
Les Dents de la mer ont 50 ans et voilà pourquoi c’était à la fois un chef-d’œuvre cinématographique et une redoutable machine de guerre idéologique
Sorti en 1975, le chef-d’œuvre de Steven Spielberg fascine toujours. Derrière son apparente simplicité de thriller estival, Jaws dissimule une lecture politique, sociale et symbolique bien plus complexe. Allégorie de la menace communiste, réflexion sur la société post-Vietnam et sur l’union blanche face à un danger extérieur, le film montre aussi – en creux – une humanité violente, arrogante et terrifiée. À travers la traque du requin, c’est une guerre contre la nature elle-même qui se joue, dans une Amérique chancelante où la peur gouverne les choix. Spielberg a gommé les sous-entendus les plus sombres du roman original, mais l’impact du film, tant sur le public que sur l’espèce animale, demeure considérable. Cinquante ans plus tard, Jaws n’a rien perdu de sa puissance : il reste le miroir grinçant d’une société qui tue ce qu’elle ne comprend pas, et qui transforme l’instinct de survie en récit de propagande.