Mobilisation sur les retraites : Emmanuel Macron et la fable du chêne et du roseau <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Emmanuel Macron, président de la République.
Emmanuel Macron, président de la République.
©MICHEL EULER / POOL / AFP

Réforme des retraites

Mercredi 22 mars, Emmanuel Macron, en direct sur le 13H de TF1 et de France 2, a réalisé sa pire intervention depuis qu’il a été élu.

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet est essayiste et auteur de nombreux ouvrages historiques, dont Histoire des présidents de la République Perrin 2013, et  André Tardieu, l'Incompris, Perrin 2019. 

Voir la bio »
Jean-François Amadieu

Jean-François Amadieu

Jean-François Amadieu est sociologue, spécialiste des déterminants physiques de la sélection sociale. Directeur de l'Observatoire de la Discrimination, il est l'auteur de Le Poids des apparences. Beauté, amour et gloire (Odile Jacob, 2002), DRH le livre noir, (éditions du Seuil, janvier 2013) et Odile Jacob, La société du paraitre -les beaux, le jeunes et les autres (septembre 2016, Odile Jacob).

Voir la bio »

Atlantico : Mercredi 22 mars, Emmanuel Macron a réalisé sa pire intervention depuis qu’il a été élu. Le pari du chêne, qui consiste à rester camper sur ses positions sans broncher, peut-il tenir longtemps ? Dans l’hypothèse d’un retrait, qui pourrait l’évoquer en premier dans la majorité ? 

Maxime Tandonnet : Ce soir, les images de Paris en feu, les flammes et la fumée des ordures qui s’entassent dans les rues étaient apocalyptiques. Il est possible que nous soyons à la veille d’un mouvement comparable, non par sa nature, mais par sa gravité, à mai 1968.  Si les ordures continuent à s’entasser et à brûler, si l’essence vient à manquer, si l’économie est paralysée, bref, si le mouvement continue à s’embraser, nous allons vers des événements d’un niveau de gravité comparable à celui de mai 68. Tous les ingrédients sont là : une mobilisation des jeunes jointe au mouvement social, la pénurie d’essence, la focalisation de la colère à la fois sur le symbole des 64 ans et sur la figure présidentielle. Les dirigeants de ce pays ne le sentent-ils pas ? Si le pouvoir persiste dans la rigidité nous allons au désastre. L’article 10 offre une issue constitutionnelle au pouvoir, le président pouvant demander une nouvelle délibération au Parlement, ce qui reviendrait à retirer le texte. Lui ou la Première ministre pourraient dans ce cas l’annoncer mais à ce stade, rien ne montre qu’on se dirige vers cette issue de bon sens.

Jean-François Amadieu : Il est habituel dans un conflit que l'une des parties campe sur ses positions en misant sur un essoufflement comme en 2010. Cette position de fermeté est une stratégie qui peut être intenable si des évènements surviennent qui rendent nécessaire un abandon d'une réforme ou d'un projet (affrontements violents, blessés, mort). C'est classiquement le cas dès lors que de jeunes manifestants sont dans la rue ou bloquent des établissements universitaires (loi Davaquet en 1986, CPE en 2006). Les bonnets rouges, Notre dame des Landes ou le barage de Sivens et bien entendu les gilets jaunes en 2018 sont aussi des cas de reculs. La France est un pays marqué par l'héritage de 1789 où le mode résolution des problèmes ne passent pas par la négociation. On a remarqué que dans la majorité, au Modem en particulier, des critiques s'expriment maintenant quant à la méthode adoptée qu'il s'agissent de la négociation avec les syndicats ou du choix du 49.3. La dégradation des relations entre le président et la CFDT que le président rend plus visible que jamais est aussi déplorée.

À Lire Aussi

Le peuple, la foule et ceux qui ne sont rien

Dans un registre qui est cher au cœur d’Emmanuel Macron, si nous devions faire un bilan avantage / inconvénient sur des slides de McKinsey, de quel côté penche la balance ? En retirant la réforme, Emmanuel Macron ne risque-t-il pas de griller son capital politique ?

