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Non, cela n'arrive pas qu'aux autres... Les origines multiples de la bipolarité
©Flickr

Bonnes feuilles

"Aimer un bipolaire - j'en suis une - n'est pas à la portée de n'importe qui ! C'est qu'il faut apprécier les climats extrêmes, les saisons du Grand Nord, la spéléologie et le parachute ascensionnel. Bref, n'avoir peur de rien, être prêt à tout", affirme Catherine, nous laissant entrevoir la souffrance, et le bonheur aussi, qu'il peut y avoir à aimer un maniaco-dépressif. La famille d'un maniaco-dépressif, trop souvent tenue à l'écart et peu informée sur la maladie, se retrouve pourtant en première ligne. C'est dans l'optique de pallier ce manque d'information que le Dr Christian Gay a entrepris de rédiger ce livre : "Si, à la lecture de ce texte, l'entourage et les patients se sentent davantage soutenus, compris, encouragés, cet ouvrage aura alors satisfait à sa mission première. Extraits du livre "Vivre avec un maniaco-dépressif" de Christian Gay, aux éditions Fayard (2/2).

Christian Gay

Christian Gay

Le Dr Christian Gay est psychiatre. Cofondateur de France-Dépression, il est également l'auteur de plusieurs ouvrages.

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Les troubles bipolaires ont des origines multiples, ou se mêlent génétique, histoire du patient et environnement. Ce multidéterminisme s’observe dans d’autres maladies psychiatriques ou médicales (le psoriasis, l’asthme, le diabète gras... par exemple). La vulnérabilité génétique vis-à-vis du trouble bipolaire est établie depuis longtemps. Le risque de présenter un trouble bipolaire siun des parents de premier degré est atteint est de 10 %,alors qu’il n’est que de 1 à 2 % dans la population générale. Le rôle des facteurs psychologiques et environnementaux a longtemps été minimisé. Aujourd’hui, les facteurs fragilisants sont de mieux en mieux identifiés.Il s’agit souvent d’événements précoces de vie, tels le deuil d’un parent, une carence affective, des agressions sexuelles dans l’enfance. A ces traumatismes du jeune âge s’ajoutent les événements pénibles de la vie (difficultés conjugales, problèmes professionnels ou financiers) et les stress répétés (surmenage professionnel, manque de sommeil, non-respect des rythmes biologiques propres). Ces événements pénibles peuvent déclencher des épisodes dépressifs ou d’excitation. Il a été également démontré qu’un niveau d’expression émotionnelle élevé dans les familles (emportements ou cris pour des événements mineurs) était un facteur précipitant de l’épisode maniaque. Enfin, les bouleversements du rythme de vie habituel jouent aussi un rôle de détonateur.

La part d’influence des événements de vie semble moins déterminante au fur et à mesure des récidives. Les épisodes provoqueraient une sensibilisation, c’est-à-dire une vulnérabilité biologique croissante vis-à-vis des événements déclenchants ou précipitants.

Plus rarement, le trouble bipolaire est à relier à une cause organique : neurologique (tumeurs cérébrales, lésions vasculaires, traumatismes crâniens...), endocrinienne (hyperthyroïdie, syndrome de Cushing), infectieuse (encéphalopathies virales ou parasitaires, dégénérative (sclérose en plaques, démences fronto-temporales, maladie des Parkinson, chorée de Huntington...), métabolique (hémodialyse),post-chirurgicale. La survenue d’un épisode maniaque après l’âge de cinquante ans nous conduit à rechercher systématiquement une origine organique.

Georges, âgé de soixante-quinze ans, toujours en activité professionnelle, se fait arrêter dans un grand état d’exaltation, après avoir doublé dans un tunnelà 180 km/h, pleins phares, en klaxonnant. Cet épisode était le premier. L’IRM allait mettre en évidence deux volumineux hématomes dans la partie frontale du cerveau. L’atteinte de cette zone cérébrale explique cet état de désinhibition extrême.

D’autres manies secondaires sont à relier à l’usagede toxiques (cocaïne, amphétamines, alcool) ou de certains médicaments (corticoïdes, antipaludéens, antiviraux, antidépresseurs...). C’est le lien temporel entre l’atteinte organique ou la prise de médicament et l’apparition de la manie, l’absence d’antécédents familiaux et personnels et l’âge de début tardif qui permettent de distinguer manies secondaires et manies primaires. Néanmoins l’apparition de la manie secondaire peut être facilitée par des facteurs prédisposants (génétiques ou environnementaux) ou déclenchée par la situation destress liée à la pathologie somatique. La recherche d’une étiologie organique en cas d’apparition (ou de récidive) tardive devrait être systématique.

Extrait de Vivre avec un maniaco-dépressif de Christian Gay, publié aux Editions Fayard. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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