Philippe Djian : « Anxiété, ou la crise existentielle »<!-- --> | Atlantico.fr
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L'écrivain Philippe Djian.
L'écrivain Philippe Djian.
©Joël SAGET / AFP

Atlantico Litterati

Philippe Djian publie « Faites vos jeux » (Julliard). C’est-à-dire L’Autre et soi dans la tempête.Plusieurs moi(s), plusieurs voix. Quel que soit l’autre, si nous l’aimons, il/elle nous torture sans le savoir. Et parfois, en le sachant…

Annick Geille

Annick Geille

Annick GEILLE est journaliste-écrivain et critique littéraire. Elle a publié onze romans et obtenu entre autres le Prix du Premier Roman et le prix Alfred Née de l’académie française (voir Google). Elle fonda et dirigea vingt années durant divers hebdomadaires et mensuels pour le groupe « Hachette- Filipacchi- Media » - tels Playboy-France, Pariscope et « F Magazine, » - mensuel féministe (racheté au groupe Servan-Schreiber par Daniel Filipacchi) qu’Annick Geille baptisa « Femme » et reformula, aux côtés de Robert Doisneau, qui réalisait toutes les photos d'écrivains. Après avoir travaillé trois ans au Figaro- Littéraire aux côtés d’Angelo Rinaldi, de l’Académie Française, AG dirigea "La Sélection des meilleurs livres de la période" pour le « Magazine des Livres », tout en rédigeant chaque mois pendant dix ans une chronique litt. pour le mensuel "Service Littéraire". Annick Geille remet depuis sept ans à Atlantico une chronique vouée à la littérature et à ceux qui la font : « Atlantico-Litterati ».

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Une île  presque déserte, une tempête provoquée par le dérèglement climatique, un père presque aimant et ses deux enfants presque bons, soit quelques « parfaites imperfections » du genre humain pendant ce dérèglement du « moi » qu’incarne chez Djian et  bien des artistes la valse cahotique des egos dans l’expérience amoureuse. Philippe Djian- relisant sans doute Sartre un soir d’insomnie- a décidé  d’illustrer la philosophie sartrienne du bon usage de l’Autre par ce « Pour soi »  qu’est chaque humain.L’  « expérience de soi » favoriserait en effet, selon Sartre, une meilleure compréhension des Autres. Certes, dit Djian, mais les rouages se grippent parfois. En amour, dans l’amitié, en famille ou avec des inconnus, lors des catastrophes climatiques … Philippe Djian n’a jamais été un romancier béat, la quiétude n’est pas son genre, ni les  livres« feel good »son territoire,mais dans ce beau roman choral  l’auteur devient un Djian particulièrement grinçant ; très en forme,  mais glaçant .

Ce que nous dit Djian dans « Faites vos jeux » (  faites vos « je » en lacanien ?) :  chez Sartre, le cogito me  fait découvrir ma propre existence  et celle d’autrui ; la prise de conscience  du « pour-Soi » mène à une meilleure compréhension du « Pour-Autrui ».Certes. Sartre fait du lien moi/autrui le lieu de sa philosophie pratique et morale. Parfait. Malheureusement, dit Djian qui en fait la preuve avec ce nouveau roman, cette morale devient une  impasse existentielle dès que nous aimons et désirons.Parfois,il  ne nous reste plus alors qu’à assumer la lourdeur ontologique de celui qui aime le plus,  ce lourdaud que nous sommes parfois face à l’Autre et que peint si bien Roland Barthes dans ses « Fragments d’un discours amoureux » ( Point- Seuil) (cf.  celui qui aime le plus au sein du couple devenant fatalement celui qui pèsera le plus lourd sur la balançoire de l’amour, perdant alors tout son charme et sa grâce initiale) ….Autrui étant parfois notre bourreau, il ne nous reste plus alors qu’à souffrir en mesure lorsque l’Autre souffre pour d’autres raisons. « Au fond, je ne pensais pas être une personne si étrange, si compliquée, à la fois si forte et si faible. C'est surprenant. L'expérience de la solitude, du temps qui passe. L'expérience de soi …»,  dit l’auteur de « 37,2 le matin dans « Oh »-  l’un de ses précédents romans, distingué en 2012 par le Prix Interallié (puis devenu « Elle » -avec Isablle Huppert- dans le film qu’en fit Paul Verhoeven). Djian joué par Huppert, quel bel enfer.

« L’enfer, c’est les autres », constate Jean-Paul Sartre dans  « Huis-Clos ». C'est par la médiation du regard d’autrui et parfois du sentiment de honte qui émerge en nous que nous réalisons les conséquences de nos actes » observe un critique « C'est parce que les autres  sont ce qu'il y a de plus important pour nous que ce jugement est lourd à porter »,. Une impasse existentielle, donc, que  saisit et peint Philippe Djian  dans son nouveau roman « Faites vos jeux » ( faites vos JE en lacanien)  tout en scrutant au fil de ses 233 pages  le « pour soi » de chacun des membres d’une même famille  prisonniers de la tempête dans tous les sens du terme,  l’île s’abîmant en sa catastrophe climatique  et semant le désordre intérieur chez chacun des protagonisstes . Pour Philippe Djian,  qui réussit ici son roman sans doute le plus désabusé, le plus pessimiste,pas de sentiments, ou pas comme il faudrait pour obtenir un jour, un quart d’heure, qui sait, la moindre réciprocité. L’amour chez Djian ?  Jamais présent au bon moment et souvent  trompeur ou trompé. A côté de la plaque, l’amoureux se plante quand l’île devient aussi folle que ses habitants.Les vieux ne veulent pas de maison de retraite, au contraire, ils souhaitent vivre avec leur fiancées, les  jeunes rêvent de la femme du voisin, le voisin voudrait être ailleurs, etc. Parmi les 50 romans de Djian, savamment troussés, dosés, travaillés au millimètre près pour que l’intrigue et les personnages aient l’air « naturels » et  saisis sur le vif -comme  dans la vraie vie le bon coiffeur fabrique pour ses  meilleures clientes un « brushing » d’un naturel sidérant- cette chevelure qui semble d’autant plus  libre qu’elle est  le résultat d’un  rare savoir-faire-, chez Philippe Djian, l’humanité semble non seulement se chercher, mais s’être perdue en cours de route, les personnages étant tous plus ou moins des êtres en situation de handicap psychologique, victimes-coupables prisonniers d’eux-mêmes et des autres en une vision Djianesque des relations humaines,soit  un enfer sans issue de secours. Pour donner plus de force au récit fictionnel, Djian a composé un roman choral : les protagonistes prennent le micro chacun à leur tour. Bien vu. « Faites vos jeux » explore en ses moindres recoin le pessimisme désabusé de l’auteur, si bien que l’on pense à  la peinture de Munch(Edward Munch - 1863-1944) : « Anxiété ».  L’ expressionnisme de Munch photographie  à la perfection l’angoisse, l’échec, la peur « humaine, trop humaine » de ses contemporains, « Anxiété » (1884) étant son chef-d’œuvre illustre parfaitement la psyché de Djian. « Victor n’avait pas l’intention de leur céder un seul pouce de son nouveau territoire. Il envisageait même de les foutre à la porte si la tension montait et la réaction d’Edith tout à l’heure, devant Magalie, augurait mal de la suite. Il n’était pas fier de les avoir engendrés, ces deux-là. » (Page 37 Philippe Djian/Faites vos jeux). Pas de bons sentiments chez Djian. Pas de « papa » et « maman » gnangnans, mais des parents refroidis par la bêtise de leur progéniture. Balzac aurait aimé ce cynisme, cette froidure.Aujourd’hui la France est peuplée de mamans et de papas.(Djian ne sera jamais quelqu’un qui se décrit à l’antenne comme un « papa » - le vocable « papa » appartiendra plutôt au vocabulaire de son enfant, comme il se doit.« Donc, c’est fini ai-je lâché  sur un ton maussade cependant qu’elle s’allongeait à mes côtés.

Oui, ça y ressemble, a-t-elle répondu. C’est l’inconvéniant de n’avoir qu’une vie. Comment tu as pu me faire une chose pareille, ai-je dit. On était presque mariés. »

Presque. Ce mot est la description de chaque personnage dans la tourmente, tous presque bons,  avec de rares intervenants presque mauvais,  tous pathétiques en cette tragédie du paysage et de l’humanité ; nous ne rions pas d’eux car Philippe Djian s’est arrangé pour qu’ils nous ressemblent en leur destin de prisonniers des autres, asservis à eux mêmes en somme,d’une manière ou d’une autre pris au piège  (« La bonne histoire consiste en choses à moitié dites qui demandent à être complétées par la propre expérience de l’auditeur …» (John Steinbeck ; « Tortillat Flat »). Et ceci :  «  Ecoute, merde.Il a fallu que le ciel se déchaîne. Quand j’ai posé les yeux sur toi, j’ai eu l’impression de me réveiller, de sortir du néant ;Qu’est-ce que j’y peux.Tout a valdingué, tout a été englouti. Hein, qu’est ce que tu comprends pas. Si c’est pas un signe d’après toi,  il te faut quoi. » Elle haussa les épaules. » (Page 118). Et enfin cela  :  « A L’aube, en rentrant, je me suis arrêté devant chez elle sur le trottoir d’en face. J’ai levé les yeux vers sa fenêtre. Les rideaux étaient tirés.Plus loin, je me suis assis sur un banc pendant que le soleil se levait et étendait l’ombre des immeubles avant de se voiler. J’ai pensé, mon Dieu, changez- moi en statue ».

Il s’agit d’une sœur qui a du caractère, un sacré tempérament. Stérile dans tous les sens du terme, elle n’aime aucun homme et surtout pas ceux avec lesquels elle couche.Son frère l’aime sans le savoir tout en le sachant.Tout est  fichu d’avance, en somme. Beau et glaçant. Bravo Philippe Djian


                                                     Annick GEILLE

Repères Philippe Djian ( sources Babelio)

Romancier, nouvelliste et scénariste Philippe Djian ( né à Paris en 1949) est  un écrivain majeur  et une figure  littéraire de premier plan sur la scène culturelle française; Djian écrit « comme on parle » sauf que personne ne peut écrire comme lui, avec cette décontraction étudiée, ce langage parlé ( très travaillé), cette facilité extrêmement sophistiquée.

Journaliste dans l’âme Djian  observe  la comédie humaine  en reporter  de la presse quotidienne nationale car il est diplômé de l'École supérieure de journalisme de Paris. (…) Ancien docker au Havre, magasinier chez Gallimard, etc. Djian a aussi été  vendeur en sa jeunesse folle. Il interviewa Lucette Destouches, veuve de Céline, pour  le « Magazine Littéraire  » en bon reporter de toutes sortes d’intériorités, d’où la richesse et l’humanité prodigieuse  de ses personnages « humains trop humains », tous prisonniers d’eux-êmes, tous dépendants des autres, tous « parfaitement imparfaits ». L’enfer c’est les autres, disait Sartre, mais  surtout soi-même.  

Le premier livre, de Djian "50 contre 1", paraît en 1981. L'adaptation au cinéma par Jean-Jacques Beineix de son roman, "37°2 le matin" en 1986, le fait connaître du grand public.DJIAN a publié "Lent dehors" (1991), "Sotos" (1993), une trilogie composée de "Assassins", "Criminels" et "Sainte-Bob" parue en 1998, "Ça, c'est un baiser" (2002), "Frictions" (2003), "Impuretés" (2005), la trilogie Doggy bag (2005-2008).
"Bleu comme l'enfer" (1983) est adapté au cinéma en 1986 par Yves Boisset.

 En 2009 parait "Impardonnable", Prix Jean-Freustié, adapté au cinéma par Téchiné avec A. Dussolier et C. Bouquet, puis "Incidence" (2010), adapté au cinéma en 2013 par les frères Larrieu sous le titre "L'amour est un crime parfait". "Oh"- qui obtient le prix Interallié 2012 est porté à l'écran en 2016 sous le titre "Elle" par Paul Verhoeven avec Isabelle Huppert.

Œuvres (source Wikipedia)

Entre autres ouvrages publiés par Djian :Bleu comme l'enfer : roman, Paris, B.F.B., 1982adapté au cinéma en 1986 par Yves BoissetZone érogène, Paris, Bernard Barrault, 1984

·37°2 le matin, Paris, Bernard Barrault, 1985, 36adapté au cinéma  par Jean-Jacques Beineix

·Maudit manège (trad. de l'anglais), Paris, Bernard Barrault, 1986, Échine, Paris, Bernard Barrault, 1988,

·Lent dehors, Paris, Bernard Barrault, 1991Sotos, Paris, Gallimard, 1993 

·Assassins, Paris, Gallimard, 1994) - premier volet d'une trilogie18

·Criminels : roman, Paris, Gallimard, 1997,deuxième volet de la trilogie18

·Sainte-Bob, Paris, Gallimard, 1998 dernier volet de la trilogie18

·Vers chez les blancs : roman, Paris, Gallimard, 2000 Ça, c'est un baiser : roman, Paris, Gallimard, 2002

·Frictions : roman, Paris, Gallimard, 2003Impuretés, Paris, Gallimard, 2005,

oDoggy Bag : Saison 1, Paris, Julliard, 2005, Doggy Bag : Saison 2, Paris, Julliard, 2006,

oDoggy Bag : Saison 3, Paris, Julliard, 2006, Doggy Bag : Saison 4, Paris, Julliard, 2007, prix La Coupole 2007

oDoggy Bag : Saison 5, Paris, Julliard, 2007 Doggy Bag : Saison 6, Paris, Julliard, 2008, disponibles chacun en réédition Pocketdisponibles en 2 tomes (Saisons 1, 2, et Saisons 4, 5, 6 chez Pocket

oDoggy Bag : l'intégrale, Paris, Julliard, 2010 les 6 Saisons en un volume

o

Impardonnables, Paris, Gallimard,  2009Prix Jean-Freustiéadapté au cinéma en 2011 par André Téchiné

·Incidences, Paris, Gallimard, coll. « Blanche », 2010 adapté au cinéma en 2013 par les frères Larrieu sous le titre L'amour est un crime parfait

Vengeances, Paris, Gallimard2011« Oh… », Paris, Gallimard2012Prix Interallié adapté au cinéma en 2016 par Paul Verhoeven sous le titre Elle

·Love song, Paris, Gallimard 2013,

·Dispersez-vous, ralliez-vous !, Paris, Gallimard, coll. « Blanche », 2016 Marlène, Paris, Gallimard,  2017

·À l'aube, Paris, Gallimard, coll. « Blanche », 2018, Les Inéquitables, Paris, Gallimard, coll. « Blanche », 2019,)

·2030, Paris, Flammarion, 2020Double Nelson, Paris, Flammarion, 2021

·Sans compter, Paris, Flammarion, 2023

·

·Récit« Ardoise », Paris, Julliard, 2001, Ouvrage consacré, selon  les dires de Philippe DJIAN , aux « dix premiers [écrivains] qui ont bouleversé  sa vie et lui ont fait découvrir les pouvoirs de la littérature : J. D. SalingerLouis-Ferdinand CélineBlaise CendrarsJack KerouacHerman MelvilleHenry MillerWilliam FaulknerErnest HemingwayRaymond Carver et Richard Brautigan.

« Bien que je sois, aujourd'hui, beaucoup plus ému par les écrivains sobres (du seul point de vue de la littérature), j'éprouve toujours la plus grande admiration (et une tendresse particulière) pour les autres, les luxuriants, les généreux, les fiévreux, les monstres. On sent qu'ils ont peur que quelque chose leur échappe. Ils veulent brasser le monde entier, l'emprisonner dans un filet qu'ils tissent au fur et à mesure, de toute urgence, comme s'ils devaient dresser une cathédrale avant la tombée de la nuit, sans l'aide de personne, au risque de prendre l'édifice entier sur la tête. Seules l'énormité des murs, la masse de matière employée peuvent maintenir l'improbable équilibre et transformer la hideur en beauté. Ces écrivains-là sont des saints. Les sobres sont des anges. (Philippe Djian/Ardoise/ p.76-77)

Théâtre

Lui, Paris, l'Arche, coll. « Scène ouverte », 2008

·Nouvelles

·50 contre 1 : histoires, Paris, B.F.B., 1981

·Crocodiles, ,Bernard Barrault/ J’ai Lu 1992

·Lorsque Lou, Gallimard Futuropolis 1992

·Contes de Noël avec Gilles Vidal et Daniel Paquereau, Méréal1996

·Mise en bouche/Gallimard 2008

·La  fin du monde/ Alternatives/2010

·Un écrivain à Shanghaï, Revue Long Cours Numéro 5/2013

·La crème de la crème/Mondadori Magazines 2015

·

·BANDES DESSINEES

·

·Mise en bouche Futuropolis/2008 (avec JPeyraud/

·Lui, avec Jean-Philippe Peyraud/Futuropolis/2010

Extraits de « Faites vos jeux » de Philippe Djian(Julliard)

L’île infernale

« Malheurement pour Victor, le spectacle  de sa soi-disant incontinence avait mis le feu aux poudre. Il en avait trop fait, visiblement, poussé le bouchon trop loin et obtenu pour sa peine le contraire du résultat recherché. En pissant dans son pantalon, il avait déclenché l’alerte. Ses enfants avaient réagi et ce n’était pas le scénario qu’il avait prévu. » Il allait les avoir plus que jamais sur le dos alors qu’il souhaitait trancher les liens une fois pour toutes ».(page 20 « Faites vos jeux », Djian-202A).

« Joël ne s’était pas montré aussi extraordinaire qu’il se l’imaginait mais il s’était assez bien débrouillé, Edith en convenait volontiers. Ils n’étaient pas nombreux ceux qui savaient s’y prendre, ils n’étaient pas légion, ces gars-là. Elle se sentait encore défoncée. Elle avait joui lentement et en silence en se pinçant les lèvres, ce qui n’était pas dans ses habitudes, mais l’exercice avait pris une saveur particulière malgré l’inconfort des sièges rabattus à la hâte et elle avait continué à jouir secrètement dans son coin pendant une bonne minute après qu’il se soit retiré. » (Philippe Djian « Faites vos jeux »)

« Victor savait ce qu’il voulait. Ce qu’il éprouvait pour Magalie était un sentiment intense et profond, mystérieux, qui n’avait plus qu’un rapport très lointain avec le sexe. Il ne voulait rien d’autre. Que vivre avec cette femme aussi longtemps qu’il en avait la force, et rien ne pourrait l’en empêcher. Sûrement pas ses enfants. Qu’auraient-ils pu comprendre. Comment lui-même aurait trouvé les mots pour exprimer ce qu’il avait dans le ventre ».

 (Page 101/Djian/Faites vos jeux)

«  Tu ne vois que la cendre mais la braise brûle toujours chez lui, je m’en suis rendu compte durant ces quelques jours. On ne connaît pas le bonhomme qu’il est maintenant. Je l’ai observé à plusieurs reprises et il m’a souvent bluffé.Il a grandi, d’une certaine manière. »

 « Elle se demanda s’ils allaient arrêter de la faire chier, tous autant qu’ils étaient ». (page 110/Djian « Faites vos jeux »)

«(…) Les touristes avaient fui- les habitants quant à eux, passaient leurs journées à balayer la merde, à clouer les planches à tour de bras, à remplacer les tuiles, à repeindre les devantures, bref, ils n’avaient pas envie de sortir le soir. Pour aller où. Ils étaient claqués. Après la période de l’abattement venait celle de l’aigreur, et la mauvaise humeur flottait comme un voile de soie grège au-dessus du village- il y avait déjà eu des mots échangés, paraît-il, pendant la distribution des secours, pour de l’eau, du lait et du jus d’orange en pack. »

( page 152, Philippe Djian « Faites vos jeux »)

Copyright Philippe Djian « Faites vos jeux » (Julliard) 236 pages / 20 euros / Toutes librairies et « La Boutique »

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