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Le transmédia : quand la fiction s’invite dans votre lit
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Nouveaux univers

Télévision, Internet, téléphones portables et jeux vidéos : le transmédia vous suit partout pour vous raconter des histoires. Mais de quoi s’agit-il au juste ? Peut-être bien du futur de la fiction !

Jérémy Pouilloux

Jérémy Pouilloux

Jérémy Pouilloux est producteur de fictions, de projets transmédias et gérant de La Générale de Production.

Il est à l'origine du projet Transmedia immersive university

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On en entend parler ici et là, les télévisions multiplient les tentatives, les expériences à l’étranger ont fait florès, mais pour le moment, le transmédia reste réservé à une population de spécialistes ou de geeks attardés. Il possède pourtant déjà ses règles, ses codes, ses stars, et immanquablement sa page wikipedia.

Le transmédia : une nouvelle façon de raconter des histoires

A la croisée des chemins entre fictions, jeux de rôle, jeux vidéos, et réseaux sociaux, le transmédia consiste à raconter une histoire sur plusieurs supports, où chaque support joue un rôle dans l’appréhension de l’histoire par l’audience. Henry Jenkins, professeur des universités aux Etats-Unis et ex-directeur du département Etudes Comparés des Médias au MIT, n’hésite pas à comparer ces écritures au concept d’œuvre d’art totale, faisant notamment allusion à Richard Wagner.

Soit. Mais comment ça marche exactement ? Eh bien, c’est très simple comme ont pu s’en rendre compte, dès 2007, les téléspectateurs suédois à l’occasion de la diffusion de The Truth about Marika, l’un des premiers exemples européens de transmédia, diffusé sur la chaîne publique suédoise SVT.

Extrait de The Truth about Marika (l'un des premiers exemples de transmédia)

Réinventer des univers imaginaires

A quoi ça sert ? Ce qu’il y a d’intéressant dans ces nouvelles écritures (et ce qui fait que l’on peut à coup sûr parier sur leur émergence prochaine) peut se comprendre en quelques points.

Tout d’abord, le transmédia favorise la profondeur des univers dans lesquels on pénètre. Quand elle aime, l’audience en demande davantage. Le succès des séries et des films à suite témoignent à leur manière de l’engouement de l’audience pour des univers riches et persistants. Dans le transmédia, les vies des personnages secondaires, leurs problématiques croisées, leurs intérêts et leurs environnements sont développés d’autant plus aisément que les différentes plate-formes offrent des espaces théoriquement sans limite. Comme l’exprimait un auteur resté anonyme cité par Jenkins dans ConvergenceCulture : de bons films s’écrivent avec de bonnes histoires, de bonnes séries avec de bons personnages, car de bons personnages supportent de bonnes histoires. Désormais, au XXIème siècle, il faut inventer de bons « mondes », car ceux-ci sont à même de contenir de bons personnages, et par conséquent de bonnes histoires.

Quand la frontière entre réel et virtuel devient floue

Le transmédia favorise la porosité entre réel et virtuel. On connaissait l’immersion procurée par la salle de cinéma, environnement obscure propice. Le transmédia renforce encore le degré d’immersion en jouant de l’interaction avec le spectateur - rendue possible grâce aux outils comme Internet ou le téléphone - et de l’ambiguïté entre réel et virtuel.

Par ailleurs, il relève du phénomène de « gamification ». Cet anglicisme barbare exprime la place croissante du jeu dans notre société, jeux vidéos bien sûr mais également serious games ou l’engouement en général pour les expériences ludiques. Le transmédia intègre ainsi ces mécaniques de jeu dans la narration.

Enfin, il illustre l’aspect social de ces nouvelles écritures. Car en plus d’être interactives, celles-ci sont également sociales : on peut partager ses expériences avec ses amis sur les réseaux sociaux, ou rencontrer les autres participants. Une communauté d’intérêts se crée, permettant de tisser des liens dans le réel.

Les exemples de ce nouveau genre de narration ne manquent pas à l’étranger. En premier lieu, chez les Anglo-saxons. Mais également en Europe continentale, comme par exemple au Portugal. On pourra s’intéresser ainsi à ce que fait Nuno Bernardo, fondateur de BeActive avec ses programmes Sofia’s Diary, Flatmates, ou Final Punishment. En France, on a pu découvrir InMemoriam, le jeu créé par Éric Viennot, qui nous emmenait sur les traces de Jack Lorski : une enquête où l’interactivité dépassait le seul cadre de l’écran. Les projets ne manquent pas : 2011 verra éclore les projets DetectiveAvenue (Murmures Production) diffusé par Orange, ou Rosa(production Supersonicglide) coproduit par Arte. Vous ne pourrez donc pas dire que vous n’étiez pas prévenus : le  transmédia, c’est l’avenir de la fiction !

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