Malika, Fathia, Nadia… Filles arabes, on vous aime <!-- --> | Atlantico.fr
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Malika Bellaribi Le Moal
Malika Bellaribi Le Moal
©La Croix (capture)

Sans voiles

On ne parle pas beaucoup d'elles. Emmanuel Macron l'a fait. Il a eu raison.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Quand le ministre de l'Économie a évoqué le prénom de Malika, la salle debout lui a offert une standing ovation. Il y a quelques semaines, Macron l'avait décorée de la Légion d'honneur pour son activité artistique dans les quartiers dits "sensibles". "Que dois-je dire sur vous ?", lui avait demandé le ministre. "Que je suis française", avait répondu Malika. Des comme elles, il y en a des milliers en France. Courageuses, ambitieuses, battantes, déterminées. Elles ont la rage de vivre. Une rage qui les rend belles dans tous les sens de ce terme. Un prénom arabe assez répandu, Djamila, ne veut-il pas dire "belle de corps et d'esprit" ? Cette rage, elles l'ont car il la leur faut pour vivre et survivre dans un environnement culturel, religieux et sociologique qui s'emploie à les réduire à la fonction d'objet. Et leur courage est en stricte corrélation avec les "pute", "salope" qui fusent dès qu'elles s'habillent "comme les Françaises"…

Des Malika, nous en connaissons tous. Ou alors, il ne tient qu'à nous d'en connaître. La mienne s'appelle Fathia, 20 ans. J'ai déjà raconté son histoire. Mais aujourd'hui et ici, elle a de nouveau toute sa place. Fathia était en primaire avec mon fils. Famille modeste, pour ne pas dire pauvre. Mère seule. Elle était travailleuse et surdouée. On lui a fait sauter une classe.

Fathia est donc allée au collège un an avant ses copains et copines. Là, elle a de nouveau été première. Ce qui lui a valu d'être houspillée, verbalement martyrisée, par une dizaine d'élèves de la même origine qu'elle. Pensez donc, une Arabe qui faisait sa Française ! Jours après jours, on la traita d'"Arabe blonde". Fathia fit une dépression. Sa mère la retira du collège et la scolarisa dans un établissement catholique où elle continua, paisiblement cette fois-ci, à être première de la classe.

Fathia est connue de moi. Nadia Remadna est connue d'un peu plus de monde. Elle anime la Brigade des mères qui arpente les banlieues pour lutter contre un islamisme de plus en plus conquérant. Elle est, autant que faire se peut, protégée par la police. Parfois, des filles en hijab viennent devant son domicile pour la traiter de "kouffar" et de "salope". Sur les réseaux sociaux, ses filles sont régulièrement promises au viol. Et son fils a été violemment tabassé.

Elles sont nombreuses, toutes ces Malika, ces Fathia, ces Nadia. Plus courageuses que les hommes car nécessairement plus motivées. Elles ne veulent pas pour elles-mêmes, pour leurs filles, que certains coins de France deviennent des petites répliques d'Arabie Saoudite ou du Yémen. Elles savent toutes ce que le voile représente. Assurément pas un inoffensif petit bout de tissu, marqueur innocent d'une appartenance religieuse… Tel est pourtant l'argument de celles qui le portent. Et alors ? La Boétie a tout dit sur la servitude volontaire.

Ces femmes, ces filles arabes savent exactement à quoi correspond le port du voile. Le signe que la voilée n'appartiendra (si ce n'est déjà fait) qu'à un seul homme. Qu'elle se gardera intacte pour lui. Mais lui sera libre d'avoir de nombreuses femmes, de multiples relations amoureuses. La femme au moment du mariage aura à prouver sa virginité. Et si par malheur elle a fauté, sa famille la fera recoudre. Il y a des cliniques, très coûteuses, pour cela. Mais aux yeux de certains, un hymen ça n'a pas de prix…

En écoutant le discours de Macron à la Mutualité, la plupart des commentateurs n'ont pas prêté attention à Malika. Ils ont retenu que le ministre de l'Économie n'était ni de gauche ni de droite. Ou peut-être et de gauche et de droite. Pas de quoi casser trois pattes à un canard. Le discours d'un bon gars, utile pour servir de l'eau bénite aux paroissiennes. Moi, je lui dis juste merci pour Malika.

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