Maxime Tandonnet : Bien sûr, l’image jupitérienne du réformiste et du grand transformateur en prendra un coup. Mais ce sera un million de fois pire s’il laisse la situation continuer de se dégrader. Il apparaîtra alors comme le président qui a provoqué volontairement le chaos et la guerre civile dans son pays. Jamais les Français ne lui pardonneront. S’il retire sa réforme, ce que lui permet encore la Constitution (article 10), peut-être qu’il perdra l’estime de quelques illuminés d’une réforme des retraite à la fois médiocre et injuste, illuminés qui ne perçoivent pas encore la gravité de la situation. Mais alors il se donnera la possibilité de reconquérir une image moins négative par la suite aux yeux de l’opinion en général. Un président peut se permettre d’avoir raté une réforme très impopulaire et renoncer à une annonce de campagne faite dans des conditions d’improvisation totale. En revanche, il ne peut pas se permettre d’apparaître comme celui qui a mis le feu au pays : pour le reste de son quinquennat, mais aussi pour l’image qu’il laissera par la suite.

Jean-François Amadieu : L'opinion publique face à des conflits qui durent, bloquent le pays, se radicalisent ou deviennent violents est certes moins favorable à la poursuite des manifestations et des grèves (le soutien aux contestataires baisse toujours en pareil cas). Mais nous savons aussi que les français considèrent alors que c'est à l'exécutif de faire cesser la chienlit. Une demande d'ordre s'exprime mais en même temps le souhait que soit retiré le projet qui a provoqué la crise. Ils font d'ordinaire porter à l'exécutif la responsabilité de la crise. 82% des français ont ainsi désapprouvé le recours au 49;3 et il est évident que la dégradation de la situation les poussera à rendre le président responsable du retour au calme. Pour le président, il y a plus à gagner à montrer une capacité d'écoute, d'agilité, de bienveillance que d'inflexibilité. Rien n'interdirait de se donner 9 mois pour négocier vraiment avec les partenaires sociaux à la fois les retraites et les sujets liés ce que la CFDT notamment est disposée à faire. C'est d'ailleurs le temps que prendra le long processus de référendum partagé durant lequel le conflit continuera. La marque Macron est-elle le "droit dans ses bottes" ou le "en même temps" ? 

Emmanuel Macron n’a-t-il pas ouvert une boîte de Pandore sur tout un tas de sujets : solidité des institutions, sur le capitalisme, sur le partage des richesses… ? Dans la mesure où il n’y a pas de majorité dans le pays, est-il bien raisonnable d’ouvrir tous ces débats-là ? 

Maxime Tandonnet : La question essentielle ne tient pas au nombre des chantiers ouverts mais à la méthode de gouvernement. Avec ou sans majorité absolue, il faut en finir avec l’arrogance et l’autoritarisme. Il ne peut pas y avoir d’autorité sans la confiance. Le thème d’une France irréformable est encore une fois la traduction du mépris des élites dirigeantes envers le peuple. Bien sûr que la France est réformable, mais à condition de ne pas sombrer en permanence dans la morgue. Il est rigoureusement impossible d’imposer une réforme au pays contre 80% de ses habitants et 90% de ses travailleurs (selon de multiples sondages convergents).  On ne dira jamais assez à quel point cette image du pouvoir, aux mains d’une caste hors sol, persuadée de détenir la lumière et la capacité à faire marcher un peuple à la baguette, est dévastatrice. Le succès d’une réforme passe au contraire par le respect et l’écoute de la Nation. En France, on n’a jamais rien fait de durable et d’efficace sans un minimum de  confiance populaire. Il faut prendre beaucoup de temps pour expliquer les choses et pour tenir compte des angoisses et des préoccupations populaires. Le peuple est bien plus intelligent et responsable que ne le pensent les élites dirigeantes : à condition de le respecter et de l’écouter. 

Jean-François Amadieu : Sur plusieurs de ces sujets, ce sera aux partenaires sociaux de négocier et le parlement reprendra les accords passés ce qui ne pose pas de difficultés. Sur d'autres sujets en revanche les textes seront en revanche de portée plus modeste comme le président l'a du reste souligné, sauf si un élargissement de la majorité est obtenu allant au delà des habituels et faciles débauchages individuels.

