Macron et Margerie : superstars françaises de la presse européenne<!-- --> | Atlantico.fr
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La presse étrangère ne tarit pas d’éloges sur deux Français : Emmanuel Macron, le ministre de l’Économie et Christophe de Margerie, le président disparu de Total.
La presse étrangère ne tarit pas d’éloges sur deux Français : Emmanuel Macron, le ministre de l’Économie et Christophe de Margerie, le président disparu de Total.
©CGPME

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

La presse étrangère ne tarit pas d’éloges sur deux Français : Emmanuel Macron, le ministre de l’Économie et Christophe de Margerie, le président disparu de Total. Ce n’est pas par hasard. Ils incarnent l’un et l’autre une particularité qui, en France, est devenue très rare, le courage de déranger.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La presse anglaise dresse un portrait élogieux du président de Total et consacre un papier très admiratif du ministre de l’Économie. Les deux hommes sont pourtant très différents. Ils ne sont pas de la même génération, ils n’ont pas suivi le même cursus. Macron est un pur produit de la filière classique française, Sciences-Po, ENA, banque et cabinets ministériels. Des comme lui, on en a fabriqué beaucoup en France.

Christophe de Margerie, petit-fils du fondateur des champagnes Taittinger, n’a pas fait d’exploit à l’école. Il a intégré l’ESCP ce qui n’est pas si mal, mais sur le catalogue il y a mieux. Il a été formé au pied des cuves de pétrole pendant trente ans avant de devenir président du groupe, mais quel président.

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La presse dresse donc des portraits élogieux à ces deux hommes pour des raisons différentes. Mais ils ont surtout en commun d’avoir transgressé les usages de leur milieu.

A l’étranger, Macron passe pour le ministre français qui essaie de transformer en profondeur la société et pour y parvenir qui transgresse les usages de son parti et balaie les vieilles lunes de l’interventionnisme d’État. Avec Valls, Macron est complètement à contrecourant du PS. Il considère que le monde a changé et que c’est à la France de l’assumer et de s’y adapter et non l’inverse. On n’est plus dans l’idéologie, on est dans le pragmatisme.

Après son passage en Allemagne, il a convaincu la presse que son pays allait faire la réforme du travail et gagner en compétitivité. Il a charmé les Allemands et c’est sans doute grâce à ce charme et à ses qualités pédagogiques que la France obtiendra un délai supplémentaire pour étaler son déficit. Emmanuel Macron est dans la classe politique française complètement atypique, d’où son succès.  

Christophe de Marjorie est lui aussi encensé par la presse. Cette dernière raconte son histoire, sa carrière et rapporte ses bons mots. Objectivement, il a fait du groupe Total une entreprise immense au cœur du système de production d’énergie en Europe. Pour les Allemands et les Anglais c’est déjà grand. Mais ce qu’ils retiennent surtout ce sont deux choses.

La première, c’est d’avoir su, par une communication intelligente, faire aimer Total de l’opinion publique française. Il travaillait à l’optimisation de la performance de son entreprise mais il considérait que cette optimisation n’était possible que si l’entreprise était acceptée par l’opinion publique. D’où les compromis qu’il négociait en permanence sur le terrain de l’environnement et sur le terrain social. Il était à contrecourant de la culture traditionnelle du patronat français.

Mais ce n’est pas tout. Pour défendre les intérêts de son groupe, il négociait en permanence avec les pays producteurs dont la Russie et les pays du golfe. Quand on lui demandait s’il n’était pas gêné de travailler avec des pays plutôt limites avec les droits de l’homme, il répondait qu’il fallait savoir ce que l’on veut. Ou l’on veut  du pétrole et on travaille avec les pays producteurs ou bien on refuse et l’on fait un autre métier. Surtout, on ne roule plus en voiture. Certains diront qu’il a été d’un cynisme rare : la réalité est qu’il était très pragmatique et responsable.

Ajoutons à cela que dans cette logique-là, il n’a jamais cessé de parler aux Russes, de négocier avec eux et d’intervenir auprès des gouvernements pour obtenir un compromis. Il n’était pas loin de penser que la politique initiée par les américains pour asphyxier la Russie était très bête.

Pour les milieux d’affaires anglais, allemands et français, Christophe de Marjorie était considéré comme le meilleur intermédiaire entre l’Europe occidentale et la Russie. Le dernier des ambassadeurs crédibles.

Là encore, certains diront qu’il protégeait les intérêts de Total. Il avait surtout la faiblesse de penser qu’en maintenant un lien fort avec la Russie, il rendait service à l’Europe toute entière. Avec sa disparition, nous avons perdu le meilleur ambassadeur qui soit. Les français ne le savent pas mais les Anglais et les Allemands pleurent dans la presse la disparition d’un ambassadeur qui leur était bien utile.

Macron - Margerie même combat : celui du pragmatisme et du résultat. C’est pour la France, des qualités qui se font rares.

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