Maux de tête de la rentrée : pourquoi le pic de migraine est atteint en septembre<!-- --> | Atlantico.fr
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Les crises de migraine sont favorisées par des facteurs comme le stress, l’anxiété et par la tension nerveuse et musculaire.
Les crises de migraine sont favorisées par des facteurs comme le stress, l’anxiété et par la tension nerveuse et musculaire.
©Photo DR

La rentrée des céphalées

La rentrée est aussi synonyme de migraine pour beaucoup de Français. Les changements de rythmes, de vie, d'alimentation en constituent les principaux facteurs.

Philippe Vernier

Philippe Vernier

Philippe Vernier est Directeur de Recherche au Centre national de la recherche scientifique, et est le directeur de l’Institut des Neurosciences Paris-Saclay (CNRS Université Paris Sud).
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Atlantico : Pourquoi la rentrée, et le mois de septembre sont-ils plus propices à l'apparition de céphalées et de migraines ? Quels sont les facteurs qui les déclenchent ?

Philppe Vernier : Chez un tiers des personnes victimes de migraines ou de céphalées intenses, les crises sont favorisées par des facteurs comme le stress, l’anxiété et par la tension nerveuse et musculaire. La rentrée de septembre, avec les inquiétudes qui l’accompagnent, avec la reprises des activités -parfois de façon très intense- est donc une circonstance qui favorisent ce que l’on appelle les « céphalées de tension » et les migraines.

Mais beaucoup d’autres facteurs peuvent entraîner le début d’une migraine, en particulier des facteurs alimentaires comme le chocolat, le café, les sulfites contenus en quantité importante dans certains vins blancs…etc. Chez les femmes, les changements hormonaux qui surviennent au cours de la période des règles, ou pendant la grossesse sont aussi des facteurs déclenchants assez courant pour les migraines. Cette maladie a aussi souvent une composante familiale.

Elle comprend donc des facteurs génétiques qui prédisposent à la survenue de ces maux de tête très douloureux et invalidants. Cependant, tous les maux de tête ne sont pas des migraines, heureusement. Les « vraies » migraines sont en général précédées de signes avant-coureurs comme des nausées, des vomissements, ou des troubles neurologiques comme des modifications de la vue (points lumineux, scintillements, vision floue…), de la sensibilité tactile (fourmillements dans les membres, engourdissements…), de la mémoire, et bien d’autres manifestations, en général stéréotypées chez une même personne. Il est important de faire le diagnostic de ces migraines, parce que leur prise en charge et leur traitement est différent de celui des autres catégories de « maux de tête ».

Quels conseils donner aux personnes qui subissent ce changement de rythme, à l'origine de l'apparition de ces migraines ?

On ne connaît pas aujourd’hui l’origine exacte des migraines, mais il est probable que la crise soit provoquée en grande partie par une réaction des petits vaisseaux sanguins (contraction puis dilatation anormale par exemple) dans le cerveau et les méninges (membranes qui entourent et protègent le cerveau). Les causes qui déclenchent cette hyper-réactivité vasculaire restent également mal connues, et elles sont certainement très nombreuses.

En dehors de la « rentrée » de septembre et de son cortège de soucis et de préoccupations, d’autres changements d’activité peuvent déclencher des migraines. C’est en particulier le cas de la diminution d’activité et de la détente qui accompagnent les week-end et le début des vacances. La migraine du week-end est un grand classique chez les personnes hyperactives, également favorisée par la diminution de la quantité de café, parfois importante, bue pendant les jours de travail.

En général, les migraineux savent ce qui favorise la survenue des crises, mais il est parfois très difficile de trouver les bonnes mesures ou pratiques qui permettent de diminuer la fréquence et la gravité des crises. Comme pour un grand nombre de maladies, une bonne hygiène de vie est le meilleur moyen de réduire la survenue des migraines, en particulier en évitant de boire de l’alcool, ou beaucoup de café, de manger trop gras et trop sucré. Chez certaines femmes, la contraception orale peut estomper les migraines, mais chez d’autre elle peut au contraire les favoriser. Il est difficile de donner des mesures générales pour diminuer l’incidence des crises, mais lutter contre la fatigue et le stress fait partie des moyens indispensables pour diminuer l’incidence des migraines, et toutes les pratiques qui permettent de le faire (sommeil régulier, relaxation, méditation…) sont utiles. La pratique régulière d’une activité sportive, en particulier le week-end, limite aussi le nombre et la gravité des crises.

Qui sont les plus exposés, les parents ou les enfants ? En fonction de l'âge, sommes-nous plus ou moins susceptibles d'avoir une migraine ? 

Les migraines sont des troubles qui apparaissent en général au cours l’adolescence et chez les adultes jeunes. On considère aujourd’hui qu’entre 12 et 15% de la population adulte est victime de crises migraineuses plus ou moins fréquentes. Les femmes adultes sont trois fois plus souvent migraineuses que les hommes, et le facteur hormonal est très probablement en cause, comme nous l’avons expliqué en réponse à la première question. Cependant, chez l’enfant, les migraines ne sont pas rares non plus, puisque les enquêtes épidémiologiques réalisées dans les pays développés montrent qu’environ 1 enfant sur 10 est victime de migraines avec des critères de diagnostic stricts, et les garçons autant que les filles. Ces migraines de l’enfant doivent absolument être prises au sérieux, parce qu’elles peuvent constituer un handicap pour la scolarité. L’âge venant, les migraines ont en général tendance à s’estomper et à devenir moins sévères.

Cependant, chez les femmes, le début de la ménopause est également une période pendant laquelle les migraines peuvent s’aggraver momentanément, toujours en raison des changements hormonaux qui caractérisent cette période de la vie. Enfin, les études épidémiologiques récentes, réalisées en France ou à l’étranger tendent à montrer que le fait d’être migraineux prédispose légèrement aux accidents vasculaires cérébraux, ce qui est un argument en faveur du lien entre la migraine et une atteinte mineure des vaisseaux sanguins, en particulier des microvaisseaux. Mais pour les migraineux, la bonne nouvelle est que les mêmes études montrent clairement que la migraine n’accentue pas le déclin des fonctions cérébrales, la baisse de la mémoire par exemple, chez les personnes âgées. La migraine est une maladie invalidante et très pénible, mais qui ne semble heureusement pas avoir une influence négative sur l’espérance de vie.  

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