Quels sont les principaux enseignements de la journée de mobilisation de ce jeudi 23 mars pour le mouvement social de contestation contre la réforme des retraites à travers le pays ? Emmanuel Macron a-t-il réussi à apaiser les Français avec son discours de mercredi ? 

Maxime Tandonnet : Les manifestations du 23 avril ont sans aucun doute marqué un tournant crucial dans le mouvement.  Tout d’abord son ampleur par le nombre de manifestants record, plus d’un million selon les statistiques officielles, montre que malgré le vote de la loi, la mobilisation ne faiblit pas. Mais surtout, il a pris une tournure beaucoup plus anarchique avec la présence de nombreux scolaires et étudiants peu contrôlables et de casseurs. On se rapproche des gilets jaunes en pire. On est passé de manifestations à caractère social à des violences quasi insurrectionnelles. Les images de milliers de tonnes de déchets dans les rues de Paris et de poubelles enflammées et des fumées noires contre les immeubles donnent une image apocalyptique. Ces images de Paris encore en feu font le tour du monde et donnent une image catastrophique de la France. Les forces de l’ordre qui semblaient débordées comptent des centaines de blessés.  A l’évidence l’intervention du chef de l’Etat a eu pour effet d’attiser les tensions à deux niveaux : d’abord au niveau de l’opinion publique qui ne l’a pas trouvé convaincant à 70% et ensuite celui des syndicalistes et activistes qui l’ont vécue comme un facteur d’exaspération supplémentaire. Son image jupitérienne, annonçant que la réforme serait en vigueur dès le 1er janvier, a sans doute fortement contribué à mettre le feu aux poudres.

Jean-François Amadieu : L’effet inverse s’est produit pour Emmanuel Macron. Lors de son interview, il n’y a pas eu d’annonces de manière à apaiser la situation. D’après un sondage Elabe, 71% des Français n'ont pas trouvé Emmanuel Macron convaincant lors de son interview. Cette intervention n’a rien changé. Cela a eu en réalité un impact sur la mobilisation syndicale. Le point marquant de son intervention était les critiques à l’égard de Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT. Cela a ressoudé les liens entre les organisations syndicales. La journée du 23 mars a été un succès pour les organisations syndicales et Laurent berger se plait à souligner que les adhérents de la CFDT forment le plus gros des troupes dans les défilés. On peut se demander s'il est possible de réformer en France en s'aliénant aussi profondément non seulement l'ensemble des 8 syndicats du privé et du public mais surtout le premier syndicat de France ? Il faut savoir que les français, qui n'ont pas une confiance élevée vis à vis des syndicats, sont en revanche très attachés au fait que c'est avec eux que les réformes doivent être conduites. Il aiment la négociations plus que la décision pris d'en haut par le pouvoir politique.

Les syndicats avaient réussi à maintenir le calme dans les manifestations depuis le début du mouvement social, leur permettant de préserver le soutien de l’opinion envers le mouvement syndical. L’unité syndicale va-t-elle pouvoir être maintenue malgré le départ imminent de Philippe Martinez et avec l’examen de la réforme au Conseil constitutionnel ? Les syndicats risquent-ils d’être dépassés par leur base au regard des incidents et des débordements de jeudi ? L'intersyndicale appelle à une 10e journée de mobilisation le mardi 28 mars, cette journée va-t-elle dépasser la mobilisation de ce jeudi 23 mars ?

Maxime Tandonnet : Les syndicats paraissent désormais dépassés par les événements. Le mouvement est en train de devenir hors de contrôle. L’erreur de la classe dirigeante est d’y voir un simple mouvement dirigé contre la réforme des retraites. Le report de l’âge de la retraite à « 64 ans » (largement inutile compte tenu de la règle des 43 annuités) n’est que l’élément déclencheur d’une révolte beaucoup plus globale. Elle exprime une exaspération de la population contre l’arrogance et le mépris de la classe dirigeante tels qu’elle les ressent. Nous assistons à la rébellion des sans dents, Gaulois réfractaires, ceux qui ne sont rien et ne peuvent même pas se payer un costume, les fainéants, ceux qui roulent au diesel et qui fument des clopes, ou encore ceux qu’on a « très envie d’emmerder » ou cette foule qui serait « illégitime ». La colère se focalise sur une image médiatique, celle du chef de l’Etat qui exacerbe la colère. Il est sidérant, que personne, dans les milieux dirigeants, n’ait senti venir le désastre. L’aveuglement de la classe politique française fait froid dans le dos.

Jean-François Amadieu : Les organisations syndicales ont appelé à une nouvelle journée de mobilisation pour le 28 mars prochain. La mobilisation de ce jeudi a été très importante. Les syndicats vont poursuivre leur mobilisation. Les syndicats tentent de garder le contrôle et n’avaient pas été débordés jusqu’à ce jeudi. Le "durcissement" du conflit assumé par plusieurs syndicats se poursuivra et 62% des français pensent qu'il faut qu'il ait lieu pour faire reculer le gouvernement. Mais ce durcissement (grèves reconductibles, blocages, occupations, piquets de grève, opérations coup de poing) ne doit pas être confondu avec la radicalisation ou la violence (s'en prendre aux biens ou aux personnes).

Des actions spontanées continuent d’être menées en journée comme les opérations à Roissy, sur le périphérique, dans les raffineries ou sur des péages d’autoroutes. Des militants trotskistes ou plus contestataires sont mobilisés dans ces opérations ou des syndicalistes de Sud ou de certaines fédérations de la CGT. Les manifestations, jusqu’à jeudi, n’étaient pas hors de contrôle. Les syndicalistes respectaient la base et suivaient les mots d’ordre des confédérations.

Les dégradations et les incidents en marge des manifestations à Nantes, à Bordeaux, à Rennes, à Lorient et à Paris ce jeudi 23 mars n’ont pas été provoqués par des syndicalistes mais par des casseurs, des black blocs, parfois certains membres de Révolution permanente, du NPA, des étudiants très politisés. Il ne s’agit pas ou rarement de la base syndicale. Durant deux mois, beaucoup de militants ou de sympathisants d'extrême gauche ou anarchistes avaient respecté le choix de l'intersyndicale de manifestations pacifiques mais pour une partie d'entre eux, il faut passer à d'autres types d'actions.

A partir du moment où les organisations syndicales offrent des perspectives, les grèves continuent via l’intersyndicale dans les raffineries ou dans les transports notamment. Des actions sont encore menées par les confédérations. La CFDT n’a pas du tout quitté le mouvement. Le président a contribué à « remobiliser » l’intersyndicale. La base ne va donc pas décrocher. Le référendum d’initiative partagée est un autre objectif et offre une nouvelle perspective. Cela laissera une période de neuf mois d’attente. Il y a une certaine incertitude sur la manière avec laquelle les syndicats vont réussir à maintenir la mobilisation dans la durée. La journée de jeudi laisse planer la perspective que le mouvement se radicalise, notamment via les militants les plus politisés. Un parallèle peut être fait avec les Gilets jaunes. De nombreux débordements ont éclaté à l’Ouest, en Bretagne et à Bordeaux. La journée du mardi 28 mars sera certainement assez suivi.

Le recours au 49.3 et le résultat des motions de censure semblent avoir poussé la jeunesse dans la rue et les universités. La mobilisation de la jeunesse pourrait-elle se poursuivre et renforcer ce mouvement ? Sommes-nous dans une situation similaire à la crise du CPE ? 

Jean-François Amadieu : Il y a un changement notable depuis plusieurs jours avec une participation plus importante des étudiants. Nous observons aussi des blocages de lycées, ce que l’on n’avait pas vu depuis le début du mouvement. Nous sommes encore loin des effectifs lors des mobilisations contre le CPE en 2006. Le CPE concernait plus directement les étudiants. A cette époque, beaucoup d’universités avaient été bloquées et sur une longue période. Les blocages étaient particulièrement importants.

Actuellement, le calendrier participe au renforcement de la mobilisation des jeunes. Les épreuves anticipées du baccalauréat ont eu lieu. Les dossiers Parcoursup ont été bouclés également. Pour les étudiants, seuls les plus politisés sont actuellement mobilisés. Il y a une inflexion notable chez les jeunes. Même l’université de droit Panthéon-Assas Paris 2 a été bloquée dans la matinée de jeudi.

