Loi bioéthique : les Français entre vaste méconnaissance du contenu du projet et forte envie de principe de précaution<!-- --> | Atlantico.fr
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La loi bioéthique est en discussion à l'Assemblée nationale.
La loi bioéthique est en discussion à l'Assemblée nationale.
©Ludovic MARIN / AFP

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Un sondage exclusif Ifop Alliance Vita Atlantico.

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L'Ifop est un institut de sondages d'opinion et d'études marketing.

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Caroline Roux

Caroline Roux

Caroline Roux est déléguée générale adjointe et coordinatrice des services d'écoute d'Alliance VITA.

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Le projet de loi bioéthique revient en nouvelle lecture à l’Assemblée nationale après un échec de la commission mixte paritaire. L’IFOP a réalisé à cette occasion un sondage sur la connaissance par les Français du contenu de la loi en débat depuis l’automne 2019 ainsi que sur leur adhésion à l’application du principe de précaution en matière de décision bioéthique.

Commentaire de Caroline Roux, directrice générale adjointe d’Alliance VITA

Les résultats sont révélateurs du degré effarant de méconnaissance de la loi par les Français mais aussi de leur souhait que soient imposées des limites aux recherches qui mettent en cause l’intégrité de l’être humain

Quand on l’interroge sur des mesures précises du projet de loi en matière de procréation, de droit des enfants, ou encore de manipulation des embryons humains,la majorité des sondés avoue ne pas savoir qu’elles y figurent.

A peine un quart des Français savent que le projet de loi autoriserait la procréation d’enfants sans aucun lien biologique avec leurs parents via le double don de gamètes, que la PMA serait remboursée par la sécurité sociale, y compris pour les personnes sans problème d’infertilité, ou encore que des établissements lucratifs pourraient être autorisés à prélever et conserver des gamètes. Alors que le débat s’est injustement focalisé sur la seule PMA, en arriver à cette ignorance marque l’échec du processus qu’on prétendait participatif et consensuel.

On constate surtout, une méconnaissance quasi absolue par les Français des mesures liées à la manipulation des embryons humains. Ils ne sont que 9% à savoir que la loi autoriserait à apporter des modifications génétiques aux embryons et 7% la création de chimères animal-homme par l’introduction de cellules souches embryonnaires humaines dans des embryons animaux. Ces deux dernières dispositions ne sont pas seulement méconnues, elle semblent incongrues ou inimaginables. Devant le déni qu’on opposait à nos alertes, nous avons fait d’énormes efforts pour révéler leur présence et dénoncer la façon dont les rédacteurs du projet les avaient dissimulées. Il n’est pas certain que la plupart des députés qui s’apprêtent à voter ce texte ne soient conscients de sa portée.

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Or, les Français sont majoritairement favorables (57%) à l’application du principe de précaution aux humains en matière de décision bioéthique comme cela est le cas pour la nature et l’environnement. Le principe de précaution est inscrit dans la constitution française : il vise à prendre des mesures qui évitent des atteintes graves et irréversibles à la nature et l’environnement.

Ce soutien traverse les classes d’âge (55% des moins de 35 ans et 58% des plus de 35 ans), et les orientations politiques : 62% des personnes se classant à gauche, 63% des soutiens de la majorité LREM et 65% des personnes se classant à droite. Il n’y a pas non plus de différence notable en fonction des régions et des lieux d’habitation : 53% des personnes de l’agglomération parisienne, 58% des habitants urbains de province et 57% des habitants de commune rurale.

Cette adhésion des Français au principe de précaution est encore plus importante quand on les interroge sur son application dans le but d’interdire l’utilisation des embryons humains modifiés génétiquement pour la recherche, (72% en moyenne – 82% des soutiens de la majorité présidentielle) ou la création de chimère animal-homme (76% en moyenne et 87 % pour les soutiens de la majorité présidentielle).  Les soutiens de la majorité présidentielle sont donc encore plus favorables à l’application d’un principe de précaution que la moyenne des Français !

Ce sondage montre clairement le décalage entre les mesures en cours d’adoption dans le projet de loi bioéthique et les véritables attentes des Français dans leur ensemble. Ils attendent de leurs responsables politiques de la cohérence pour une écologie globale qui intègre le respect de l’humanité. Cette réalité devrait interroger le Président de la République et son gouvernement tant qu’il est encore temps de réorienter la loi, voire de suspendre le processus législatif qui s’est soumis au lobby scientiste.

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