Manuel Valls, le Monsieur austérité qui ne risque pas de rassurer les Français <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Manuel Valls.
Manuel Valls.
©Reuters

Éditorial

Pour bon nombre de compatriotes, Manuel Valls a revêtu le visage de Monsieur austérité, comme le reflète l’indice du moral des ménages qui vient de chuter en avril à son niveau de décembre 2011 et qui se trouve toujours en berne depuis le début de la crise financière de 2008. Résultat : loin de retrouver confiance dans l’avenir et de reprendre le chemin de la consommation, les Français ont tendance à favoriser l’épargne.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

Voir la bio »

"J’assume". Ce mot martelé à la tribune de l’Assemblée par Manuel Valls indique le nouveau style que le Premier ministre entend imprimer à son action, en opposition radicale à celle de son prédécesseur. Courage, vitesse (certains y voient déjà de la précipitation), vérité, même si celle-ci dérange, tels sont les ingrédients qu’il place dans sa potion destinée à redresser la France. Avec des expressions empruntées à l’ancien président du Conseil, Pierre Mendès-France, dont la brève tentative de redressement il y a soixante ans reste gravée dans les mémoires.

S’agit-il de la bonne méthode pour rassurer une population traumatisée par la crise que les errements de la politique depuis deux ans ont conduit à douter de la classe politique ? Certes, l’énergie ne lui fait pas défaut. Mais sa silhouette plutôt rigide, son regard froid, peuvent inspirer le doute sur ses capacités à rassembler, en développant la méfiance plutôt que la confiance qu’il appelle de ses vœux.

Avec Jean-Marc Ayrault, les Français avaient le sentiment qu’on avait encore un peu de temps avant la purge annoncée. La pugnacité affichée par son successeur leur donne à penser que cette période est définitivement terminée et qu’il n’y a plus d’échappatoire. D’ores et déjà, Manuel Valls revêt le visage de Monsieur austérité pour bon nombre de compatriotes, comme le reflète l’indice du moral des ménages qui vient de chuter en avril à son niveau de décembre 2011 et qui se trouve toujours en berne depuis le début de la crise financière de 2008.

Conséquence : loin de retrouver confiance dans l’avenir et de reprendre le chemin de la consommation, comme l’espère le gouvernement pour relancer la croissance, les Français ont tendance au repli sur soi et à favoriser l’épargne autant que faire se peut, par crainte de jours plus difficiles. Les dépenses des ménages ont ainsi diminué de 1,2% au premier trimestre et c’est la stagnation qui semble l’emporter aujourd’hui. L’hôtellerie a connu un début d’année difficile. La fréquentation des TGV connaît une érosion alors que le covoiturage a le vent en poupe. Dans tous les domaines, les Français recherchent les économies, pour constituer vaille que vaille une épargne de précaution et l’on assiste à un retour en forcer de l’assurance-vie, malgré la baisse de rémunération de ce produit.

 Dans ce contexte, il parait bien difficile de sortir le pays de la stagnation dans laquelle il est englué. L’agence de notation Moody’s n’y croit guère car le déficit public devrait encore s’établir à 4% cette année, compte tenu du dérapage enregistré l’an dernier et le fameux objectif de 3% ne sera pas davantage obtenu en 2015, à l’inverse de ce qui se produit chez nos principaux partenaires européens. Et ce n’est pas ainsi qu’on peut tabler sur une baisse du chômage.

Peut-être parce que le nouveau style de Manuel Valls reste pour l’instant encore davantage marqué par la communication et au niveau des intentions. Car au niveau des grandes réformes, celles de la flexibilité du marché du travail et de l’instabilité réglementaire et fiscale, rien ne bouge. C’est pourtant là qu’apparaitrait le véritable changement qui nous ferait rattraper le retard accumulé sur nos partenaires. Dans ce domaine, les dernières enquêtes d’opinion montrent que le sentiment des Français est en train d’évoluer. Au gouvernement de s’en inspirer.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !