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Mode de scrutin des élections européennes : faut-il s'attendre à une "bassesse politique" de la part du gouvernement ?
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Cuisine électorale

Les huit circonscriptions interrégionales mises en place en 2003 pour les élections européennes, censées rapprocher les députés européens de leurs électeurs, ne sont que l'outil d'un calcul politique pour favoriser les grands partis. Absurdes et inefficaces, elle doivent disparaître, et le gouvernement doit permettre le retour à la circonscription unique pour le prochain scrutin de 2014.

Xavier  Chinaud

Xavier Chinaud

Xavier Chinaud est ancien Délégué Général de démocratie Libérale et ex-conseiller pour les études politiques à Matignon de Jean-Pierre Raffarin.

Aujourd’hui, il est associé du cabinet de stratégie ESL & Network.

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La réforme du mode de scrutin pour les élections européennes d’avril  2003, organisant l’élection au sein de huit circonscriptions interrégionales (Nord-Ouest, Ouest, Est, Sud-Ouest, Sud-Est, Massif central-Centre, Île-de-France, Outre-Mer) et non plus au sein d’une seule circonscription nationale est un échec quant à ses motivations initiales.

Il s’agissait notamment de « rapprocher » les députés européens des électeurs. Résultat, le taux de notoriété ou de reconnaissance de leurs élus européens par les citoyens reste au plancher et l’on cherche toujours la cohérence géographique liant derrière le même élu le citoyen de Corse avec celui du Lyonnais ou encore l’habitant du bocage normand avec celui du Calaisis.

Était argué que la liste nationale favorisait l’absentéisme à Strasbourg et Bruxelles, les faits n’ont pas validé cela sur la mandature finissante…

Enfin était évoquée comme défaut au mode de scrutin national la représentation non-équilibrée de l’ensemble du territoire français, il est vrai qu’à l’époque la région Ile de France était surreprésentée, souvent d’ailleurs par des « recalés de scrutins nationaux » et ce de par la seule responsabilité des partis politiques ; est-ce là l’important ?

La motivation était aussi à l’époque un calcul politique, diviser un scrutin national, tribune politique, en huit scrutins régionaux devant  "diluer" l’expression et la représentation des "petits partis" au profit des "gros" à commencer par celui qui était au pouvoir. Résultat : un succès pour l’opposition et un débat bien éloigné des enjeux européens.

A l’échelle de l’ensemble des pays de l’Union, le scrutin national reste toutefois le plus usité et à un moment clé pour l’avenir de l’Europe, renouer avec une circonscription nationale permettant à la fois la représentation de toutes les sensibilités et permettant de faire une campagne de fond, sur les enjeux, la vision, les projets devant tous les Français aurait plus de sens qu’un calcul politicien devant permettre à tel dirigeant d’exister, de recaser telle personnalité dans le jeu politique, de "museler" ses alliés ou encore de conforter les sortants et d’éviter concurrence (au centre) et pluralité. Autant d’arguments mis aujourd’hui en avant par les partisans du statu quo. Si "tripatouillage" il y a tel qu’évoqué par ces derniers c’était en 2003.

Tous ceux qui ont essayé de privilégier un mode de scrutin pour des raisons d’intérêt politique dans notre histoire récente s’y sont perdus. L'Europe est une vraie ligne de partage entre "pros" et "antis", entre ceux qui veulent sortir de l’euro et ceux qui veulent une fédération d’États- nations, entre nationalistes et fédéralistes, vouloir éviter ce débat-là au motif que cette vraie ligne de fracture passe au sein de chacun des principaux partis politiques actuels serait reculer encore l’indispensable pédagogie et la mise en œuvre d’une vraie volonté européenne  indispensable dans notre monde globalisé et multipolaire.

Le gouvernement a aujourd’hui la possibilité de favoriser la proposition de loi proposant de revenir à la circonscription unique et de permettre enfin  un vrai débat sur l’Europe, y renoncer serait illustrer encore l’immaturité de notre système politique, et une bassesse.

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