Portrait-robot du Président idéal des classes moyennes pour 2012<!-- --> | Atlantico.fr
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Honnêteté, intégrité : le Président idéal, c’est d’abord le Président à qui on peut se fier.
Honnêteté, intégrité : le Président idéal, c’est d’abord le Président à qui on peut se fier.
©Reuters

Les classes moyennes face à la crise

136 Français issus des classes moyennes amenés à converser du 26 août au 7 septembre sur la plateforme collaborative Freethinking. Résultat : une étude sur leur perception de la crise et leurs attentes pour la présidentielle 2012. Premier épisode : ce que ces Français attendent du futur Président.

Véronique  Langlois et Xavier Charpentier

Véronique Langlois et Xavier Charpentier

Véronique Langlois et Xavier Charpentier ont créé en mars 2007 FreeThinking, laboratoire de recherche consommateur 2.0 de Publicis Groupe.

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Le premier enseignement de cette investigation est que le portrait robot du candidat / Président idéal est très précis. Et il correspond à une tradition républicaine qu’ils ne jugent pas suffisamment ou même pas du tout représentée par le personnel politique actuel

Nous avons proposé à nos participants un jeu interactif pour essayer de mieux comprendre, au-delà de la sinistrose ambiante, à quoi devrait ressembler le candidat idéal pour la prochaine élection présidentielle. Et ce à partir d’un « point fixe » historique à la fois connu de tous, incontestable et étranger, le Président Kennedy, à travers une question projective sur ce que pourrait être un « Kennedy français ». En réaction à cette figure historique et en même temps inspirés par elle, cinq traits saillants caractérisent le candidat « idéal » pour 2012 aux yeux de ces Français de classes moyennes. 

1-     Honnêteté, intégrité : le Président idéal, c’est d’abord le Président à qui on peut se fier. Un champ lexical employé par plus de 40% des contributeurs… Un élément nouveau : c’est aussi un homme indépendant, n’appartenant à aucun groupe social particulier, et donc n’étant pas suspect d’être sous l’influence de tel ou tel intérêt particulier. Assumant et affichant une certaine solitude du pouvoir.

« Mon utopie est que cette personne soit vraiment quelqu’un qui soit honnête, franc, loyal et qui n’ait absolument aucun lien ni soutien d’un quelconque lobby que ce soit. Je voudrais une personne qui non seulement n’ait pas forcément 50 000 idées ou projets mais bosse et concrétise réellement pour rétablir une justice sociale et une justice tout court. »


2-     Simplicité : le Président idéal en temps de crise, c’est l’homme simple qui sait faire comprendre le monde complexe au peuple, affronter le réel tel qu’il est, prendre les décisions et assumer son rôle de chef sans jamais prendre de poses ou calculer son comportement. C’est le Président non pas seulement anti-bling bling mais anti-com. Un simple « premier citoyen », le contraire d’un people.

“Comme beaucoup l’ont dit, il faudrait quelqu’un de simple, issu de la base, pas un énarque, franc, qui ne s’accaparerait pas les thèmes à la mode (…) pour s’attirer les faveurs de tel ou tel électorat.”

“Qu’il ne dise pas : « je sais » mais « j’écoute ce que vous avez à dire"
"Qu’il ne se sente pas au-dessus de la mêlée mais un citoyen comme les autres à qui les électeurs ont confié davantage de moyens pour faire au mieux pour tous.”

3-     Proximité : le Président idéal en temps de crise, c’est un Président proche, et même tellement proche qu’il est identifié au peuplepuisqu’il en vient. Ce point injecté dans la conversation par un des internautes est extraordinairement repris et commenté  par les autres – comme si la fracture entre les élites et les classes moyennes était telle aujourd’hui que seul un homme venant « d’en bas » pouvait comprendre ce qui s’y passe…

“J’aimerais qu’il se préoccupe véritablement des soucis des Français, qu’il soit proche d’eux, le mieux serait qu’il vienne de la classe populaire et qu’il ait galéré pour en arriver là, qu’il fasse des entailles dans l’opulence de l’Etat et surtout qu’il ne soit pas comme tous les autres à faire des promesses qu’il ne tiendra jamais, mais à mon avis on peut toujours rêver!!!”

