Police au banc des accusés : ces erreurs politiques payées cash par les Américains après la mort de George Floyd <!-- --> | Atlantico.fr
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George Floyd a été tué en 2020 par la police de Minneapolis.
George Floyd  a été tué en 2020 par la police de Minneapolis.
©STEPHEN MATUREN GETTY IMAGES NORTH AMERICA Getty Images via AFP

Violence policière

Les données américaines montrent que les tentations de blâmer la police (et de la définancer) après les mouvements Black Live matters et Defund the police n’ont pas du tout eu l’effet escompté.

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet est essayiste et auteur de nombreux ouvrages historiques, dont Histoire des présidents de la République Perrin 2013, et  André Tardieu, l'Incompris, Perrin 2019. 

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Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Atlantico : Après la mort de George Floyd, en mai 2020 à Minneapolis, Les Etats-Unis ont connu une vague d'émeutes qui a accompagné l'envol du mouvement Black Lives Matter. Que s'est-il passé depuis ?

Xavier Raufer : L'année 2020 a vu les homicides exploser aux États-Unis. Pour le think-tank apolitique Council on criminal justice, ce taux d'homicides est "historique" : sur les 34 métropoles analysées dans l'étude du Council, de la plus petite, Norfolk, Virginie, (245 000 habitants), à New York (8,4 millions d'hab), 29 ont connu cette explosion des homicides. Comparer ces homicides de 2019 à 2020, en révèle 1 268 en plus, + 30% en moyenne.

Parmi les villes où l'explosion criminelle fut la pire en 2020 ; New York, Chicago & Los Angeles, absorbant à elles seules 40% des 1 268 homicides de plus qu'en 2019.

- New York en 2020, sur 2019 : homicides, + 43%, fusillades (de 769 à 1 518), + 97%,

- Chicago : 774 homicides, 278 de plus qu'en 2019 (+ 55%),

- Philadelphie : + 40% d'homicides sur 2019 (pire bilan depuis 30 ans),

- Los Angeles : 349 homicides en 2020, + 38% sur 2019,

- Saint-Louis : 252 homicides en 2020, pire bilan sur 50 ans (87 hom. pour 100 000 habitants ; moyenne, Union européenne, ± 2/100 000 homicides/hab.)

A quoi peut-on attribuer ces chiffres ?

Xavier Raufer : Ce réel désastre criminel est-il dû au hasard ? Oh que non.

D'abord, rappelons la "progressiste"-médiatique crise d'hystérie anti-police qui en 2020, déferle sur ce pays. Exemple, l'éditorial halluciné du New York Times du 12 juin 2020 "Oui, littéralement, abolissons la police". Ainsi de suite, de la Californie à la frontière canadienne.

Réaction des mairies qu'en France, nous dirions "de gauche" : massacrer les budgets de leur police ; en tête bien sûr, celle de Minneapolis, à l'origine de la vague émeutière qui débute le 25 mai 2020, quand l'Afro-Américain George Floyd y est étouffé par des policiers. Peu après, la mairie ampute le budget de sa police de 8 millions de dollars. Idem dans les villes "progressistes" du pays, d'abord à Portland (Oregon) où pourtant, le siège local de la justice fédérale est, chaque nuit, assailli trois mois de suite par des "Antifa" ivres de violence impunie. New York (budget amputé de $ 1 milliard) abolit d'un trait de plume le recrutement et la formation de 1 200 policiers.

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Chaos plus hystérie anti-police : le bilan figure dans le rapport de 26 pages publié fin janvier 2021 par la "National Commission on COVID 19 and criminal justice" (Council on criminal justice). Il porte sur 34 métropoles des États-Unis et les homicides commis en 2020. Un désastre : de 2019 à 2020, le taux d'homicide y a bondi de + 30% ; 1 268 assassinats de plus ; 40% pour Chicago (+55% d'homicides, 748 pour 481 en 2019), New York (+ 43%, 437 pour 314 un an avant) et Los Angeles (+ 36%). À New York encore, les fusillades explosent en un an de + 97%. Et ça persiste début 2021 : Chicago, janvier 2021 sur jan. 2020, braquages de véhicules (car-jacking) + 180%. À Los Angeles, dans les quartiers Noirs (South LA), 7 blessés par fusillades du 1e au 15 janvier 2020 ; mêmes dates en 2021 : 59 blessés. Les homicides eux-mêmes ? + 32% de janvier 2020 à janvier 2021.

Honnie par la gauche et les médias, la police est paralysée. Au 2e semestre 2020, l'élucidation des homicides est à - 24% à New York. Partout dans le pays, les arrestations et inculpations s'effondrent - les criminels sont à la fête. Lors des émeutes, les comptages empiriques montrent que 90% des émeutiers échappent aux poursuites.

