Nombre d'offres d'emploi au plus bas depuis 16 ans : le chiffre que François Hollande devrait méditer avant de confirmer sa stratégie économique<!-- --> | Atlantico.fr
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Entre août 2011 et juin 2013, le nombre d’offres d'emploi a diminué de 31,2%.
Entre août 2011 et juin 2013, le nombre d’offres d'emploi a diminué de 31,2%.
©Reuters

Mauvais record

Le nombre d'offres d'emploi publiées par Pôle emploi n'a jamais été aussi bas depuis 1996. Des chiffres qui témoignent du réel pessimisme des entreprises et présagent une détérioration de l'emploi au cours des 12 prochains mois.

Gilles Saint-Paul

Gilles Saint-Paul

Gilles Saint-Paul est économiste et professeur à l'université Toulouse I.

Il est l'auteur du rapport du Conseil d'analyse économique (CAE) intitulé Immigration, qualifications et marché du travail sur l'impact économique de l'immigration en 2009.

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Atlantico : Selon les chiffres de Pôle emploi, en 16 ans l'organisme n’aurait jamais diffusé aussi peu d’offres. Entre août 2011 et juin 2013, le nombre d’offres a diminué de 31,2%. Comment expliquer que cette chute du nombre d’offres soit plus brutale qu’au plus fort de la crise ?

Gilles Saint-Paul : Cette chute n'est pas plus "brutale" au sens qu'elle est plus graduelle que celle que nous avons connue au début de la crise. Mais comme cette rechute, qui date de la fin 2011, se fait à partir d'un niveau d'offres moins élevé, à l'arrivée nous nous retrouvons avec encore moins d'offres qu'au point le plus bas précédent. Cette rechute est due à l'obligation d'austérité à laquelle notre gouvernement est contraint à la suite des déficits excessifs dans lesquels nous nous étions complus en 2009-2010 au nom de la relance, et qui avaient déclenché la crise de la zone euro. Elle est également due au durcissement de la fiscalité, notamment sur les entreprises et le capital, et au manque de lisibilité du gouvernement sur les réformes structurelles. En conséquence, les entreprises font face à une demande faible, et ne s'attendent pas à une baisse du coût du travail ni à des gains de productivité.

 Sources : Le journal du net (graphique), Pôle emploi (chiffres)

Ces chiffres reflètent-ils l’état de l’économie ? Ou peuvent-ils s’expliquer par la perte du monopole de l’ANPE en 2005 ?

On n'observe aucune rupture dans le comportement de la série en 2005 lors de la perte du monopole. Le nombre d'offres continue à augmenter pour atteindre un pic de 300.000 avant la crise. Puis il chute vertigineusement à partir de juin 2008. Une reprise se dessine dès février 2009, et en novembre 2011 le nombre d'offres a retrouvé son niveau de 2005. Mais depuis il ne cesse de chuter à nouveau et se trouve actuellement plus bas que son minimum précédent de fin 2008. Cela correspond à ce qu'on observe quand on regarde d'autres indicateurs, tels que la profitabilité, l'emploi, les faillites ou les créations d'entreprises, ou encore la confiance des entreprises. Ces chiffres reflètent donc sans doute l'état de l'économie. 

Les offres de type B (de un à six mois) décrocheraient même davantage que les offres de plus de six mois. Est-ce une bonne nouvelle ou cela témoigne-t-il d’un ralentissement de l’économie ?

Cela signifie que l'anémie du marché du travail n'est pas due à une simple incertitude sur l'avenir des entreprises, mais à un réel pessimisme. En effet si elles craignaient les aléas elles pourraient recruter sur CDD quitte à ne pas le renouveler si les choses tournaient mal. Le fait qu'elles ne le fassent pas nous signalent qu'ils considèrent la conjoncture comme réellement mauvaise.

Peut-on s’attendre à une amélioration ou au contraire la situation risque-t-elle de se dégrader davantage ? Pourquoi ? 

On sait que les offres d'emploi sont un indicateur avancé de l'état du cycle macroéconomique. L'évolution de ces données est donc préoccupante car elle présage une détérioration de l'emploi et une hausse du chômage et de sa durée moyenne au cours des 12 prochains mois. Il y a cependant un léger rebond depuis juin, mais c'est à partir d'un point extrêmement bas et il est trop tôt pour en tirer des conclusions.

Dans ce contexte, que penser de la promesse de François Hollande d’inverser la courbe du chômage d’ici la fin de l’année ?

On sait déjà que cette promesse ne sera pas tenue, et même si elle l'était ce ne serait que pour des raisons fortuites ou grâce aux effets cosmétiques des emplois d'avenir. Les tendances lourdes du marché du travail restent mauvaises. 

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