmentation chez les oiseaux, les poissons et les invertébrés marins. Comment peut-on expliquer ce phénomène grandissant ? Quelles en sont les causes ?

Gilles Bœuf :  Le travail de cette étude confirme les travaux déjà publiés par WWF qui étudié 2000 populations animales différentes. Rien que durant ces quarante dernières années, nous avons constaté une diminution importante et inquiétante du nombre d'individus dans les populations animales et végétales. Tous les travaux scientifiques le démontrent, il y a une chute de perte des animaux dans l'océan globale notamment. Attention cependant à ne pas confondre l'exctinction d'une espèce animale et la disparition du nombre des individus qui la composent, même une disparition trop rapide et grandissante peut amener au déclin d'une espèce.

Les quatre raisons qui expliquent ce phénomène sont notamment dues à l'homme :

  • On constate une destruction des écosystèmes côtiers (les hommes y font des villes, des ports, les côtes sont bétonnées). C'est un phénomène très présent en Méditerranée qui est la mer la plus touchée en Europe par la destruction du littoral.  Le deuxième aspect qui est lié avec le premier c'est la pollution, qui n'est pas que côtière. La pollution des mers est également due à ce qui est ramené par les fleuves sur les côtes. Nous savons que l'océan global a été pollué entièrement (ce que l'on constate par l'existence d'un océan de plastique en plein milieu de l'océan pacifique, au large des côtes).  Ces deux pollutions expliquent les deux tiers de la pollution marine.
  • L'exploitation des stocks est également une cause. Nous pêchons trop au risque d'assécher les ressources marines renouvelables, qui sont le propre de la vie. La surpêche consiste à dépasser les seuils de capacité des fosses marines à se régénérer. Prenez l'exemple du thon rouge. En 2000, on constate une augmentation du nombre de restaurant japonais, le prix du thon rouge passe de 3 euros kilo à 100 euros. On a éradiqué entre 2000 et 2007, 83% de la population des  thons rouges. Une diminution qui peut découler sur l'exctinction du thon. Heureusement, plusieurs règlements ont réussi à sauver le stock de thon avant qu'il ne disparaisse complètement.
  • Troisième raison, c'est la dissémination d'espèce dans tous les coins de l'océan, notamment à cause du traffic maritime marchand. Les grands bateaux marchands européens, pour ne pas faire leur route avec des soutes vides, les remplissent d'eau de mer. Lorsqu'ils vont chercher du pétrole en Orient pour remplir leur stock, ces bateaux déchargent l'eau présente dans leur soute, pleine de bactérie, de plancton et de microsystème dans une mer dans laquelle ils n’ont pas l'habitude de vivre. Ce qui a une incidence directe sur la disparition des espèces locale en mer.
  • Enfin, le dérèglement climatique est une cause notoire. Il entraîne un changement de température brusque, ce qui oblige les espèces marines à migrer, pour vivre dans des climats plus adéquates. Même si la planète a connu de nombreux épisodes de changement climatique, de réchauffement, certains animaux ne résistent pas aux dérèglements climatiques lorsqu'il est trop rapide car ils n'ont pas le temps de s'y habituer. Par ailleurs, avec l'augmentation de la température de la terre, cela crée une augmentation de la masse d'eau de la mer, ce qui induit une montée du niveau de l'eau. A cela doit s'ajouter la fonte des glaciers. Ce dérèglement climatique est également une conséquence des émissions de gaz carboniques par l'humain qui augmente le degré d'acidité des océans, ce qui ne c'était pas produit depuis des millénaires. Le CO2 est rejeté pour moitié dans l'atmosphère et pour moitié dans les océans. Certes, s'il y a moins de CO2 dans l'atmosphère, il y a moins de gaz à effet de serre et moins d'effet sur le climat, mais la mer reste autant polluée. Elle diffuse elle-même du gaz carbonique.

Comment peut-on faire la distinction entre une mortalité de masse et la disparition naturelle d'une espèce qui n'est pas due à l'influence de l'homme sur l'environnement?

La donnée est prendre en compte c'est le  temps. Une espèce peut toujours s'éteindre. Elle vit environ 3 millions d'années sur les continents et 7 à 8 millions dans les océans. Quand on voit une espèce animale ou végétale s'éteindre dans un temps très court, en seulement quelques années par exemple, on sait que c'est la conséquence des activités de l'homme. Mais l'extinction d'une espèce peut également être due à l'écrasement d'une météorite, un séisme volcanique, ou tout autre phénomène naturel qui peut impacter directement une espèce. Prenez comme exemple les mammouths, on peut expliquer sa disparition par les changements climatiques de l'époque.

L'humain a toujours eu une influence sur la  vie sauvage et ceci depuis 10 000 ans. Mais la destruction de la nature, sa surexploitation et son action sur le climat ont évolué depuis quelques années, son impact sur la nature se ressent en conséquence. Des espèces récentes, comme la vache marine qui vivait sur les côtes de Sibérie, ont totalement disparu à cause de l'homme. Lorsque les européens débarquent dans la région pour pouvoir la pêcher, elle finit par disparaître en dix ans de temps. Même chose pour cet oiseau, le Dodo, qui vivait sur l'île Maurice. Les hommes le découvrent vers 1680, mais cinq ans après l'oiseau disparaît entièrement de la surface de l'île.

Ce sont dans des temps aussi court que l'on peut dire que la disparition d'espèces est la faute des hommes.

A partir de quel moment doit-on s'alarmer de l'activité de l'homme néfaste sur son environnement ?

L'homme doit comprendre qu'il est constitué de trois quart d'eau. Cette molécule est tellement banale qu'on en finit par l'oublier. Or elle est vitale pour l'homme. La destruction de la biodiversité sur la terre est très révélatrice de l'activité de l'homme, les changements climatiques effondrent nos stocks d'animaux, à chaque fois que l'homme touche un peu trop à la nature, il creuse un peu plus sa tombe. Dès que l'on  constate une perte biologique, cela peut amener à notre propre extinction, car on peut finir par ne plus pouvoir boire de l'eau ou respirer de l'air.

Selon cette étude, effectuée sur plus de 2400 espèces animales, l'ampleur de cette mortalité s'est intensifiée depuis 1940 pour les oiseaux, les poissons et les invertébrés, mais  a diminué pour les reptiles et les amphibiens, tandis qu'elle reste stable pour les mammifères. Pourquoi certaines espèces sont-elles plus touchées que d'autres, en l'occurrence les oiseaux et les poissons ?

La vérité c'est que cette mortalité du nombre d'individus dans les espèces touche autant les mammifères et les amphibiens. La recherche sur laquelle vous vous basée a peut-être été effectuée dans un endroit où l'espace marin a été plus touché que le continent. On a bien vu le cas du loup en France. L'humain actuel ne supporte plus de vivre à côté d'un autre prédateur car il lui fait de la concurrence. C'est la même chose pour le tigre qui finira par disparaître avant les herbivores, car il peut présenter un danger direct pour les populations locales.

Quel est le risque à long terme dans la disparition de certaines bactéries marines sur l'espèce humaine ?

Dans le vivant tout est lié. Avant l'apparition de l'homme, il y a eu dans les eaux, des virus qui se sont transformés en bactérie, puis en petit poisson etc. Si jamais vous toucher au début de la chaîne alimentaire, vous risquer de détruire tout le reste. Le tout petit est fondamental pour notre espèce. Le vivant, c'est d'abord des bactéries, en tant qu'être humain nous sommes fait de cellules humaines mais nous avons beaucoup plus de bactérie sur nous. Ce sont les microbes qui font tous les  tissus vivants de la planète. 

Propos reccueillis par Sarah Pinard

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !