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Le nouvel envol des Chorégies d'Orange
©BERTRAND LANGLOIS / AFP

Renaissance

A presque 150 ans, le plus ancien festival de France semble avoir retrouvé une nouvelle jeunesse. Sans sacrifier à l'excellence.

Dominique Poncet

Dominique Poncet

Dominique Poncet est est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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Déficit accumulé de 1,2 millions d’euros, baisse des subventions, érosion du public expliquée en grande partie par une programmation ronronnante (œuvres « blockbuster » et artistes « bankables »… on prenait les mêmes et on recommençait !)… Le plus ancien festival de France prenait l’eau de toutes parts… Chic ! En cette année de son vénérable 149° anniversaire, le voilà qui prend un nouvel envol.

S’il a été évidemment hors de question de sacrifier à l’excellence, qui fit son succès et sa popularité depuis sa création, en revanche, son nouveau « patron », Jean- Louis Grinda (également directeur de l’Opéra de Monte-Carlo) a décidé de le placer sous lessignes de l’audace et du renouveau, renouveau à la fois des œuvres planifiées et des artistes invités.

Quitte ou double ! En lever le rideau de cette nouvelle édition, Grinda a frappé fort. Connaisseur hors pair des raretés du répertoire lyrique, il a mis à l’affiche unopéra pratiquement tombé dans l’oubli : Mefistofele du compositeur italien Arrigo Boito. Une œuvre inspiré à son créateur (qui en signa, en 1868, livret et partition) par une des histoires mythiques les pluscélèbresdu monde, celle du savant Faust, qui, pour connaître les secrets de l’univers et posséder Marguerite, ne va pas hésiter à vendre son âme au diable … L’ouvrage de Boito est si grandiose, si monumental, si poétique, si sensuel, si ironique aussi dans son noir machiavélisme, qu’on se demande pourquoi le public orangeois n’avait plus pu l’entendre depuis… 1905,d’autant qu’avec les 200 personnes qu’il requiert sur scène et la centaine de musiciens qu’il exige dans la fosse, il est parfaitement adapté au gigantisme du théâtre antique où se déroulent les Chorégies...

Jean-Louis Grinda a eu raison de parier sur la curiosité du public. Au soir de la première, le 5 juillet dernier, les 8500 places de gradins réservées aux spectateurs étaient occupées. A l’excitation (palpable) de la (re)découverte d’une œuvre s’ajoutait celle d’entendre, dans le rôle-titre, un chanteur nouveau venu ici, le baryton-basse uruguayen Erwin Schrott, et, dans le personnage de Faust, l’un des nouveaux enfants chéris de la scène lyrique, le jeune ténor français, Jean-François Borras . Autre événement très attendu par les spectateurs, double celui-là : pour la première fois ici, un opéra allait être dirigé par une femme, la mezzo Nathalie Stutzmann, qui, elle non plus, même en tant que chanteuse, n’avait jamais été à l’affiche des Chorégies.

Disons le sans ambages : les 2H50 de ce Mefistofele se sont soldées par un triomphe. Plus de dix minutes d’applaudissements, donnés debout.

Ils sont allés, dans le désordre, à l’époustouflant Méphisto d’Erwin Schrott, d’une aisance folle, d’une vaillance de voix à tomber… Au Faust de Jean François Borrasdont la musicalité hors pair et la beauté de voix ont sidéré…A la Marguerite ondoyante et flamboyante de Béatrice Uria-Monzon… A la direction musicale de Nathalie Stutzmann, qui a subjugué par sa maitrise, sa subtilité, sa précision et sa poigne ! Car il en faut pour soulever cette partition (presque) tout le temps enthousiasmante, en tous cas, pleine de divines surprises…

Chaleureuse ovation aussi pour la mise en scène signée… Jean-Louis Grinda. Il faut dire que la dramaturgie du nouveau maitre des Chorégies- qui connaît, et l’œuvre, pour l’avoir déjà montée, et le lieu, pour l’avoir souvent arpenté- a de quoi soulever les spectateurs de leurs gradins. Tour à tour ludique, lyrique, colorée, immobile et mouvementée, elle conjugue réalisme et rêve, habite magnifiquement, magiquement même, les quarante mètres d‘envergure du plateau.

Sauf si la pluie ou le mistral l’empêche, une seconde représentation de ce Mefistofele mémorable sera donnée le 9 juillet.

Ensuite, le 16 juillet, pour la première fois dans les annales du festival, place sera donnée à la danse, avec La Flûte enchantée de Mozart chorégraphié par Maurice Béjart .Le 21, retour au lyrique, avec le Barbier de Séville pour une mise en scène qui accueillera les meilleurs de la nouvelle génération des chanteurs rossiniens.

A presque 150 ans, les Chorégies d’Orange semblent avoir retrouvé une nouvelle jeunesse.

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