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La croissance mondiale va rester durablement molle.
La croissance mondiale va rester durablement molle.
©Reuters

L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

Les économistes des grandes organisations internationales comme le FMI, l'OCDE ou l'OMC, rejoignent l'avis de ceux qui travaillent dans les entreprises : la croissance mondiale va rester durablement molle et, plus grave, cette croissance-là n’est pas créatrice d’emploi.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les dernières analyses réalisées par les économistes internationaux ne sont pas aussi optimistes qu’on pouvait le penser. Au FMI, à l’OCDE, à l’OMC, à la Commission européenne, à la banque mondiale, on reconnait que la croissance est revenue sur l’ensemble de la planète. Certains pays, comme la France, ne profitent pas de la fin du cycle pour rebondir sur les prix de l’énergie extrêmement bas, sur des taux d’intérêt très faibles et grâce à des afflux de liquidités.

Mais dans l’ensemble, on a retrouvé un rythme de croissance mondiale plus fort aux Etats-Unis et dans les émergents. Mais, revers de la médaille, cette croissance reste molle. C'est embêtant pour ceux qui sont à la traine et, plus sérieux, cette croissance-là n’est pas forcement créatrice d’emplois. Or, le chômage endémique est quand même le cancer de la planète.

Pourquoi cette situation paradoxale alors que tous les ingrédients sont réunis et qu'il n y a jamais eu de progrès technologiques aussi puissants que maintenant ? Les spécialistes voient à ce phénomène deux séries d’explications.

La première, c’est que l’on constate un déficit d’investissement dans les grandes entreprises. On pourrait dire qu’il n'y a pas de demande exprimée dans les pays développés qui sont un peu saturés, mais il existe un pouvoir de dépenser important et la demande potentielle existe dans les émergents.

Donc, le problème est plus du coté de l’investissement. Les entreprises sont ultra-prudentes parce que l’environnement bancaire s'intéresse plus à la gestion des dettes publiques plutôt qu'à la prise de risque dans le privé. Par ailleurs, les entreprises se méfient des risques politiques, fiscaux, et administratif  dans tous les pays matures.

Donc, les investisseurs se mettent aux abris. C’est un problème politique. La solution passerait, selon les experts internationaux, par une action plus solidaire des organisations régionales. L’Europe, l’union de la méditerranée ne rassurent pas parce qu’ils ne garantissent pas la stabilité. Loin de là. Or, l’investisseur a besoin d’une chose : de stabilité. 

La deuxième question qui hante les économistes, c’est le risque que les nouveaux investissements ne soient pas créateurs d’emplois. On se dirige tout droit vers une reprise sans emplois.

Les innovations technologiques ont permis de gagner en productivité, donc en économisant des coûts de travail. L’industrie du digital n'est pas autant créatrice d’emploi que la productivité induite en détruit. En plus, ce ne sont pas les mêmes. C’est une question de répartition des coûts et de formation sur laquelle on est très archaïque.

Une fois de plus, ce sont les politiques qui ont les clés. Le système économique de marché ne peut fonctionner que s’il répond à des règles claires et non contraignantes. Le fait nouveau depuis dix ans, c’est que l’action politique s’arrête aux frontières de l’état alors que les intérêts économiques franchissent ces frontières allégrement et parfois sans vergogne. Du coup, ils détournent des flux fiscaux.  On ne pourra pas élever des murs de protections. Ce n’est pas souhaitable. La solution passe encore et toujours par la création d’espaces beaucoup plus larges.

L’Europe est un magnifique exemple de ce que l’on aurait pu faire, approfondir l’Union Européenne. La plupart des pays membres de la zone euro le voulaient. François Hollande a cessé d’être européen convaincu pendant sa campagne électorale. Une fois élu, il a utilisé l’Europe comme bouc émissaire de ses propres lâchetés. Il aurait pu saisir les opportunités que l’Europe offrait pour sortir de la crise. Il aurait pu. Il aurait dû.

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