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Eric Ciotti a été élu à la tête des Républicains, le dimanche 11 décembre, à l'issue du vote des adhérents LR.
Eric Ciotti a été élu à la tête des Républicains, le dimanche 11 décembre, à l'issue du vote des adhérents LR.
©JULIEN DE ROSA / AFP

Les Républicains

Eric Ciotti succède à Christian Jacob à la tête du parti Les Républicains. Le député des Alpes-Maritimes a battu Bruno Retailleau avec 53,7 % des voix ce dimanche.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Avec 53,7% des suffrages Eric Ciotti a remporté le scrutin qui l’opposait au président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau. Le député des Alpes-Maritimes devient président du Parti « Les Républicains » et prend la succession de Christian Jacob qui avait quitté ses fonctions au lendemain de la présidentielle, au printemps dernier. Eric Ciotti avait obtenu 42,73% des voix au premier tour et Bruno Retailleau 34,45% ; le troisième candidat, le, député du Lot Aurélien Pradié avait réuni 22,29 % des suffrages et avait été éliminé. Il a laissé le choix à ses électeurs pour le 2e tour.

Favori du deuxième tour, soutenu par Christian Jacob, Olivier Marleix, le président du groupe LR à l’Assemblée, bénéficiant d’une forte implantation dans sa région, Eric Ciotti a remporté une victoire incontestable ; pour autant, avec 53,7% des voix, celle-ci n’est pas confortable. Eric Ciotti devra composer avec ses adversaires d’hier. Sur TF1 ce dimanche soir, il a entonné le grand air du rassemblement et de l’Unité en rappelant ses fondamentaux : « Je veux une droite ferme, qui rétablisse l’ordre dans la rue, une droite  de la liberté, une droite de l’intelligence…» mais aussi une « droite  du travail, de l’autorité, de l’identité, qui nous permette de vivre comme nous avons toujours vécu». Bruno Retailleau, en reconnaissant sa défaite,mais en faisant remarquer au passage que « pratiquement un électeur sur deux avait voté pour lui, lui a fait écho : « Le rassemblement, notre unité, ça n’est pas une option, c’est une impérieuse nécessité. Eric a gagné ; c’est à lui qu’il appartiendra de travailler à cette unité, nous sommes affaiblis ; toute division nous coutera très cher… ce qui se joue, pas seulement l’avenir de la droite française, c’est l’avenir de la France »… Dans l’immédiat, ne lui en déplaise, c’estde la survie du parti qu’il s’agit. Ce que l’éditorial du Figaro résume avec ce titre en forme d’interrogation : « Artisan d’un renouveau ou syndic de faillite ? ».

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D’entrée de jeu, Eric Ciotti sera confronté à la menace de défection d’élus qui lui reprochent sa ligne droitière, ses prises de position passées en faveur de Eric Zemmour et qui le soupçonnent de vouloir faire l’union des droites… avec le RN , ce dont il se défend  Plusieurs députés (-entre dix et vingt), se voulant pragmatiques seraientprêts à signer un contrat de gouvernement avec Emmanuel Macron (-comme Nicolas Sarkozy les y incite). La Macronie est d’ailleurs ouvertement à l’offensive… Dans une interview au Parisien, le patron du Parti Renaissance Stéphane Séjourné lance un appel « à la droite républicaine : « Je ne leur demande pas de se dissoudre dans Renaissance, je ne leur demande pas de rejoindre une écurie présidentielle, mais au moins d’être fidèles à leurs valeurs. On n’est pas d’accord sur tout, mais on peut faire avancer le pays ». Stéphane Séjourné crie au loup en affirmant que « Ciotti va dissoudre la droite dans l’extrême droite ». Mais signer un contrat de gouvernement avec Emmanuel Macron, ne reviendrait-il pas à se dissoudre à terme dans le macronisme ?

Bruno Retailleau ne souhaite pas davantage que LR devienne une force d’appoint du macronisme. Le président du Groupe LR au Sénat pense également que le macronisme ne survivra pas… à Emmanuel Macron (qui ne pourra pas se représenter en 2027). Lui prônait même une rupture avec… Nicolas Sarkozy. Il n’en reste pas moins que les Républicains, parti de gouvernement, sont amenés depuis le mois de juin , à voter un certain nombre de textes gouvernementaux parce qu’ils correspondent à ce qu’eux-mêmes prônent. Il en ira sans doute ainsi pour la réforme des retraites. Lors du débat entre les trois candidats sur LCI le mois dernier, Eric Ciotti et Bruno Retailleau ont laissé entendre qu’ils sont favorables à l’âge légal de départ de 65 ans. Ce reportfigurait au programme de Valérie Pecresse

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Wauquiez, candidat naturel ?

L’autre explication du score relativement étriqué de Eric Ciotti se nomme… Laurent Wauquiez. Le nouveau président de LR a basé sa campagne sur la nécessité de désigner au plus vite celui incarnera la droite en… 2027. Et pour lui cette personne est Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Grand perdant de l’élection européenne de 2019, Laurent Wauquiez s’est replié sur sa région qu’il dirige avec succès. A LR, il n’est plus question de primaires, ouvertes ou ferméesqui se sont avérées désastreuses en 2017 et en 2022. Le candidat sera désigné dans le cénacle restreint du Bureau politique. Laurent Wauquiez, est-il le candidat naturel de la droite pour 2027 ? Eric Ciotti en est convaincu, et l’intéressé ne l’en a pas dissuadé. «Les LR, (autrement Laurent Wauquiez),gagneront l’élection présidentielle en 2027 » a même affirmé le nouveau président du Parti ce lundi matin sur RTL… Mais quipeut croire un instant que cette désignation ne laisserait place à aucune contestation interne? Aujourd’hui tous les partis politiques revendiquent plus dedémocratie, même les Insoumis ! Et surtout,désigner le candidat de 2027 en 2023 parait totalement irréaliste. D’ici 2027 d’autres talents peuvent se révéler, ou vouloir tenter une deuxième fois leur chance, à l’instar de Xavier Bertrand, éliminé de la primaire de 2022 ? Et se mettre en travers de la route du candidat officiel.

En réalité, ce n’est pas en réformant le mode de désignation du candidat à l’élection reine qu’est la présidentielle que les Républicains retrouveront les faveurs de leur électorat perdu, mais en s’imposant dans le débat public, sans l’outrance des extrêmes, en faisant preuve de créativité, d’aller au-delà des questions sécuritaires et d’immigration, en produisant de nouvelles idées sans choquer leur électorat conservateur. C’est cela la feuille de route d'Eric Ciotti. S’il ne veut pas être le syndic de faillite mais bien l’homme du renouveau, il lui appartient de trouver la recette de « ni Macron, ni Le Pen ».

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