Légère baisse de l'évaluation de la menace terroriste en France par les Français depuis janvier<!-- --> | Atlantico.fr
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88% des Français estiment que la menace d'attentat sur le sol français est élevée.
88% des Français estiment que la menace d'attentat sur le sol français est élevée.
©Reuters

Sondage exclusif IFOP pour Atlantico

88% des Français estiment que la menace d'attentat sur le sol français est élevée. On était à un Français sur deux en janvier dernier, selon un sondage exclusif de l'Ifop pour Atlantico.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : Quelle est l'évolution de l'évaluation de la menace terroriste par les Français depuis ces 15 dernières années ?

Jérôme Fourquet : On a un pic à 68% en mai 2011 après l'attentat de Marrakech et la mort d'Oussama Ben Laden. Des menaces à l'époque sont proférées par Al-Qaïda et donc on craint des représailles même si la France n'était pas responsable de la mort de Ben Laden. Le climat très particulier à ce moment-là fait que la perception d'une menace est très répandu.

En mettant ce point haut de côté, entre septembre 2001 et jusqu'à l'affaire Merah, incluse, on est entre 50 et 60% de Français qui estiment que la menace est élevée. Il n'y a pas vraiment d'oscillation à part ce point haut. Ensuite, ce n'est pas immédiatement l'affaire Merah immédiatement qui fait basculer l'opinion publique dans la perception élevée d'une menace, c'est quelques mois plus tard en  octobre 2012 lors du démantèlement de la cellule de Cannes-Torcy qui avait ciblée un magasin casher à Sarcelles et qui fait prendre conscience aux Français qu'on est face à des réseaux organisés, des individus nombreux, et non un individu  isolé. L'affaire Merah avait ému et choqué l'opinion, mais l'idée qui s'était imposée était qu'il s'agissait de l'œuvre d'un dingue déséquilibré et non le membre d'une vaste organisation. Il n'était pas perçu comme le symptôme de l'aggravation de la menace. La théorie du loup solitaire s'imposait. On n'avait pas fait le lien avec une nouvelle forme de terrorisme islamique en lien avec les filières djihadistes et qui va progressivement apparaitre aux yeux des Français notamment en automne 2012.

Ensuite on va avoir une série d'interventions internationales comme au Mali contre des organisations islamistes dont certaines d'entre elles menacent la France à l'époque. Puis en avril 2013, l'attentat de Boston, des menaces contre des ambassades occidentales au Proche orient…

Et puis en mai 2014 c'est la tuerie du Musée juif de Bruxelles avec Mehdi Nemmouche. Depuis septembre 2012, comme entre 2001 et 2010, sauf exception, on était entre 50 et 60%, une espèce de plateau, on a un phénomène similaire de plateau avec 15 points au-dessus facilement par rapport à l'avant 2012. Le niveau de menace va progressivement grimper en décembre 2014. Déjà à l'époque 80% des Français estimaient la menace élevée, ce qui est fort. La menace de ces attentats aux yeux de l'opinion était de plus en plus palpable. On atteint le point haut de 93% en janvier dernier. L'intérêt de cette nouvelle mesure était de voir si, 4 mois après, la pression était retombée ou si au contraire on restait sur ce nouveau palier.
Le global est à 88%, mais sur l'échelle de l'intensité de la menace, par rapport à janvier, on était à un Français sur deux qui la percevait comme très élevé, maintenant on est plus qu'à un sur quatre.

Comment cela se décline-t-il selon les profils des Français interrogés ?

Politiquement, plus on va être positionné à droite de l'échiquier politique, plus on va avoir tendance à penser que la menace est très élevée. Il est intéressant de s'attarder davantage sur la ligne "très élevée". 15% à gauche, le double à l'UMP, 28 points, et on monte à 48% pour le FN. Un électeur sur deux au FN voit une menace très élevée, à gauche c'est un sur six ou sept, même s'ils la jugent élevée.

Plus on monte en âge, plus on perçoit cette menace comme très élevée. Inversement, plus on est diplômé, moins on la perçoit comme forte mais le scores restent toujours considérables. A noter,  il n'y a pas de différence entre Paris et les communes rurales.

Quels sont les résultats obtenus concernant la menace provenant de djihadistes isolés en France ?

On est sur des niveaux similaires, 88% de Français estiment cette menace élevée. On a perdu en intensité par rapport à Charlie, mais on est au-dessus de ce qu'on avait constaté. Il y a une espèce d'effet cumulatif au fur et à mesure que les évènements se déroulent, les Français intègrent les données et modifient leur jugement en conséquence.
Là aussi beau distinguo gauche droite, on et on est encore au-dessus sur le FN. Quand on regarde les deux électorats, s'ils semblent les mêmes, il est pertinent de regarder encore la ligne "très élevée".  L'intensité de la menace et la focalisation sur les problèmes d'islamisme sont communes aux deux  mais cela varie dans leur intensité.

En conclusion, quatre mois après les attentats, la perception de la menace  s'inscrit toujours comme étant élevée, l'intensité de l'inquiétude est un peu retombée,  mais on reste toujours sur des niveaux importants depuis 14 ans, c’est-à-dire depuis le 11 septembre.

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