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Les grandes manœuvres souterraines de François Hollande pour préparer le congrès du PS... et sa candidature de 2017
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Sortez les couteaux

François Hollande suit au plus près le choix d'une date pour la tenue du congrès du Parti socialiste en rencontrant désormais régulièrement ses dirigeants.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Au Parti Socialiste tout passe, depuis toujours, par le contrôle du Parti. Dès lors, le choix d'une date pour la tenue du congrès du Parti était devenu une véritable patate chaude pour les dirigeants socialistes et... François Hollande qui suit au plus près les affaires de son ancienne maison en rencontrant désormais régulièrement ses dirigeants.

Statutairement au PS, un congrès doit se tenir tous les trois ans pour renouveler les instances. L'échéance légale est 2015. Avancer l'évènement ne poserait pas de problème ; le reporter exigerait l'approbation par une majorité de deux tiers du Conseil National, où majorité et minorité ne sont pas de vains mot ; et cette majorité là n'est pas forcément acquise au premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, qui n'a pas été élu par les militants mais nommé après la "promotion" de Harlem Désir au gouvernement ! Alors, quand en 2015, année électorale avec les cantonales programmées pour la fin mars et les régionales en septembre ? Avant ces deux scrutins dont les résultats s'annoncent aussi désastreux pour la majorité gouvernementale que les municipales de 2014 ? Impossible, matériellement ! Après ? Trop tard, car ce congrès sera absolument stratégique pour la suite, c'est-à-dire la présidentielle de 2017...

Pour parvenir au choix du mois de juin 2015, il en a fallu des cogitations car ce qui est en jeu, c'est la réélection de François Hollande, mais surtout la présence de la Gauche au deuxième tour. Car le président de la République a beau faire l'objet d'un rejet sans précédent auprès des électeurs à l'heure actuelle, en digne fils spirituel de François Mitterrand, il est convaincu (et ses amis avec lui) que le temps joue en sa faveur et qu'il peut être réélu pour un second mandat en 2017... à condition qu'un certain nombre de conditions soient remplies ; le contrôle du Parti par un homme sûr en est une. Elle n'est pas la seule. Dans un premier temps, l'enjeu pour François Hollande est d'éviter que les différents courants dirigés par Arnaud Montebourg, Martine Aubry, Benoît Hamon entre autres se coalisent et deviennent majoritaires dans les instances du PS composées à la proportionnelle après le vote des militants. A l'inverse, il lui faut également éviter un cas de figure - peu probable aujourd'hui - dans lequel une majorité favorable à une alliance avec le Centre incarnée notamment par les amis de Manuel Valls et l'ancien courant de Dominique Strauss-Kahn, s'installe à la tête du Parti. Dans cette hypothèse, les Ecologistes qui ont quitté le gouvernement au printemps présenteraient un candidat au premier tour (Cécile Duflot se dit prête !) et personne ne veut revivre un 21 avril 2002 dû en partie à une Gauche morcelée. Alors, pourquoi juin 2015 ? Monsieur de la Palice répondrait que juin se situe entre mars et septembre. Traduction : juin est une date charnière et selon les résultats des cantonales (combien de départements perdus pour la Gauche, quels résultats économiques ?), Manuel Valls sera toujours ou ne sera plus le locataire de Matignon. 

Les grandes manoeuvres autour des Ecologistes sont donc engagées. Samedi François Hollande va se rendre à Lille pour la finale de la Coupe Davis ; il rencontrera Martine Aubry et les deux leaders ne parleront pas seulement du coup droit de Federer et du revers de Tsonga. C'est Martine Aubry qui avait négocié l'accord électoral avec les Verts lorsqu'elle dirigeait le PS. A Paris, c'est le président de l'Assemblée Nationale Claude Bartolone qui plaide en faveur d'un retour des Ecolos au gouvernement, et par conséquent dans la majorité dans le cadre d'un vaste remaniement post cantonales.

C'est aussi dans ce contexte que s'est instauré un débat sur des primaires à Gauche ; le secrétaire d'Etat à la réforme administrative Thierry Mandon l'a relancé. Le problème, c'est que tout le monde l'a interprété comme une remise en cause d'une candidature  naturelle de François Hollande, ce qui n'était pas le but recherché, mais Benoît Hamon s'est aussitôt engouffré dans la brèche. Paradoxalement le retour de Nicolas Sarkozy contribue à redonner espoir aux Socialistes qui sont convaincus que François Hollande ressortirait vainqueur du match comme en 2012 ; pour eux rien ne serait pire pour la réélection de François Hollande que la candidature d'Alain Juppé qui séduit actuellement une partie de l'électorat de centre gauche, voire de la Gauche : "si c'est Juppé Hollande est fichu", avançait récemment un hollandais du premier cercle. En attendant... le résultat des primaires à droite, les amis de François Hollande s'emploient à consolider leurs positions et à faire en sorte que le premier secrétaire du Parti Socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, soit réélu en 2015 ; son mandat étant de trois ans, il sera alors celui de la campagne présidentielle. D'ici là...

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