Des tensions ont été recensées à Paris avec près d’un millier de casseurs jeudi. Des incidents ont aussi éclaté à Bordeaux, Lorient, Rennes, Rouen ou Nantes. Le discours d’Emmanuel Macron a-t-il involontairement poussé la frange la plus radicale à rejoindre et perturber les cortèges en cette journée de jeudi ?

Jean-François Amadieu : Des incidents avaient déjà éclaté lors de la précédente journée de mobilisation, avant l’intervention du chef de l’Etat à la télévision mercredi. Les premiers vrais incidents et débordements ont éclaté sur la place de la Concorde, le soir du recours au 49.3. Ce n’était pas une surprise malheureusement. L’intervention du président n’a pas réellement fait bouger les lignes. Ce phénomène et ces débordements étaient attendus.

Les premières semaines de contestation étaient bien encadrées et se sont déroulées sans incidents.  

A partir du moment où les organisations syndicales dans leur stratégie pacifique et de mobilisation allaient rencontrer un premier obstacle majeur, à savoir le 49-3, il était évident qu’il allait y avoir d’autres formes d’actions, à la fois des jeunes, des militants les plus politisés, d’une partie de la CGT, du syndicat Solidaires qui attendaient ce moment.

Les organisations syndicales avaient annoncé qu’à partir du moment où le 49-3 serait déclenché, il y aurait ensuite ces formes de radicalisation.

Quelles sont les prochaines étapes possibles pour le mouvement social contre la réforme des retraites ? Le référendum d’initiative partagée a-t-il des chances d’aboutir ? Avec le hasard du calendrier et suite aux incidents de jeudi, la visite du roi Charles III risque-t-elle de renforcer le mouvement social ?

Jean-François Amadieu : Le président peut arriver à enjamber cette visite du roi Charles III en faisant en sorte de raccourcir et de modifier le protocole. Cet événement va constituer un nouveau défi pour l’exécutif et pour les autorités en cette période si particulière de la contestation contre la réforme des retraites. Si cette séquence avec le roi Charles III est mal gérée et si la communication du chef de l’Etat est maladroite, cela va une nouvelle fois remobiliser les syndicats et les opposants à la réforme.

Dans cette période qui va être agitée pour de nombreuses semaines, nous ne sommes pas à l’abri d’un maintien de l’ordre malheureux. Les opérations seront de plus en plus compliquées pour les forces de l’ordre.

Les syndicats sont actuellement mobilisés dans des actions qui vont porter leurs fruits dans quelques jours, notamment à travers les raffineries. La pénurie de carburant dans les stations-services risque de s’accélérer. La CGT est très impliquée aussi dans les ports et les docks, dans les terminaux méthaniers.

Le président a joué un jeu dangereux à l’égard des organisations syndicales en ciblant Laurent Berger lors de son interview. Le chef de l’Etat semble faire le pari que les organisations syndicales n’ont plus les capacités de bloquer le pays et que les manifestations vont s’essouffler avec le temps. Ce pari est optimiste. On voit bien par exemple avec la grève des éboueurs que le mouvement social pose problème et qu’il est loin d’être fini. La situation va être délicate également avec les raffineries.

Outre le risque de la radicalisation, avec les problèmes de maintien de l’ordre, le mouvement pourrait bien être pire que celui des Gilets jaunes, car à l’époque les rassemblements sur les ronds-points n’avaient pas lieu tous les jours mais plutôt chaque samedi.

Le principal problème est que le président a lui-même remis des pièces dans la machine du côté syndical. La CGC, la CFTC, la CFDT, qui sont des organisations réformistes, sont très impliquées dans le mouvement de contestation. Le président s’est livré à des attaques très personnelles à l’égard de Laurent Berger. Ces critiques témoignent du rapport que le président entretient à l’égard des organisations syndicales. La CFDT ne peut pas actuellement sortir du mouvement. Emmanuel Macron et son gouvernement n’offrent aucune garantie pour l’instant à la CFDT. Le recours au 49-3 a scellé cette fracture avec la CFDT. Laurent Berger laisse pourtant la porte ouverte au dialogue et à la négociation. Il a indiqué qu’il ne pratiquera pas la politique de la chaise vide. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !