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Mauvaise nouvelle sur le front du Covid-19 : le variant indien pourrait bien être résistant aux vaccins à ARN messager
©SAM PANTHAKY / AFP

Des précautions à prendre

Alors que l’OMS vient de passer le B.1.617 de la catégorie variant à surveiller à celle de variant préoccupant, cette souche se répand toujours plus rapidement dans une Inde où l’épidémie avait jusqu’ici été dominée par le variant britannique.

Philippe Froguel

Philippe Froguel

Philippe Froguel est diabétologue et généticien à la tête d'un laboratoire de recherche du CHRU de Lille.

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Atlantico : Selon une nouvelle étude allemande sur le sujet, le variant B.1.617 du SRAS-CoV-2 pourrait contourner les anticorps produits par l'infection et la vaccination. Ces dernières données doivent-elles nous inciter, si besoin était encore, à davantage considérer la menace du variant indien ?

Philippe Froguel : Ce n’est pas une surprise. C'est ce qui était redouté vu les caractéristiques des quinze mutations du variant indien. On a bien vu qu'en Inde malgré la vaccination la propagation du virus continue d’augmenter. C’est aussi cohérent avec ce qu'on connaît des résistances partielles du sud-africain concernant les vaccins ARN. La question qu’on doit se poser c’est ce que c'est que veut dire résistance « partielle ». Le variant sud-africain baisse le taux d'anticorps mais la résistance semble encore suffisante pour éviter de contracter une maladie grave. On verra ce qui se passe exactement pour le variant indien. On le saura progressivement.

L’OMS a détecté le variant indien dans 44 pays et le considère désormais comme « préoccupant ». Où en est la situation en France ?

On a découvert un cas de variant indien à Lille le 11 mai. Il s’agit d’un patient de nationalité indienne qui avait transité par le Moyen Orient. J'ai d’ailleurs toujours dit au gouvernement de faire très attention car la plupart des vols d'Inde ne sont pas directs et s'arrêtent à Qatar, Bahrein, Dubai ou Abu Dhabi. Il faut donc faire attention à tous les pays d'arrivée.  Vendredi dernier, 11 cas décrits par Santé publique France.

Ce n'est pas la seule inquiétude. A l’Institut Pasteur de Lille, nous avons trouvé 17 patients qui ont une nouvelle mutation du variant anglais qui rappelle le variant sud-africain. On a été appelé par Santé publique France lundi parce que ça les inquiète. On continue de trouver des cas de variant brésilien et sud-africains. Ça n'augmente pas mais ça ne diminue pas. Il faut toujours se méfier -en janvier, on avait 3% de variant anglais à Roubaix. Ça peut disparaitre comme ça peut exploser

Avec une circulation encore très importante du virus et une vaccination lente,  on est dans une situation idéale pour qu'apparaissent des variants qui compliquent encore la politique de vaccination. Et au-delà de la question de ces variants venus de l’étranger, la souche majoritaire en France (qui est de très loin la souche dite anglaise) est en train de changer. C'était aussi attendu mais malgré cela, nous ne nous y sommes pas préparés. 

En faisons-nous assez pour repérer et lutter contre ces variants ?

On séquence beaucoup moins qu'ailleurs.  On en fait 2% alors qu’il faudrait en faire au moins 5% pour être efficace. On fait des études flash toutes les 3 semaines et il nous faut 2 ou 3 semaines pour avoir les résultats. Ça empêche concrètement toute action réelle. 

A Lille, le patient indien a été déclaré positif le 2 mai. Or ça a été annoncé le 11 mai.  Le moins qu'on puisse dire, c’est qu'on se hâte lentement… A l’institut Pasteur de Lille, on fait le séquençage en deux jours et on rend le résultat en deux jours. En France, on a une stratégie très « observationnelle » vis-à-vis des variants. On constate et on ne fait rien derrière.

On est malheureusement très en retard sur la recherche. Madame Vidal devait faire deux choses, donner de l'argent pour faire de la recherche sur les variants et créer un comité scientifique pour analyser ces variants. Elle n’a fait ni l'un ni l'autre. Quand nous, à Lille, on découvre des variants, on le met sur une base de données et on est contacté par quelqu'un qu’on ne connaît pas de Santé Publique France . Normalement ce n'est pas comme ça que cela doit se passer. Il devrait y avoir un comité scientifique qui analyse ça pour en tirer des conclusions. 

Maintenant, il n'y a pas 36 choses à faire. Il faut diminuer la circulation virale et bloquer l'arrivée et le développement du variant indien. On a raté le coche du contrôle aux frontières. Pour l'instant la situation n'est pas dramatique mais ça peut bouger. Il faut accélérer la vaccination et prier pour que la diminution du nombre de cas aille plus vite que le développement de nouveaux variants.

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