"Tromperie" de Arnaud Desplechin : Librement adapté du roman éponyme de Philip Roth, un film sensuel et dérangeant porté par Léa Seydoux et Denis Podalydès…<!-- --> | Atlantico.fr
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"Tromperie", de Arnaud Desplechin et avec Léa Seydoux et Denis Podalydès, est à découvrir dans les salles de cinéma dès ce mercredi 29 décembre.
"Tromperie", de Arnaud Desplechin et avec Léa Seydoux et Denis Podalydès, est à découvrir dans les salles de cinéma dès ce mercredi 29 décembre.
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"Tromperie", de Arnaud Desplechin et avec Léa Seydoux et Denis Podalydès, est à retrouver dans les salles de cinéma dès ce mercredi 29 décembre.

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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"Tromperie" de Arnaud Desplechin :

Avec : DENIS PODALYDÈS, LÉA SEYDOUX, ANOUK GRINBERG, EMMANUELLE DEVOS, REBECCA MARDER…
Notre recommandation : EXCELLENT 

THÈME

Londres, 1987. Exilé à Londres, Philip, un célèbre écrivain juif américain (Denis Podalydès) reçoit régulièrement dans son bureau, sa maîtresse anglaise ( Léa Seydoux). Dans cette antre, qui tient du cabinet de psychanalyste et de la chambre à coucher, les deux amants, tous deux mal mariés, font, tour à tour, l’amour et la conversation. Emaillés par des disputes, leurs échanges verbaux peuvent durer des heures pendant lesquelles ils parlent de tout, de sexe, d’antisémitisme, d’exil, de littérature et de… fidélité, à eux et aux autres. De leurs discussions surgiront notamment des personnages rêvés ou réels, comme celui de la femme de Philip (Anouk Grinberg), ou ceux de ses ex, comme cette femme rescapée d’un cancer (Emmanuelle Devos) ou cette étudiante psychologiquement fragile, pour ne pas dire déglinguée (Rebecca Marder).

POINTS FORTS

Deux ans après Roubaix, une lumière, inspiré par un fait divers survenu en 2002, Arnaud Desplechin revient au cinéma avec un film intimiste, adapté du roman éponyme de Philippe Roth, dans lequel le héros, écrivain de son métier (Philip Roth lui-même?) raconte ses conversations et ses expériences avec les femmes de sa vie, notamment avec celle qui va ouvrir le film et en sera le pivot, son « amante anglaise ». Ce sont des mots prononcés lors de ses rencontres avec cette maîtresse, énigmatique et nostalgique, d’une sensualité débridée, que vont ressurgir certaines des autres femmes de l’écrivain, ex ou actuelles, au fil de scènes enchâssées les unes dans les autres, sans autre logique apparente que celle des souvenirs ou des images qui surgissent au détour d’une phrase. Tromperie est un récit quirelève d’un vagabondage sensuel et sensoriel. En l’occurrence celui d’un homme, dans son présent et son passé, vécus ou imaginaires. La promenade est d’autant plus délicieuse que rien n’y est prévisible.

Quel bonheur de retrouver Léa Seydoux, déjà présente dans Roubaix, une lumière. Dans le rôle de « l’amante anglaise » (qui n’a  évidemment rien de Durassien), tour à tour sensuelle, brillante, mélancolique et ironique, la comédienne excelle, tout le temps. Une fois encore, elle fait la preuve  qu’elle est devenue une grande, une très grande actrice. Face à elle, dans le personnage de Roth, Denis Podalydès s’amuse à jouer les séducteurs, les confidents, les provocateurs et les psychanalystes. Il n’a, en outre, jamais été aussi « sexué » au cinéma.

QUELQUES RÉSERVES

Malgré la sensualité de son interprétation et de sa réalisation (cadrages, photo, montage) Tromperie est ouvertement un film très littéraire. Trop, diront, sans doute, certains.

ENCORE UN MOT...

Lecteur enragé de Philip Roth depuis sa jeunesse, Arnaud Desplechin avait longtemps rêvé sur Tromperie. Après avoirlu et relu pendant des années, en V.O. et en V.F., ce récit autobiographique de l’auteur de La Tache, puis s’en être servi pour illustrer, en 2004, le bonus du DVD de Rois et reine, le cinéaste s’est donc enfin lancé dans son adaptation pour le grand écran. On comprend ce qui l’a séduit : la structure du récit (découpé en chapitres faciles à transposer en scènes ), et son contenu : un écrivain qui écoute parler les femmes et les laisse se révéler, si multiples et si fascinantes dans leur diversité, pour pouvoir, ensuite, les « inclure » dans ses romans.

De Léa Seydoux à Emmanuelle Devos en passant par Anouk Grinberg et  Rebecca Marder, les comédiennes qui interprètent ici ces femmes, sont toutes magnifiques, émouvantes, incandescentes. Elles  disent avec un talent fou les dialogues, virtuoses, poétiques ou triviaux du cinéaste. Aussi délicat qu’intelligent, tourné dans des décors d’un dépouillement raffiné qui laisse au texte toute place pour s’épanouir, Tromperie devrait ravir les amateurs de cinéma « lettré ».

UNE PHRASE

qui seront deux :

- «  Comme beaucoup de lecteurs, j’ai d’abord aimé le réalisme sexuel de Philip Roth. Il me faisait rire et me bouleversait en même temps. J’aime ses histoires d’amour, son humour constant. Souvent ses dialogues, même les plus quotidiens, prennent vie avec une intensité incroyable. J’aime son écriture autobiographique, l’idée qu’il se « compromet » dans ses livres, comme il dit » ( Denis Podalydès, comédien).

- « j’ai découvert l’univers de Philip Roth grâce à Arnaud. Roth est à la fois trivial et poétique. Il me semble qu’un paradoxe traverse son œuvre. C’est sans doute pourquoi il fascine tant.» ( Léa Seydoux, comédienne).

L'AUTEUR

Né à Roubaix en 1960 d’un père représentant de commerce et d’une mère au foyer, Arnaud Desplechin (un frère, diplomate et acteur; deux sœurs, une romancière et une scénariste) a le cinéma dans le sang depuis tout petit. Après des études à l’IDHEC (l’ancêtre de la Femis), il rencontre Alain Resnais, dont il dira que c’est le cinéaste qui l’a touché « le plus violemment » au cours de ses études. Il fait ses débuts dans le métier, d’abord comme directeur photo ( notamment, en 1987, de Présence féminine d’Eric Rochant), puis comme scénariste (en 1989, Un monde sans pitié d’Eric Rochant, et en 1994, Petits arrangements avec les morts  de Pascale Ferran).

En 1990, il se lance comme réalisateur. D’abord  avec un  moyen métrage, La Vie des Morts, puis, en 1992, avec un premier long, La Sentinelle, qui marque sa première collaboration avec Mathieu Amalric et lui vaut sa première sélection à Cannes. En 1996 « Comment je me suis disputé…(ma vie sexuelle) » lui vaut sa deuxième sélection. Trois autres suivront dont, en 2000,  Esther Kahn, et en 2004, Rois et reine, qui sera acclamé par la critique et connaîtra un grand succès public. En 2015, il sort Trois souvenirs de ma jeunesse, qui constitue, avec les mêmes personnages dans leur jeunesse, une “préquelle” à Comment je me suis disputé…sorti vingt ans avant.

En 2017, il fait l’ouverture du festival de  Cannes avec Les Fantômes d’Ismaël et en 2019, il signe Roubaix, une lumière, qui est présenté en compétition dans ce même festival. Tromperie est le onzième long métrage de fiction de ce cinéaste qui s’adonne parfois à la mise en scène de théâtre (Angels in America de Tony Kushner à la Comédie Française) et qui tourne en ce moment Frère et soeur, avec  Marion Cotillard et Melvil Poupaud.

ET AUSSI


- NOS PLUS BELLES ANNÉES de GABRIELE MUCCINO —Avec PIERFRANCESCO FAVINO, MICAELA RAMAZZOTTI, KIM ROSSI STUART…

C’est l’histoire de quatre amis, trois hommes et une femme, racontée sur 40 décennies, des années 1980 à aujourd’hui et ça se passe à Rome. La chronique de leurs espoirs, de leurs désillusions, de leurs amours et surtout de leur amitié. Avec ce film, le douzième de sa carrière, le réalisateur italien Gabriele Muccino (Love Coach, Père et fille) se réfère ouvertement à Nous nous sommes tant aimés ! d’Ettore Scola (trente ans de vie italienne vus à travers le regard de trois amis), et plus discrètement à Une vie difficile  de Dino Risi (la galère, sur vingt ans, d’un idéaliste de gauche). Si Nos plus belles années n’a ni la grâce du premier ni la force humoristique du second, il raconte pourtant avec une belle énergie et aussi beaucoup de drôlerie et de dérision à quel point il est à la fois complexe et merveilleux de vivre dans une société plus qu’imparfaite. Cette saga romanesque est d’autant plus agréable à suivre qu’elle est menée tambour battant par un quatuor d’acteurs irrésistibles. 

Recommandation : 4 coeurs

-  LE TEST  d’EMMANUEL POULAIN-ARNAUD — Avec ALEXANDRA LAMY, PHILIPPE KATERINE…

Annie (Alexandra Lamy) est une femme heureuse. Sa vie conjugale avec Laurent (Philippe Katerine) est un exemple d’harmonie. Ses deux grands enfants sont des garçons brillants et sensibles. Et Poupi, sa jeune ado, l’épaule sans jamais se plaindre dans l’éducation de Milo, son petit dernier. Un banal matin de week-end, la découverte d’un test « positif » de grossesse va faire voler en éclat son bel équilibre. A qui est ce test ? Annie va voir les cartes de sa vie entièrement redistribuées.

Pour son deuxième long-métrage, Emmanuel Poulain-Arnaud (Les Cobayes) s’aventure dans la comédie familiale, mais une comédie où, exactement comme dans la vie, le rire et la bonne humeur peuvent soudain se diluer dans l’émotion et dans les larmes. Pour la soutenir, il a fait appel à une belle bande d’acteurs, en tête de laquelle Alexandra Lamy. Parfaite dans son rôle de mère débordée, attachante et solaire, la comédienne confirme qu’elle est décidément une de nos meilleures actrices de comédie.  

Recommandation : 3 coeurs

- A PERFECT ENEMY de KIKE MAILLO — Avec TOMASZ KOT, ATHENA STRATES, DOMINIQUE PINON…

Un célèbre architecte est interpellé par une mystérieuse jeune femme dans un aéroport parisien. Elle est si envahissante qu’elle lui fait rater son vol. Il va réaliser au fil des heures que leur rencontre n’est pas due au hasard…

C’était un sacré défi de transposer sur le grand écran Cosmétique de l’ennemi d’Amélie Nothomb, moins parce qu’il s’agissait d’un immense succès de librairie que parce qu’il était essentiellement composé d’un dialogue, dans un même lieu, entre deux personnages. Le pari est gagné. Si l’adaptation a pris quelques libertés avec l’œuvre originale (dans cette dernière, notamment, les deux protagonistes sont des hommes), A Perfect enemy a conservé son épaisseur dramatique. Il est comme elle, divertissant, dérangeant, et d’un suspense psychologique  qui va crescendo. Cerise sur le gâteau, il est porté par le très séduisant Tomasz Kot, l’acteur polonais qui avait mis Cannes en émoi en 2017 avec son rôle dans Cold War de Pawel Pawlikowski. 

Recommandation : 3 coeurs

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