4-     Dévouement : le Président idéal, c’est celui qui fait naturellement passer l’intérêt supérieur de l’Etat avant le sien. Dans le vocabulaire employé, là encore, une immense majorité des contributions comporte la présence des notions de « mission », « sacrifice », « devoir », par opposition à la notion de « narcissisme » pour la première fois explicitement injectée sur le blog par les internautes eux-mêmes. En moins d’une journée, c’est plus de 40 occurrences de ces mots qui sont relevées dans les contributions postées. Ce qui compte – et cet élément de langage et de raisonnement est très nouveau -, c’est la capacité à se dédier totalement et à s’exposer dans sa pratique de la décision politique. C’est la capacité à se mettre en danger plutôt qu’à jouir du pouvoir. 

“Je voudrais quelqu’un qui ait vraiment la volonté de faire quelque chose, de bâtir ou reconstruire pour les autres et non pour une ambition personnelle et la soif de pouvoir.”

“Il faudrait une personne simple, honnête, travailleuse. Qui ait le sens des valeurs, de la moralité. Qui s’intéresse au bien-être des Français avant le sien. Qui voit à plus long terme que le temps de son mandat”

“Le Président idéal serait quelqu’un de courageux faisant passer l’intérêt de la France avant le sien et celui de ses amis, redonner le goût du travail et revaloriser celui-ci, les politiques doivent donner l’exemple et être prêts à se sacrifier pour le bien de la nation, mais les Français doivent aussi changer de mentalité et accepter de faire des efforts.”

5-     Autorité : « poigne », « fermeté », « se faire respecter »… Nombre de contributions sont très claires enfin sur le besoin de chef qui existe dans l’imaginaire de ces citoyens souvent désorientés qui s’expriment sur le blog. Être obéi et imposer les bonnes décisions, y compris par le rapport de force, en France même et avec les partenaires de la France : il faut pour cela qu’il ait du caractère, au sens de la volonté d’exercer réellement le pouvoir, de la capacité à se faire respecter et obéir. On parle bien ici d’imperium, de sens du commandement, et pas simplement d’une autorité morale. Les mots et les expressions quelquefois crus employés sont sans ambiguïté.

« Bref on est mal barré car aucun (candidat potentiel) ne me semble vraiment posséder toutes les qualités d’un bon président : juste, loyal, équitable, honnête et suffisamment énergique et avec un franc parler pour montrer aux autres pays qu’on ne se laisse pas faire et qu’on n’est pas les derniers. »

“Il faudrait un Président avec une grande autorité comme DE GAULLE dont l’intérêt était la France et non ses amis. RETABLIR l’ordre serait son cheval de bataille et non des mots lancés pour faire plaisir. L’action plutôt que le blabla.”

“Pour redonner de l’élan au pays, il faudrait que la personne qui souhaite diriger le pays se mette à la place de toutes les classes sociales en essayant de faire des compromis. Il ou elle devrait nous redonner confiance en combattant les fortes inégalités et surtout ne pas être une langue de bois. Dire les choses franchement, réaliser des audits auprès des citoyens avant de prendre des lourdes et importantes décisions. »


Pour une révolution républicaine

Cette fermeté requise, cette capacité à s’imposer n’excluent pas - bien au contraire - de donner au peuple la possibilité de faire entendre davantage sa voix : une percée notable du thème du référendum est à noter sur ce blog, par rapport à ce que nous avions pu observer depuis le début de l’année. Décider, c’est d’abord mieux écouter.

“Le nouveau Kennedy français devra déjà être plus à l’écoute des Français (pourquoi pas plus de référendums et cette fois quand le peuple dit NON ne pas faire passer de force certaines lois…)”

“Une femme ou un homme qui respecterait le vote des citoyens et qui pour les grandes décisions passerait par un referendum.”

Au final, un constat s’impose avec évidence : c’est la demande d’un retour à quelques valeurs ancestrales de la res publica dans ce qu’elle a de plus sévère. C’est l’attente d’un premier citoyen « à la romaine », et au delà, d’une nouvelle pratique de la chose publique. Un désir de changement politique porteur de ce que l’on pourrait appeler une « Révolution Républicaine ».   

« UN PRÉSIDENT OU UNE PRÉSIDENTE QUI INCARNE QUELQUE CHOSE DE NOUVEAU EN SE BASANT SUR DES PRINCIPES QUI ONT FAIT LEURS PREUVES DANS LE PASSE. »

(Épisode 2 de cette étude : Mais où est donc passé le "made in France" ?)

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