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Macron, Président pour les riches ? Les entrepreneurs riches ?
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Les entrepreneurs parlent aux Français

Ne pas matraquer ceux qui réussissent est la meilleure promesse de justice sociale à faire aux plus démunis.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Thierry Marx, un ami très cher, cite souvent cette très belle phrase qui dit que « le luxe n’est pas une insulte à la pauvreté mais à la médiocrité ». Pour lui qui sait ce que la pauvreté veut dire, du fait de son passé de gamin des quartiers pauvres de Belleville, la phrase prend tout son sens. En clair, le fait de vouloir exceller, et que l’excellence ait un prix, n’enlève rien aux pauvres, et fait payer les riches, de leur plein grès, pour récompenser le travail d’artisans, souvent manuels, souvent dotés d’un « petit » diplôme comme on aime à les qualifier en France, et récompenser un savoir-faire qui fait rayonner la France dans le monde. La qualité comme obsession, et l’amour du travail bien fait comme raison de vivre.

L’ISF était une insulte aux pauvres et d’une totale médiocrité. Un impôt totalement dogmatique, qui a établit un précédent dangereux en France. Il a en effet gravé dans le marbre que le législateur pouvait utiliser la Loi pour alimenter la démagogie politique, l’esprit de revanche, l’opposition entre les fractions d’un même peuple. Il a érigé la Loi en faux Robin des Bois, prenant aux riches, mais ne rendant rien aux pauvres. L’argent éventuellement récolté servant à alimenter des déficits abyssaux que le politique, moins courageux quand il s’agissait de réparer et adapter l’Etat et ses propres privilèges, et d’ajuster la société Française à sa nouvelle réalité, a continué à creuser, année après année, avec la certitude qu’au final, ce seront bien les pauvres qui paieront leur lâcheté. On le voit aujourd’hui, la disette budgétaire, ce sont les pauvres qui la paient.

L’ISF a marqué cette période quasi soviétique de l’histoire politique française, où l’on a remis la guillotine sur la place de la Concorde (à 2 pas en tous cas) afin de décapiter les riches pour montrer son dégoût du riche et rassurer la pauvre sur la nature socialiste de sa victoire. Mensonge d’Etat !

L’ISF a brillé par une liste de défauts, assez rare pour qu’on prenne quelques exemples.

Impôt superflu. Dans un pays qui avait déjà le taux marginal parmi les plus élevés d’Europe. En France, la réussite se paie au prix fort. Mieux vaut ne rien faire et vivre tranquille, près du radiateur.

Impôt coûteux. Même si l’on n’a jamais réussi à connaître son coût complet, il est clair qu’il a longtemps coûté en traitement administratif, plus cher que ce qu’il rapportait. Au final, il créait un déficit supplémentaire. Brillant !

Impôt démagogique. En France plus de 50% des foyers ne paient pas d’impôts, ce qui est stupéfiant, et 20% des ménages les mieux payés, paient 80% de l’impôt. L’ISF existait donc déjà, il s’appelait l’injustice fiscale. Dans un Etat qui ne voulait pas additionner les sommes les plus évidentes, une large partie de la population par le cumul des allocations et aides diverses, échappe ainsi à l’impôt alors que le couple disposant des mêmes revenus nets, mais salarié, paie pour eux. Le couple moyen avec 4000eur de revenus (que Hollande qualifiait de riches) voit ainsi son voisin de pallier, non salarié mais « perclus » d’aides diverses,  échapper à l’impôt, un peu comme les 2 passagers voisins d’un même avion qui auraient payé un prix allant du simple pour l’un au triple pour l’autre.

Impôt inutile, puisqu’il n’a rien ajouté aux pauvres. Aucun bénéfice. Rien. Walou. Nada !

Le supprimer est donc une mesure de salut fiscal et le rétablissement d’une vérité de base : l’impôt n’est pas là pour faire de la politique. Et d’alimenter la haine du riche. Faut il rappeler que souvent, le riche, est un ancien pauvre, et que le fait qu’il se soit élevé socialement devrait être plutôt récompensé que puni, car il prouverait que l’ascenseur social fonctionne encore dans ce pays, ce qui est rarement le cas désormais. Pour plusieurs raisons. Tout d’abord, de la même façon que les seuils pour les PME, chacun est plutôt incité à rester au chaud qu’à prendre des risques, pour un profit aléatoire, d’une part, mais surtout, pour en être puni, ensuite. Qui peut espérer que décourager la réussite puisse profiter à une nation ?

Ensuite, parce que nous réalisons, que mis à part le Loto, il n’existe plus d’enrichissement assuré, à part de tenter l’aventure de l’entreprise. Qui fonctionne, en ce qui concerne les start-up, au mieux, une fois sur douze en moyenne. Néanmoins, les débats télévisés des derniers jours se focalisent sur ces entrepreneurs « malsains », « peu patriotes », « sans scrupules ni reconnaissance, ingrats », qui ont osé quitter la France pour être moins matraqués en cas de vente de leur société. Mais personne pour se dire qu’avec une politique fiscale dans la moyenne de l’Europe, ils seraient restés sagement en France et que les plus de 150 milliards qui pourraient avoir quitté la France en 40 ans, seraient investis dans notre pays. Quand on vous menace de vous frapper, personnellement, est ce que vous tendez les doigts ou tentez vous de vous enfuir ? Se faire spolier, du fruit de ses risques pris et de son travail, pour alimenter un Etat impécunieux est une œuvre de résistance souhaitable. Afin que les bonnes questions soient enfin posées.

Cet argent peut revenir en France à 2 conditions. Non pas que l’ISF soit supprimé, cela n’entraînera un retour qu’à la marge. Les personnes parties, avec des enfants, qui font leur scolarité sur place, ont leur amis sur place, ne sont souvent presque plus français. Ils se sont adaptés et mêlés à leur nouveau pays. La suppression de cet impôt n’est pas suffisante. Ce qui a souvent poussé à fuir cette fiscalité, ce n’est pas tant l’ISF que la constatation que l’Etat trouvait toujours dans les « riches » « entrepreneurs », une vache à traire, et que l’aggravation des déficits conduirait forcément l’Etat à continuer ainsi à se payer sur la bête. En clair, ce n’est pas tant la suppression d’un impôt que 1/ la bonne gestion de l’Etat et 2/ la certitude que cette clémence soudaine devienne permanente, qui feront revenir les riches. En clair, la stabilité fiscale, la parole donnée par l’Etat qu’il ne reviendra pas en arrière et qu’il s’engage à ne pas aggraver la fiscalité pour combler les dégâts de sa mauvaise gestion.

Si le président Macron souhaite leur retour, il doit donner un gage sur le long terme et non ce qui apparaît, uniquement pour les aveugles, comme un signe ponctuel. Et également promouvoir le risque, en compensation de sa disparition, car l’ISF générait de l’argent disponible pour les start-up, qui vont voir cette ressource fondre comme neige au soleil.

En conclusion,  ne pas matraquer ceux qui réussissent est la meilleure promesse de justice sociale à faire aux plus démunis. Plus ils seront nombreux, plus la société toute entière en profitera. Leur épargne, leurs impôts, leur consommation, sert à tous. Comme le dit le proverbe Chinois « mettre les riches à la diète ne nourrit pas les pauvres, mais appauvrit tout le monde ». SI les Chinois le disent…

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