Pour le Council on criminal justice, l'orgie meurtrière est "sans précédent dans le monde moderne". Hormis les homicides, dans les métropoles précitées, les vols avec violence (avec ou sans armes à feu) bondissent eux aussi de 15% - malgré le confinement !

Qui sont les victimes ?

Xavier Raufer : Mais qui est tué dans l'hécatombe ? Dans le chaos "Black Lives Matter" de l'été 2020, à Chigago, les victimes d'homicides soit Noires à 82% et Blanches à 4%. À New York, la plupart des fusillades de 2020 éclatent dans les cités HLM de la ville (NYC Housing) où les résidents sont presque tous Noirs ou Latinos.

En 2019, les États-Unis comptent 16 425 homicides (connus). En 2020 ce chiffre atteint 21 500 morts, En 2022 : 22 900.

"Black Lives Matter", vraiment ?

Janvier 2021 a été terrible à Minneapolis : sur janvier 2020, viols, + 22% ; blessures par balles, + 250% ; vols violents, + 59%. La municipalité doit rendre 6,4 millions de dollars à sa police, pour embaucher dare-dare des policiers et rétablir l'ordre : tout ça pour ça...

Les données américaines montrent que les tentations de blâmer la police (et de la définancer) après les mouvements Black Lives Matter et Defund the police n’ont pas du tout eu l’effet escompté. Si nous laissons faire ceux qui usent du drame de Nahel pour s’attaquer à la police, risquons-nous les mêmes conséquences ?

Maxime Tandonnet : Une vague de contestation anti-police a touché les Etats-Unis à compter du 25 mai 2020, après la mort atroce de George Floyd, étouffé par des policiers, filmée et diffusée sur des vidéos. En réaction, la mairie de Minneapolis a réduit le budget de sa police de 8 millions de dollars. Plusieurs villes ont suivi le mouvement comme celle de New York où le budget a été amputé d’un milliard de dollars, la cité renonçant au recrutement et la formation de 1 200 policiers. L’éditorial du New York Times du 12 juin 2020 proclamait : "Oui, littéralement, abolissons la police". Or, cette défiance envers la police coïncide avec une poussée de la criminalité. Le bilan figure dans le rapport de 26 pages publié fin janvier 2021 par la "National Commission on COVID 19 and criminal justice" (Council on criminal justice). Il porte sur 34 grandes métropoles des États-Unis. En 2020, le taux d'homicide y a bondi de + 30% c’est-à-dire 1 268 assassinats de plus. À New York, les fusillades explosent en un an de + 97%. Vilipendée par les médias, la police se trouve affaiblie et démotivée. Au second semestre 2020, l'élucidation des homicides est à - 24% à New York. Partout dans le pays, les arrestations et inculpations s'effondrent. Lors des émeutes, les comptages empiriques montrent que 90% des émeutiers échappent aux poursuites.

Comment éviter de reproduire les mêmes erreurs politiques en France ?

Maxime Tandonnet : Il est essentiel d’éviter les généralisations en partant d’un drame aussi épouvantable soit-il que la mort du jeune Nahel tué par le tir d’un policier lors d’un refus d’obtempérer. Certes nous sommes face à une tragédie, mais il faut que l’IGPN, la police des polices et la justice établissent toute la lumière sur ce qui s’est passé en parfaite objectivité. Et en fonction des circonstances, que la justice fasse son œuvre en toute indépendance et en toute équité. Le pire des dangers serait de voir dans ce fait dramatique un phénomène courant, habituel. Et puis il faut aussi mettre l’accent sur l’extrême difficulté – qui n’excuse rien évidemment – de l’action policière face à la criminalité et la délinquance dans les cités sensibles. C’est une vérité que les policiers sont souvent considérés comme des ennemis dont l’autorité n’est plus reconnue. La peur et les blessures sont le lot quotidien des forces de l’ordre. On dit qu’un policier sur dix est blessé chaque année en région parisienne. Tout cela doit être dit. D’ailleurs, il ne faut jamais laisser sans réponses les polémiques anti-police de l’ultra-gauche. Le fond du problème, c’est que la police doit être clairement soutenue par le pouvoir politique.  Les fautes ou les crimes éventuels doivent être sanctionnés à hauteur de leur gravité. Mais globalement, il faut que la police comme la gendarmerie se sentent soutenues sans état d’âme par le pouvoir politique et aimées par la Nation et ses représentants. Sinon, elles risquent le découragement et même la révolte. Et alors tout est à craindre comme une nouvelle poussée de l’insécurité et de l’impunité.

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