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Michel Godet : "Certains territoires en France connaissent le plein-emploi et comptent moins de 5% de chômage, c'est donc bien qu'il existe des solutions"
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Economie périphérique

Le 7ème Grand Prix de la Fondation d’entreprise MMA des Entrepreneurs du Futur a été remis le 8 juin 2016. Une initiative qui a pour objectif de valoriser l'entrepreneuriat dans les territoires.

Michel Godet

Michel Godet

Michel Godet est économiste, professeur et membre de l'Académie des technologies.

Il est l'auteur de Le Courage du bon sens (Odile Jacob, 2009), Bonnes nouvelles des conspirateurs du futur (Odile Jacob, mars 2011), de La France des bonnes nouvelles (Odile Jacob, septembre 2012) et de Libérez l'emploi pour sauver les retraites (Odile Jacob, janvier 2014) Il anime également le site laprospective.fr.

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Atlantico : Vous avez sélectionné, parmi près de 400 dossiers, des initiatives locales en fonction de leur impact économique, social et environnemental mais aussi de leur apport à la vie locale, à la cohésion sociale et à la solidarité. Au regard des nombreux dossiers reçus cette année, quelles sont les spécificités de ce cru 2016 ?

Michel Godet : Nous avons tout d'abord reçu 4 fois plus de dossiers, avec un total de 400. Cette charge supplémentaire a nécessité de faire un tri sérieux, effectué par un jury de 43 personnes et entités représentatives du monde de l'entrepreneuriat, et aux sensibilités très diverses. Une autre grande différence avec les années précédentes, c'est que si ce prix était porté par une petite association, c'est une fondation aujourd'hui qui en a la charge avec de nombreux acteurs et de réseaux d'entrepreneurs comme France Active, Réseau entreprendre... Ce prix est le seul lieu où tous ceux qui accompagnent l'entrepreneuriat se retrouvent. 

La sélection sur ces 400 dossier s'est faite sur plusieurs critères : nous avons tout d'abord privilégié les initiatives impertinentes, l'originalité, les personnes méritantes. Je pense notamment à cet homme à Mayotte qui a construit une entreprise qui emploie aujourd'hui une centaine de personnes et qui est partie de rien, qui n'a réussi qu'à la force de sa volonté, et en gardant à l'esprit son territoire. Une belle histoire, et il y en a beaucoup d'autres. 

Cela confirme bien ce que nous disons depuis plusieurs années : il se passe dans la France d'en-bas un tas de choses qui sont des extraordinaires nouvelles, et dont les gouvernements de droite comme de gauche devraient s'inspirer. Contre le chômage, on a tout essayé, sauf ce qui marche et dont nous faisons la promotion : l'entrepreneuriat dans les territoires. 

Avez-vous pu observer des tendances en termes d'innovation et d'entrepreneuriat ?

Nous avons eu beaucoup d'innovations technologiques, dans le domaine des économies d'énergie, dans le numérique. Je pense notamment à Auticiel qui est un logiciel de réinsertion dans la vie sociale pour tous les handicapés mentaux, avec une tablette numérique. Il y a également eu beaucoup de projets d'économie circulaire, qui consiste à la valorisation de déchets de toutes sortes comme l'électricité perdue ou latente par exemple. 


Vous avez déclaré qu'il n'y avait pas de territoire condamné aujourd'hui, mais plutôt des territoires sans projets. De quoi souffrent les initiatives économiques en France ? Observe-t-on une disparité des difficultés en fonction des régions ? Que devrait faire le législateur pour mieux accompagner ces initiatives ?

Ce qui leur manque, c'est de l'argent (mais pas beaucoup), et surtout un accompagnement. Une fois que les initiatives ont été lancées, que l'on a repéré un besoin, il faut laisser le marché mûrir, et faire rencontrer l'offre et la demande. Ce qu'elles réclament c'est de la reconnaissance, de la confiance.

Certains territoires connaissent le plein-emploi et comptent moins de 5% de chômage. la France peut devenir la Suisse et connaître le plein-emploi, mais cela exige que l'on en finisse avec cette vision jacobine de l'économie, et des élites coupées de la réalité. Les idées les meilleures peuvent aussi venir d'en-bas. 

Ce qu'il faut pour que cela marche, c'est aussi donner un coup de pouce à la formation. D'ailleurs parmi les primés, il y a une initiative appelée "L'outil en main" qui met en relation des artisans retraités avec des jeunes le mercredi après-midi, et cela suscite des vocations ! Cela suppose que ces initiatives se développent dans toute la France, une contagion des innovations. 

Mais cette prise de conscience demande une remise en cause du modèle jacobin dans lequel nous sommes. On peut guérir le chômage de longue durée, qui est à mon sens une maladie sociale, à condition de mettre ces individus en confiance par rapport à eux-mêmes et en les mettant dans l'emploi marchand par l'entrepreneuriat.

Je reste donc optimiste, au vu de ce qui a été présenté, même si je suis sceptique vis-à-vis des politiques élaborées par des individus qui manquent d'expérience de terrain.

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