Le mariage UDI Modem signe l'échec de l'UMP et de François Hollande sans aucune garantie de succès pour ce nouveau centre<!-- --> | Atlantico.fr
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L'alliance Borloo-Bayrou vise un succès aux élections européennes.
L'alliance Borloo-Bayrou vise un succès aux élections européennes.
©Reuters

Coup de poker

Les partis de Jean-Louis Borloo et de François Bayrou officialiseront ce mardi leur rapprochement pour faire renaître un pôle unique de centre-droit.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Certains essuient une larme d’émotion, d’autres s’étranglent de fureur à l’idée de renouer avec l’ennemi juré d’hier, les troisièmes s’interrogent : "Borloo-Bayrou, combien de divisions" ?

En attendant une première réponse, au lendemain des municipales de mars, mais surtout au vu des résultats des européennes du printemps prochain, François Bayrou et Jean-Louis Borloo rapprochent les deux partis centristes, le MODEM et l’UDI, au sein d’une sorte de confédération à l’intitulé ambitieux ,"l’Alternative". Pas de véritable fusion entre les deux formations mais plus qu’une alliance de circonstance, pour tenter de combler un vide politique et reconstruire cette mouvance autrefois appelée les Modérés, ce centre-droit décentralisateur à connotation plus ou moins sociale, réticent voire opposé au Parti Gaulliste. Cette mouvance centriste a connu une apogée sous Valéry Giscard d’Estaing, qui, rêvant de rassembler "deux Français sur trois", avait fédéré l’ensemble des formations, se réclamant du Centre sous la bannière de l’UDF pour faire face au RPR de Jacques Chirac.

Deux septennats de François Mitterrand et un septennat de Jacques Chirac plus tard, en 2002, beaucoup d’eau avait coulé sous les ponts et le paysage politique français avait beaucoup changé. Le candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen, avait éliminé Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle. Le Premier ministre candidat avait été victime de l’éparpillement des voix de gauche. Et c’est dans ce contexte que Jacques Chirac a créé l’UMP dans la foulée de la présidentielle. L’UMP avait pour but de rassembler l’UDF et le RPR, rien ne s’opposant théoriquement à cette union sur le plan idéologique. Mais à l’instar du Parti Radical qui s’est divisé à l’époque de l’Union de la Gauche, l’UDF éclaté au moment de la formation de l’UMP.  Sous la houlette de Pierre Méhaignerie, la majorité des parlementaires Centristes et Libéraux ont intégré l’UMP, tandis que François Bayrou, suivi d’une minorité de députés et sénateurs, rejetait cette fusion et revendiquait son autonomie.

La campagne de 2007 a scellé la rupture, la plupart des députés centristes appelant à voter pour Nicolas Sarkozy, ce à quoi s’est refusé François Bayrou, lui-même candidat malheureux. Mais au fil des ans, l’UMP s’est de plus en plus mise à ressembler à un RPR élargi aux Libéraux. Jean-Louis Borloo est parti lorsqu’il a quitté le gouvernement après avoir manqué Matignon, suivi au fil des mois par quelques personnalités comme Yves Jégo, Chantal Jouanno ou Rama Yade. Mais de rapprochement avec François Bayrou, il n’était pas question. Au contraire, entre le MODEM et le Nouveau Centre, le fossé s’est encore creusé en 2012 lorsque Bayrou a appelé à voter pour François Hollande, Borloo et les siens soutenant naturellement Nicolas Sarkozy. Le moins que l’on puisse dire est que le nouveau locataire de l’Elysée n’a pas su gré à l’ancien patron de l’UDF de s’être prononcé en sa faveur, puisqu’il s’est retrouvé opposé à un candidat UMP et que le PS a maintenu sa candidate dans la circonscription des Pyrénées Atlantiques où il était élu depuis 1986.

Au dialogue Hollande/Bayrou des débuts a succédé la rupture : "Hollande est resté premier secrétaire du PS, il gouverne la France comme il dirigeait son parti", déplorent les déçus du rapprochement avec un PS social-démocrate. Pas question pour autant pour ces déçus de rallier l’UMP, trop droitisée à leur goût et soupçonnée de vouloir faire alliance avec le Front national. Quant à François Bayrou, isolé politiquement depuis un an, il voulait, selon un de ses proches, "revenir dans le jeu".

Restait donc la possibilité d’un rapprochement avec sa famille d’origine. Un retour au bercail en douceur, largement initiée par Jean-Louis Borloo.

Qu’adviendra-t-il de cette nouvelle union, annoncée depuis quelques semaines, qui sera formalisée aujourd’hui ? Le moins que l’on puisse dire est qu’elle déplait fortement à l’UMP, où les proches de Nicolas Sarkozy ne pardonnent pas à François Bayrou d’avoir appelé à voter Hollande. Elle irrite aussi certaines figures du Centre qui refusent la reconduction des alliances MODEM-PS pour les prochaines municipales (à Dijon, notamment). Ce sont les alliances avec l’UMP qui resteront privilégiées un peu partout.

Mais après les Municipales viendront les Européennes. Le Centre veut se présenter uni et espère récolter les premiers fruits de l’Union et faire mentir les sondages qui prédisaient jusqu’à présent de médiocres scores aux deux formations respectives. A l’heure où l’Europe est décriée voire rejetée, les européens traditionnels que sont les Centristes feront-ils recette comme ils l’espèrent en se référant à l’adage "Seul on ne peut rien, ensemble on peut tout" ? Si l’Alternative n’en est pas encore une, on espère voir ses rangs grossir avec des élus UMP qui rejetteront d’éventuelles alliances avec le Front national aux Municipales. Les soupçons d’un rapprochement demeurent en dépit des dénégations de Jean-François Copé, et seul l’avenir dira s’ils étaient ou non fondés. En tous cas, avec la réunion des familles centristes de droite s’esquisse la reconstitution du paysage politique français traditionnel. Avec une nuance de taille cependant, puisque cette carte comporte désormais une composante nouvelle, appelée Front national.

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