Légaliser le cannabis : faut-il vraiment l’exclure aussi catégoriquement que Gérald Darmanin ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Image d'illustration.
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©GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

La question se pose

« Soyons sérieux, pensez-vous que des voyous qui gagnent 100 000 € par jour vont monter une petite échoppe et payer des cotisations ? La drogue est un poison qui sème la mort et la violence, vouloir légaliser le cannabis est une défaite morale », a déclaré le ministre mardi sur Franceinfo.

S. M.

S. M.

S. M. est banquier. Ses fonctions ne lui permettent pas de s'exprimer publiquement.

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La lutte contre le trafic de drogue et sa consommation ne produira aucun effet par l'unique répression policière et pénale. Quelles sont les résultats des politiques menées depuis les vingt dernières années ? Nos jeunes consomment-ils moins de cannabis ? Les trafiquants gagnent-ils moins d’argent ? La violence liée au trafic a-t-elle diminué ? Nos banlieues et cités sont-elles plus sures et apaisées ?

Il est grand temps de cesser la politique de l'autruche. Pour s'attaquer à la drogue et sa consommation, il faut d'abord couper l'herbe sous le pied des trafiquants et dealers : L'argent facile de la drogue doit être le premier et seul objectif.

Les estimations de l'Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT) sur l'argent de la drogue sont édifiants. Les chiffres du marché sont en milliards d'Euros. Un revendeur-grossiste de cannabis gagne par jour entre dix et quinze mille euros. Un jeune 'guetteur', dont le 'travail' consiste à faire des tours de scooter de la cité et dormir dans une cage d'escaliers la nuit afin de prévenir des descentes de police, gagne entre trois et six mille euros par mois.

Comment les convaincre face à cet argent facile de retourner à l'école, de devenir des citoyens honnêtes et travailleurs ?

Cet argent sert à acheter les kalachnikovs qui tuent nos jeunes, nos policiers, nos concitoyens.

Cet argent éloigne notre jeunesse en difficulté de la seule voie possible, l'éducation et la compétence professionnelle. 

Peut-on continuer à accepter cette situation ?  Est-ce le modèle de société que l'on souhaite proposer à cette jeunesse au chômage ?

A la politique de l'autruche, proposons la politique du Lion. Dans cette jungle urbaine, l'Etat doit être roi. Sans passer par la légalisation prônée par certains, la filière de distribution du cannabis doit être strictement contrôlée et réglementée par la force publique, tels les médicaments ou le tabac.

Dans des récipients scellés et numérotés, non-refermables une fois ouverts, le produit sera vendu en pharmacies et débits de tabac. Le seul usage autorisé entrainant l'ouverture de récipient sera à domicile, sous peine de sanction automatique et importante en cas de contrôle.

Cela augmentera-t-il la consommation ? D'après l'OFDT, le cannabis est "disponible très facilement", et "banalisé depuis les dernières décennies". Cette disponibilité modifiée n'aura aucun d'effet sur la facilité d'obtention du produit. La détention de cannabis (hors récipient légal) et sa consommation (hors domicile) seront toujours illégales et en contrepartie plus lourdement et automatiquement sanctionnés.

Un consommateur réfléchira a deux fois avant d'acheter du cannabis a un trafiquant au lieu de la filière disponible et légale, car s’il est contrôlé avec du cannabis sans l'emballage scellé unique, la sanction sera automatique et sans possibilité de clémence, telle la conduite sous l'emprise de l'alcool en Scandinavie : Tolérance zéro. L'Etat a fourni la possibilité d'acquérir le produit sous format contrôlée et légal. Le jeu n'en vaudra plus la chandelle.

Nouons un grand partenariat avec le Maroc afin d'assurer une production de cannabis réglementée, encadrée et que le seul acheteur soit la puissance publique. Une filière intégrée, contrôlée et qui écarte les intermédiaires et les criminels. Un produit de qualité unique, contrôlé, disponible en pharmacies et débits de tabac, taxé, et sans risque de sanction a l'achat et détention tant qu'il demeure dans son récipient scellé.

Cassons ce trafic illicite, appauvrissons les dealers qui entraine les jeunes dans la délinquance avec l'argent facile.

Au lieu de laisser cette manne financière aux trafiquants, utilisons cet argent pour éduquer et soutenir notre jeunesse, et la dissuader de consommer de la drogue avec des campagnes massives.

Dans cette guerre contre la drogue, tant que l'argent sera aux mains des ennemis de la République, nous perdrons les batailles successives.

Dépassons le tabou, privilégions le bon sens, le pragmatisme et le courage ! Afin de contrer l'alcoolisme et le tabagisme, qui génèrent des dégâts considérables de santé publique, nous n'interdisons pourtant pas les cigarettes et l'alcool. Nous éduquons, nous communiquons. Faisons pareil avec le cannabis.

Tel sera le pacte national contre la drogue avec nos concitoyens :  tolérance zéro et sanction automatique pour ceux qui rompront le pacte. Liberté et protection pour ceux qui aideront l'Etat à éradiquer l'argent facile.

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